HomeOmbre et lumière25e ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DE DABO BOUKARY : L’ANEB exige vérité et justice

25e ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DE DABO BOUKARY : L’ANEB exige vérité et justice


Ceci est une déclaration de l’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB) sur la mort, le 19 mai 1990, de Dabo Boukary, dans des circonstances jusque-là non élucidées. Elle exige que la lumière soit faite sur cette affaire. Lisez!

 

Camarades étudiantes et étudiants,

Il y a 25 ans de cela que notre camarade Dabo Boukary, alors étudiant en 7e année de Médecine, fut enlevé, conduit au Conseil de l’entente où il sera torturé par les éléments de la Garde présidentielle jusqu’à ce que mort s’en suive. Son seul tort est de s’être mobilisé avec l’ensemble des étudiants pour exiger le respect des libertés démocratiques et syndicales sur le campus, la prise en compte et la résolution des problèmes sociaux et académiques des étudiants à l’Université de Ouagadougou (UO).

Camarades étudiantes et étudiants,

En rappel, durant l’année académique 1989-1990 les étudiants de l’Institut des Sciences Naturelles/Institut de Développement Rural (ISN/IDR) actuellement Unité de Formation et de Recherche en Sciences de la Vie et de la Terre (UFR/SVT), sous la direction de leur corporation, étaient en lutte autour de leurs problèmes. Il s’agit du système d’évaluation ultra-sélectif, du manque criard d’infrastructure, de la vétusté et du manque d’équipement de celles existantes. Les responsables de l’administration de l’époque, avec à leur tête le sinistre et tristement célèbre Alfred Traoré, doyen de l’époque, épaulé par les sieurs Gustave Kabré et Hamidou Boly, respectivement chef de département de l’ISN et de l’IDR, vont observer un mutisme vis-à-vis des préoccupations des étudiants. Cela conduira la corporation ANEB à adopter une plateforme revendicative et à la déposer auprès de l’administration le 27 avril. A leur demande de salle pour la tenue de leur assemblée générale, l’administration dirigée par Alfred Traoré n’accordera qu’une salle exiguë de 40 places non éclairée et disponible à partir de 18 heures. Malgré ce sabotage savamment orchestré, les étudiants vont faire de cette assemblée générale un succès. Cela va provoquer le courroux de l’administration qui, comme de coutume, va user du dilatoire et du mensonge à l’encontre des étudiants et en particulier des militants de l’ANEB. Ils seront aidés dans leur sale besogne par les Comités révolutionnaires (CR), structures politiques qui regroupaient des étudiants qui se sont érigés en échelon administratif sous l’œil protecteur de leur mentor de l’administration. C’est ainsi que Alain Nidaoua Sawadogo, alors recteur de l’UO, et Bamba Mamadou, responsable CR de l’UO, à travers la télévision et la radio, vont mener une campagne mensongère et proférer des menaces contre l’ANEB. Le ministre des Enseignements secondaire et supérieur et de la recherche scientifique de l’époque, Mouhoussine Nacro, va mettre en exécution les menaces en renvoyant le 15 mai 1990 tout le comité exécutif de l’ANEB, les membres de la direction de la corporation et plusieurs étudiants. Le lendemain 16 mai, une marche de protestation est organisée à travers le campus et se termine devant le rectorat par un géant meeting en présence du recteur en tenue militaire, arme au poing, du ministre Nacro et de Salif Diallo, alors conseiller à la présidence et actuel premier vice-président du MPP, venu sur place diriger la répression. Les commandos du Conseil abattent une répression sauvage sur les étudiants qui seront pourchassés à travers les artères de la ville de Ouagadougou plusieurs jours durant.

C’est ainsi que le 19 mai, Dabo Boukary sera enlevé du domicile d’un de ses camarades sur indication des CR et conduit avec plusieurs autres étudiants au Conseil de l’entente. Il y sera torturé par les éléments de la Garde de sécurité présidentielle. Il succombera le même jour des sévices reçus. Jusqu’à ce jour, nul ne sait où il est enterré. Depuis, l’ANEB n’a jamais cessé d’exiger vérité et justice pour notre camarade Dabo Boukary.

Camarades étudiantes et étudiants,

Ce 25e anniversaire de l’assassinat de notre camarade se déroule dans un contexte post-insurrectionnel

où le peuple exige la vérité sur les crimes de sang et les crimes économiques. C’est pourquoi il est important

que nous puissions maintenir la flamme pour qu’un jour vérité et justice soient rendues et que tous les

assassins et commanditaires soient châtiés à la hauteur de leur forfaiture.

Camarades étudiantes et étudiants,

Les conditions de vie et d’étude des étudiants déjà précaires se sont aggravées avec l’application du système

LMD dans de très mauvaises conditions. Les universités de Ouaga et Ouaga 2 se trouvent dans une situation de délabrement total : chevauchement des années, des blanchiments répétés d’années, des taux d’échec avoisinant les 99%, manque d’enseignants, manque d’infrastructures, etc. Face à nos justes et légitimes revendications, nos autorités font la sourde oreille et ont pour arguments le manque de moyens et le fait que nous soyons en période de transition. Cependant, lorsque nous nous mobilisions les 30 et 31 octobre lors de l’insurrection populaire, nos aspirations étaient tout autres que la mise en place d’une transition ou l’organisation d’élections. Nous devons donc continuer à nous mobiliser et à nous battre pour l’amélioration de nos conditions de vie et d’étude.

Camarades étudiantes et étudiants,

L’ANEB appelle l’ensemble des étudiantes et étudiants à faire de la journée du 19 mai 2015 un véritable succès en participant massivement aux différentes activités :

* Lundi 18 mai 2015 : Finale du tournoi de football Dabo Boukary à 16 heures sur le terrain Dabo Boukary à l’UO ;

* Mardi 19 mai 2015 :

– Meeting sur le terrain Dabo Boukary à l’UO à 7 heures ;

– Prestation de la chorale à 10 heures ;

– Exposition photos et commentaires de tableaux sur la vie de l’UGEB sous le hall des amphithéâtres A600 et C ;

– Grand panel : « Evénement du 19 mai 1990 : devoir de mémoire et de lutte pour la vérité et la justice pour Dabo Boukary ».

 

Intervenants :

– Chrisogone Zougmoré, président du MBDHP ;

– Dr Séni Kouanda, président de l’ANEB/Ouaga en 1990 ;

– Soungalo Soulama, Secrétaire général de l’ANEB/Ouaga en 1990 ;

– Me Prosper Farama, avocat à la Cour ;

– Patrice Zoehinga, président de l’UGEB ;

– Grande soirée culturelle à partir de 20 heures à l’amphi A600.

Mobilisons-nous massivement pour faire de cette journée commémorative une réussite!

Pain et liberté pour le peuple!

Comité exécutif


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