HomeA la une50e ANNIVERSAIRE DE L’ACCESSION DE MOBUTU AU POUVOIR : Le grand gâchis congolais

50e ANNIVERSAIRE DE L’ACCESSION DE MOBUTU AU POUVOIR : Le grand gâchis congolais


 

Il y a 50 ans, le Général Mobutu accédait à la tête du Congo Kinshasa, aujourd’hui République démocratique du Congo (RDC).  Il règnera sans partage trente-deux ans durant, jusqu’en 1997 où il fut contraint de boire la coupe de la déchéance, du déshonneur et du dépit jusqu’à la lie.  Entre-temps, il aura rebaptisé le Congo en République du Zaïre. L’histoire de Mobutu s’est, hélas, terminée par une fin triste et  pour le moins humiliante, sous le regard goguenard et railleur de ses ennemis  dont un certain…   Laurent Désiré Kabila,  son tombeur et  sous les fourches  caudines duquel le roi finit par se retrouver complètement nu.  La suite, on la connaît : l’exil forcé, la mort puis une dépouille sur laquelle aucun chef d’Etat ne s’est aventuré à venir s’incliner. Une humiliation post-mortem pour le « Papa Maréchal » qu’il fut, qui  aura marqué les esprits de bien des dictateurs du continent, et fait date. Un demi-siècle après, que reste-t-il du bilan de Kuku Ngbendu Wa Za Banga, de son vrai nom ? Du Zaïre de  Mobutu à la RDC de Kabila père et fils,  la marche du pays a-t-elle changé dans le bon ou le mauvais sens ?  Un constat, en tout cas, s’impose : depuis  son accession à l’indépendance, ce pays n’a jamais pu se prévaloir d’une stabilité durable ;   toujours  aux prises avec les démons de la haine et de la violence.   C’est, du reste,  dans le même contexte qu’arriva à la tête du Congo, Mobutu Sese Seko en 1965. Un  contexte marqué  par  les  guerres civiles, les rébellions et autres sécessions.  Il  se présente en sauveur de la Nation et  fait une  promesse: remettre le Congo debout, en seulement cinq ans. En  l’espace de quelque dix ans, entre 1965 et 1975, le Zaïre connaît, il est vrai,  ses années de gloire. Le pays est même, d’une certaine façon, remis sur  les rails. Mais, les mauvaises habitudes ont la peau dure. Elles finissent par reprendre leurs droits, qui serviront  de bouillon de culture à l’instabilité chronique que connaîtra le pays. Les vertiges du pouvoir  seront passés par là, qui ont produit leurs effets  corrosifs et nocifs : lubies  et autres travers  auxquels viendra s’ajouter, hélas,  la  mégalomanie du « Léopard de Kinshasa ». Le malheur de ce pays aura été d’avoir eu à sa tête un président qui  avait fini par se donner l’illusion qu’il pouvait tout régler, et s’être tout permis. L’homme avait même rêvé d’hyperpuissance pour son pays et, par ricochet,  pour lui-même, au point de se lancer dans un projet aussi gigantesque que fou : celui de faire entrer son pays dans le cercle très fermé des détenteurs de fusée au monde. La suite, on la connaît.  Reste que ces folies  du « roi du Zaire » cachaient  une  gouvernance exécrable, toutes choses qui  préfiguraient la  chute  qui fut la sienne. Mais on peut tout de même reconnaître à « l’Aigle de Kawele » certains mérites: il aura su inculquer aux Congolais le sentiment de fierté nationale et le sens de la préservation des valeurs culturelles congolaises.  Il aura été admirable avec sa politique de l’authenticité et de « Zaïrisation ».  Mais, cela ne suffit pas à construire une grande nation.  La qualité de la gouvernance en est l’un des éléments clés. Or, Mobutu aura détruit l’Etat, notamment par sa politique de prédation, de clientélisme et autres graves manquements qui auront fini par lui valoir son triste sort.

Il y a de quoi se demander si la RDC n’est pas sous l’effet de la malédiction

Les circonstances de l’arrivée au pouvoir de son tombeur,  Laurent Désiré Kabila, n’auront pas été  de nature à permettre à la RDC de rompre avec le cycle de la violence, lequel lui aura d’ailleurs été fatal. Et quid de  Kabila fils  dont la gouvernance fait froid dans le dos. On avait espéré qu’il  aurait une meilleure tenue démocratique qui prémunirait son pays contre les périls. Hélas : le constat est bien  amer et bien décevant. On ne sait pas de quoi demain sera fait, compte tenu des petits arrangements du pouvoir actuel congolais avec la démocratie.   Le moins que l’on puisse dire, c’est que Kabila n’est pas sur la bonne voie.  Et il faut croire que la stabilité sera toujours une vue de l’esprit en RDC, tant que l’actuel dirigeant congolais  rusera avec la démocratie et caressera le rêve d’un  pouvoir à vie.  Fort malheureusement pour la démocratie, la RDC  appartient à  un espace géographique où presque tous les chefs d’Etat semblent se réconforter mutuellement dans leur projet d’assassinat de la démocratie. Et Kabila risque fort de ne pas abdiquer dans ses intentions de s’accrocher au pouvoir. Au total, on peut dire que sous le règne de Mobutu, le Congo était dans une situation quasi comparable à celle que connaît aujourd’hui ce pays qui n’en a pas encore terminé avec ses crises.  De quoi se demander si la RDC n’est pas sous l’effet de la malédiction.  Peut-être oui, si l’on se place dans une logique  qui tend à faire croire que les Etats africains qui croulent sous le poids des  richesses innombrables de leur sous-sol  sont condamnés à souffrir éternellement.  Congo-Brazza, Libye,   Nigeria, etc., ces pays, sur le plan des richesses du sol et du sous-sol, n’ont rien  à envier aux puissances occidentales.   Quant à ce que les gouvernants font de ces précieux cadeaux de  la nature, c’est une  autre histoire qui confine à la malédiction.  A sa décharge, la RDC fait figure de gros gâteau dans la région, qui attire les convoitises de bien des rapaces de la sous-région et du monde occidental.  Et puis, il y a le gigantisme de ce pays au sujet duquel on en vient à s’interroger  s’il n’est pas temps d’aller à la fédération pour la délester de ses  malheurs. La RDC a aussi la malchance de compter une diversité ethnique difficile à rassembler du fait notamment de sa superficie et de l’absence d’infrastructures.  Mais  cela n’enlève rien à la réalité que  la RDC a tout pour réussir.  Et si, jusque-là,  elle figure parmi les pays les plus pauvres de la planète, c’est que les dirigeants qui se sont  succédé à la  tête de ce grand Etat,  ont tous manqué à leur devoir et ne se seront pas comportés en hommes d’Etat. Quel  grand gâchis !

« Le Pays »


Comments
  • votre analyse est un point de vue qui ne se justifie pas à tout point de vue car ce que le président Moboutu a fait ne diffère pas fondamentalement de notre classe politique aujourd’hui, car aucun n’agit pour l’intérêt général mais aux seules fins de protéger ses propres intérêts ou ceux des siens

    26 novembre 2015

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