HomeEchos des provinces18e EDITION DE LA JOURNEE NATIONALE DU PAYSAN : Les producteurs réclament un statut de l’agriculteur

18e EDITION DE LA JOURNEE NATIONALE DU PAYSAN : Les producteurs réclament un statut de l’agriculteur


Débutée le 23 avril 2015 à Dédougou, la 18e édition de la Journée nationale du paysan (JNP) s’est achevée le 25 avril dernier par la traditionnelle rencontre d’échanges entre le chef de l’Etat et les producteurs. Ce face-à-face a permis aux acteurs du monde rural de faire le diagnostic des difficultés liées à leurs activités et de poser des préoccupations. Quant au président du Faso, entouré du chef du gouvernement et des ministres concernés, il a décliné les actions qui seront menées en faveur des producteurs. Faits notables : cette 18e JNP qui s’est déroulée sans son « géniteur » Blaise Compaoré, a permis aux producteurs de réclamer un statut et souhaiter que ce rendez-vous annuel soit intégralement organisé par les paysans, pour les paysans et entre les paysans.

 

Considérés comme étant le clou de la Journée nationale du paysan (JNP), les échanges directs entre le président du Faso et les producteurs ont eu lieu au stade régional de Dédougou. Ce dialogue direct qui a duré plus de 4 heures d’horloge a tenu le pari. C’est le président de la Transition qui a d’abord planté le décor. Michel Kafando s’est réjoui de la tenue de ce rendez-vous annuel malgré le contexte national. Il a reconnu qu’en dépit des nombreuses contraintes, le gouvernement accorde une importance au monde rural et à ses activités. Convaincu que le monde rural représente la substance fondamentale du pays, Michel Kafando pense que le tout serait de parvenir à un programme consensuel bénéfique à tous. Sans langue de bois, les producteurs ont échangé avec le président du Faso. Contrairement aux éditions précédentes, il n’y a pas eu d’interventions prêtes à porter au cours de ce dialogue direct. Cela a certainement permis aux producteurs non seulement de faire le diagnostic des contraintes agricoles, d’évoquer leurs préoccupations, mais aussi de prendre des engagements. Tous ou presque se sont réjouis d’avoir discuté des problèmes agricoles et proposé des solutions sans aucune censure,   comme c’était le cas de par le passé. En tout cas, chacune des 13 régions a exposé ses préoccupations, fait des recommandations et pris des engagements. Individuellement, certains ont également « vendu  leur maladie » et soutenu clairement leur volonté d’aller vers la souveraineté alimentaire. En résumé, les préoccupations ont porté sur la problématique du financement du secteur agricole, les conflits agriculteurs-éleveurs, les crises à répétition au sein des organisations faîtières et les questions liées au foncier. En termes de doléances, les producteurs ont plaidé pour un appui conséquent à la production, la fixation d’un prix-plancher du riz et du maïs qui sont entièrement produits dans les exploitations familiales au Burkina  Faso ; la mise en place d’une banque agricole ; la disponibilité des intrants à temps ; l’accélération du processus d’élaboration et d’adoption de la loi d’orientation agricole en vue de conférer un statut à l’entrepreneur agricole. Dans la même veine, les producteurs ont souhaité avoir la pleine gestion de la JNP. « Nous souhaitons que la 19e édition soit intégralement organisée par les paysan, pour les paysans et entre les paysans », a confié Bassiaka Dao, président de la Confédération paysanne du Faso (CPF). Ce dernier a indiqué que les doléances posées par l’ensemble des producteurs ont été exprimées avec récurrence à plusieurs éditions de la JNP. « Malheureusement, force est de constater que ces doléances, jusqu’au moment où nous vous parlons, n’ont pas trouvé satisfaction, d’où notre volonté de poser à nouveau nos préoccupations majeures dans un contexte de transition politique soutenue par le monde paysan », a-t-il indiqué. Puis d’ajouter que depuis la déstabilisation de la caisse de péréquation, les producteurs sont abandonnés à eux-mêmes. S’appuyant sur les conclusions du forum tenu deux jours plus tôt, Seydou Ouédraogo, président de la Chambre nationale d’agriculture, a rassuré le président du Faso que les engagements pris seront opérationnalisés.

Une usine de montage d’équipements agricoles en gestation

Ces engagements qui concernent les 3 secteurs d’activités, à savoir l’agriculture, l’élevage et l’environnement, visent l’accroissement de la productivité. Ainsi, chaque secteur d’activités a décidé, soit d’optimiser la production céréalière et cotonnière et se conformer aux dispositions de la loi sur les interprofessions, soit de vacciner une quantité non négligeable de la volaille contre la maladie de Newcastle ou de mettre en terre des milliers de plants. Tout cela ne peut être possible qu’avec une bonne pluviométrie et avec l’appui de l’Etat. En réponse aux différentes préoccupations, le président de la Transition a été on ne peut plus clair. Pour Michel Kafando, la Transition va s’attaquer à toutes les questions. Cependant, il a prévenu : « Je ne garantis pas que dans le délai de la Transition nous puissions apporter toutes les solutions. Nous allons cependant nous y atteler ». Il a aussi invité les producteurs à s’investir dans un modèle d’organisation plus pertinent et plus efficace. Selon le Premier ministre (PM), Yacouba Isaac Zida, le gouvernement fera de son mieux. Il a précisé qu’à défaut d’augmenter la subvention pour les intrants agricoles, le gouvernement maintiendra l’existant. Il en a été de même été pour le prix d’achat du kg du coton-graine. A en croire le PM, plus de 7 milliards de F CFA ont été mis à la disposition de la SONAGESS pour l’achat des produits agricoles. Yacouba Isaac Zida a aussi révélé que seulement 1% des producteurs possède un tracteur. Face à cette situation, une usine de montage d’équipements agricoles est en gestation. De même, la mise en place d’une usine de formulation d’engrais au Burkina Faso est en cours de négociation avec la République de Chine. En rapport avec l’exonération des produits agricoles, le PM a laissé entendre que cela est bien possible. Cependant, il a ajouté que ce ne sera pas sur tous les produits. Face aux crises au sein des organisations paysannes et aux conflits récurrents entre agriculteurs et éleveurs, Yacouba Isaac Zida s’est voulu conciliant. « Le gouvernement demande de la discipline chez des producteurs de certains secteurs. Je voudrais que le monde des producteurs prenne des engagements pour nous éviter ces crises. On ne peut pas construire un pays viable si on continue de se pourchasser pour des questions de terres ». Chacun des ministres concernés ont également intervenu pour expliquer les actions entreprises par son département en faveur du monde rural. Le président du Faso qui s’est dit satisfait des échanges, a indiqué que beaucoup a été fait mais beaucoup reste à faire tant les défis sont énormes. « L’aspect financier est certes important. Mais la passion de travailler pour son pays doit l’emporter », a-t-il apostrophé. Pour bon nombre de participants, ce face à face a tenu le pari. « Cette rencontre est un espace de dialogue. Elle nous a permis à nous producteurs de nous adresser directement au chef de l’Etat en lui posant des questions. L’avantage est que des réponses sont apportées séance tenante à certaines préoccupations par les membres du gouvernement interpellés », a confié Alice Yaméogo, productrice semencière à Bobo-Dioulasso. Pour rappel, le thème retenu pour cette 18e édition de la JNP étant : « Accroître la productivité des exploitations agricoles familiales pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Burkina Faso ». Elle a connu la participation de 1 500 agriculteurs venus des 13 régions du pays des Hommes intègres».

Serge COULIBALY

 

 

 


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