HomeA la uneDETOURNEMENT IMMORAL DE FONDS ALLOUES A LA SECURITE AU NIGERIA : Un djihadiste peut en cacher un autre

DETOURNEMENT IMMORAL DE FONDS ALLOUES A LA SECURITE AU NIGERIA : Un djihadiste peut en cacher un autre


 

Le président nigérian, Muhammadu Buhari, avait promis à ses compatriotes de mener une lutte sans merci contre les islamistes de Boko Haram et la corruption qui gangrène l’appareil d’Etat. Pour ce dernier chantier, il semble avoir tenu parole, car depuis peu, il trouble le sommeil des corrompus de la République. En effet, pas plus tard que la semaine dernière, il avait procédé au limogeage du patron de la lutte contre la corruption, accusé d’avoir détourné une importante somme d’argent. L’affaire avait fait grand bruit, jusqu’à ce que surgisse une autre affaire de détournement de gros sous. Cette fois-ci encore, un grand commis de l’Etat a été épinglé. Accusé d’avoir détourné l’équivalent de deux milliards de dollars destinés à la lutte contre Boko Haram, le colonel Sambo Dasuki, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est aujourd’hui dans le collimateur de la Justice nigériane. Ex-conseiller pour la sécurité nationale, le colonel Sambo Dasuki aurait passé des commandes fictives d’avions et d’hélicoptères de combat. C’est du moins ce qu’a révélé une commission chargée d’auditer les dépenses militaires de ces huit dernières années. Dont acte. Si l’indécence morale avait un nom, elle s’appellerait Sambo Dasuki qui, pendant que ses compatriotes, par centaines de milliers, étaient envoyés ad patres par les illuminés de Boko Haram, était plus préoccupé à se servir qu’à équiper l’armée. Dès lors, on comprend pourquoi les soldats nigérians, pourtant connus pour leurs hauts faits d’armes en Sierra Léone notamment, au temps de l’ECOMOG, fuyaient, l’arme au flanc, dès le premier coup de feu de l’ennemi. C’est ceci donc qui pourrait expliquer cela.

Il urge de faire la lumière sur cette affaire

Un djihadiste peut en cacher un autre. Car à en juger par le comportement du colonel Sambo Dasuki, il semblait plus proche des terroristes que du peuple nigérian et son armée qui ont payé et continuent de payer un lourd tribut à la terreur aveugle que répand Boko Haram. On savait le Nigeria corrompu dans ses mœurs, mais jamais on n’avait imaginé qu’un seul homme prendrait sur lui la lourde responsabilité de détourner des fonds publics d’une si grande ampleur, et, qui plus est, sont destinés à la sécurité nationale. Le Nigeria peut périr, pourvu que Sambo Dasuki se remplisse les poches. Cet égoïsme suicidaire rappelle cette parabole d’un philosophe français qui, analysant froidement les rapports interpersonnels, affirmait qu’ils sont nombreux, ces humains, ici-bas, qui préfèrent la destruction du monde à la moindre égratignure de leur pied. Est de ceux-là Sambo Dasuki qui aurait mieux gagné s’il était allé à l’école de Montesquieu qui enseigne cette sagesse : « (…) Si je savais quelque chose  utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe, ou bien qui fût utile à l’Europe et préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime ». Hélas, voilà Sambo Dasuki groggy par cette triste publicité mondiale qui, d’une manière ou d’une autre, finira par déteindre sur son pays à l’image déjà écornée sur le plan international, en matière de corruption. Ce qui s’est passé au sein du bureau de l’ex-conseiller, se faisait-il avec la complicité passive ou active de l’ex-président Goodluck Jonathan qui s’était tristement illustré par sa gouvernance économique approximative ? En tous les cas, il urge de faire la lumière sur cette affaire qui pourrait en cacher d’autres. Cela dit, il faut éviter tout règlement de comptes. Car, on le sait, Sambo Dasuki fait partie des officiers qui avaient arrêté Buhari lors du coup d’Etat de Babangida, en 1985.

Boundi OUOBA


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