HomeA la uneVOLS D’ARMES PAR DES MILITAIRES MALIENS A BAMAKO : L’ennemi a-t-il infiltré les rangs ?

VOLS D’ARMES PAR DES MILITAIRES MALIENS A BAMAKO : L’ennemi a-t-il infiltré les rangs ?


 

Drôle d’accueil que celui réservé à Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), de retour à Bamako après des soins à Paris. En effet, à son retour au pays, le président malien a été accueilli par une sombre affaire de vol d’armes par des soldats. Des armes ont été soustraites des dépôts et une enquête est ouverte pour faire la lumière sur cette étrange affaire. En attendant, de hauts gradés de la garde nationale, régiment où les vols d’armes ont été enregistrés, ont été suspendus de leurs fonctions. Il en est de même d’au moins six militaires. Rien de plus normal, tant l’acte est d’une extrême gravité. Toutes les personnes qui sont soupçonnées d’avoir trempé, d’une manière ou d’une autre, dans cette affaire, devraient être mises à l’écart, le temps d’établir leur culpabilité ou leur innocence.

Ceux qui volent des armes à une armée en guerre, se comportent en ennemis

Le ministre de la Défense du Mali a raison lorsqu’il promet de traiter cette affaire avec toute la rigueur requise. C’est même un devoir impérieux pour son département. Car, comment comprendre qu’au moment où le Mali cherche désespérément à restaurer l’intégrité de son territoire, ses propres combattants n’aient rein trouvé de mieux que de lui subtiliser des armes ? Comment expliquer qu’alors même que l’armée malienne, appuyée par les forces internationales, lutte contre les groupes armés et autres terroristes, des éléments dans ses propres rangs aient le culot de dérober des armes à des fins inavouées ? L’ennemi a-t-il-infiltré les rangs de l’armée malienne ? Il n’est pas exagéré de le penser, au regard de la gravité de l’acte posé. Ceux qui volent des armes à une armée en guerre, se comportent en ennemis. Car, comme on le sait,  un pays engagé dans une guerre longue et harassante comme celle que connaît le Mali, n’a jamais suffisamment d’armes. Le pays de IBK a dû même compter sur la magnanimité de certains pays de la communauté internationale, pour avoir de quoi réagir, lorsque le Nord du pays a été mis sous coupe réglée par les islamistes. Face à cela, un tel vol ne peut qu’être considéré comme un acte de belligérance et de trahison. C’est tout comme si vous vous battez en groupe contre un ennemi et que des éléments de votre propre camp vous donnent des crocs-en-jambes pendant le combat. Difficile donc de ne pas assimiler ces gens-là à l’ennemi en face, ou à tout le moins, à ses complices. Surtout dans le contexte malien où il y a des ex-rebelles dans l’armée. Sans vouloir devancer les conclusions de l’enquête diligentée sur cette affaire, on a des raisons de craindre que les armes volées aient déjà  alimenté les arsenaux des rebelles et autres groupes armés du Nord-Mali. En tout cas, le risque est énorme, la probabilité grande. Véritable trahison pour un Mali qui se trouve dans une situation sécuritaire des plus difficiles. Car, des groupes armés continuent de tenir des localités entières et des terroristes mis en déroute par l’intervention des forces étrangères au Nord du pays, ne s’avouent pas vaincus. Ils se signalent par des attaques à répétition contre des militaires maliens et les forces internationales. La restauration de l’autorité de l’Etat sur l’entièreté du territoire reste donc un défi majeur. Des efforts sont déployés pour aller vers un désarmement des groupes armés. Dans un tel contexte, on ne peut qu’être abasourdi en constatant que des militaires qui ont fait le serment de défendre leur pays au prix de leur vie, en viennent à poser des actes qui le fragilisent. Ceux qui ont volé les armes ont certainement leurs raisons. C’est peut-être pour rendre service à des « amis » rebelles qui en ont besoin pour combattre l’armée officielle. Cela n’est pas acceptable pour des gens qui ont juré fidélité et loyauté à l’armée et à leur pays.

Aux autorités de sévir pour l’exemple, mais surtout, d’ouvrir l’œil et le bon

Il se pourrait également que les voleurs d’armes l’aient fait juste pour arrondir leurs fins de mois. En effet, dans un contexte de précarité, il peut s’en trouver des filous pour tordre le coup à la morale. L’objectif pour eux étant de profiter de la guerre pour se remplir les poches. La contrebande, la vente illicite des armes rapporte gros, comme l’indiquent bien des rapports internationaux sur la question. Cette situation n’est pas sans rappeler le cas du Nigeria où l’ex-conseiller à la sécurité nationale, le Colonel Sambo Dasuki, a maille à partir avec la Justice de son pays qui l’accuse de s’être rendu coupable de détournements de ressources appartenant à l’armée, handicapant, de ce fait, la lutte contre la secte islamique Boko Haram. Il faut croiser les  doigts pour que l’enquête soit menée avec le plus grand professionnalisme et qu’elle permette de mesurer l’ampleur du problème, mais aussi et surtout d’identifier les coupables et de les punir conformément à la loi. En tout état de cause, les Maliens ont intérêt, aux yeux de la communauté internationale, à ne pas passer pour des gens qui ne savent pas se rincer le visage quand on leur lave le dos. Les troupes internationales ne peuvent pas continuer à faire le travail de sécurisation du pays au péril de leur vie pendant que des éléments de l’armée malienne contribuent à attiser en toute impunité, la flamme de l’insécurité.  Aux autorités de sévir pour l’exemple, mais surtout, d’ouvrir l’œil et le bon.

« Le Pays »


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