MANIF CONTRE LES FORCES ETRANGERES A KIDAL : Le jeu trouble de la CMA  

Deux civils tués et de nombreux autres blessés. C’est le triste bilan provisoire de la manifestation contre les forces militaires étrangères, notamment celles de l’ONU et la force française Barkhane, qui a eu lieu, hier, 18 avril 2016, à Kidal, au Mali. A ce qu’on dit, cette poussée de fièvre fait suite à l’arrestation de trois Touaregs par les soldats de l’opération Barkhane, accusés d’être de mèche avec les terroristes qui ont récemment posé des mines qui ont coûté la vie à trois militaires français, le 12 avril dernier. Très remontés, les manifestants ont pris d’assaut l’aéroport de Kidal et vandalisé les installations de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), tout en brûlant les groupes électrogènes. En représailles, les soldats de la MINUSMA ont ouvert le feu, faisant de nombreuses victimes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Kidal est encore loin d’être rentrée dans la République. Et Dieu seul sait s’ils sont nombreux ces pêcheurs en eaux troubles qui ne veulent pas d’un retour à la paix au Nord-Mali. Si fait qu’ils usent de tous les stratagèmes pour que perdure cette situation de ni paix ni guerre ; histoire de pouvoir continuer leurs contrebandes.

Certains acteurs de la crise malienne souhaitent que le Nord-Mali demeure pour longtemps une zone de non-droit

C’est d’ailleurs pour toutes ces raisons que d’aucuns mettent en doute la bonne foi de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) quand  elle se dit disposée à engager un dialogue fructueux avec Bamako en vue d’une solution au problème malien. D’autant plus que jusque-là, ses faits et gestes laissent croire qu’elle est dans sa logique sécessionniste. Du reste, si le fameux forum de Kidal pour la paix et la réconciliation nationale a accouché d’une souris, c’est du fait des pantalonnades des rebelles qui, champions dans la manipulation, avaient laissé entendre que les autorités de Bamako n’étaient pas les bienvenues à Kidal. Or, c’est le gouvernement malien qui avait financé la tenue de ce grand rendez-vous national. Pour qui roulent donc les irrédentistes  du Nord-Mali ? La question mérite d’être posée au regard de tout ce qui précède. Car, à y voir de très près, ils se sentent plus proches des djihadistes que de Bamako. Et cette dernière manifestation contre les forces étrangères à laquelle la CMA n’est pas étrangère, est la preuve que certains acteurs de la crise malienne souhaitent que le Nord-Mali demeure pour longtemps une zone de non-droit. Sinon, comment comprendre que des gens sensés puissent manifester pour exiger la libération de présumés complices de djihadistes ? Pour autant que les trois Touaregs n’aient rien à se reprocher, qu’on les laisse répondre devant la Justice, quitte à être blanchis plus tard. Dans le cas contraire, toute autre action ne fera que renforcer le sentiment de suspicion contre eux. En tout état de cause, les viatiques qui manquent le plus dans la résolution de la crise malienne, c’est la sincérité et la bonne foi des acteurs.

B.O