HomeA la une57E ANNIVERSAIRE DE L’INDEPENDANCE DU NIGERIA : L’état du géant d’Afrique n’est pas rassurant  

57E ANNIVERSAIRE DE L’INDEPENDANCE DU NIGERIA : L’état du géant d’Afrique n’est pas rassurant  


 

L’ex-colonie britannique, le Nigeria, a célébré hier, 1er octobre 2017, le 57e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette commémoration intervient dans un contexte où le pays est en proie à de nombreuses difficultés, les unes plus anciennes que les autres. La plus emblématique, ce sont sans conteste les velléités sécessionnistes dont l’apparition remonte à la proclamation de l’indépendance du pays. Le mouvement sécessionniste le plus en vogue, est le Mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (IPOB), du tribun de la plèbe, Nnamdi Kanu. La volonté de l’IPOB de faire sortir l’Etat d’Abia du giron du fédéralisme, avait été à la base de l’une des plus sanglantes guerres civiles de ce pays, avec plus d’un million de victimes, en 1967, sept ans seulement après la proclamation de l’indépendance du pays. Toujours posées mais jamais définitivement résolues, sont également les velléités de sécession de la région du Delta du Niger. Les fantômes de cette sécession hantent toujours les nuits du président actuel, comme cela a été le cas pour tous ses prédécesseurs à la tête de l’Etat fédéral. Le Delta du Niger est la partie du pays qui abrite le plus de puits de pétrole, principale richesse du pays. Les peuples du Delta ont toujours surfé sur le fait que leur région n’est qu’un sous-sol dont on extrait des richesses pour les transporter ailleurs, en laissant des terres complètement en lambeaux et une jeunesse qui baille aux corneilles. Soumis au supplice de Tantale, les populations de cette région n’ont eu de cesse de revendiquer leur autonomie, sans avoir gain de cause. Les présidents qui se sont succédé au palais d’Aso Rock à Abuja, ont toujours usé de la matraque comme solution à ces quêtes indépendantistes. Pourtant, le tout-répressif a montré ses limites. Fort heureusement, le président Buhari a pris la mesure de la situation en appelant hier à un « dialogue rationnel » dans le cadre parlementaire, pour trouver des solutions aux crises qui divisent le Nigeria.

Il est temps que ce pays repense son fédéralisme

L’on pourrait donc dire que les autorités nigérianes regardent d’un œil intéressé ce qui se passe au Nord du Cameroun. Ceci explique-t-il cet appel au dialogue ? En tous les cas, tant que l’Etat central ne travaillera pas à réduire les inégalités entre les régions, les appels à la sécession auront toujours pignon sur rue. Mais à y regarder de près, ces soubresauts sécessionnistes constituent une crise du fédéralisme à la version nigériane, caractérisée par sa scissiparité, car de 3 Etats, on est passé à 36. Il est vraiment temps que ce pays repense son fédéralisme afin d’en finir avec cette espèce de bricolage et de réajustements au gré des revendications. La célébration de cet anniversaire intervient cette année, pour une fois depuis quelques années, dans un contexte où l’hydre terroriste, Boko Haram, est en train de battre en retraite. Nourri par la volonté funeste de conquérir le Nord pour y imposer la charia avant de l’étendre à tout le pays, ce tristement célèbre groupe a donné toute la mesure de la cruauté dont il est capable. Buhari avait promis de porter l’estocade à ces ingénieurs du mal au plus tard au premier anniversaire de sa prise de pouvoir. Cette promesse est manifestement loin d’être tenue. Mais on peut néanmoins reconnaître qu’il a réussi à réduire considérablement la voilure de Boko Haram, avec le retour des populations dans certaines régions du pays comme Maïduguri. En outre, cette commémoration intervient au moment où plusieurs questions taraudent l’esprit des Nigérians sur la santé de leur président. Malheureusement, Buhari a fait dans la pure tradition africaine en choisissant l’omerta, laissant ses compatriotes sur leur soif. Côté économique, ce n’est pas encore l’embellie d’antan. Ce pays fortement tributaire de l’or noir a subi les effets dominos de la chute du cours du pétrole. En plus de ce contexte économique peu reluisant, la corruption à grande échelle demeure un des maux contre lesquels le président est en train de se battre tant bien que mal. L’économie est en train de reprendre du poil de la bête. Eu égard aux incessantes velléités sécessionnistes et au contexte d’insécurité, à la lente reprise de l’économie, l’on peut dire que l’état du géant d’Afrique n’est pas rassurant. Espérons que d’ici à la commémoration du 58e anniversaire, le Nigeria cessera d’être ce géant aux pieds d’argile, pour le bonheur des Etats de toute l’Afrique de l’Ouest, car lorsque ce pays s’enrhume, c’est toute la région qui toussote.

Ousmane TIENDREBEOGO

 


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