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ABANDON DES CHARGES CONTRE UHURU KENYATTA PAR LA CPI : Tout a été mis en œuvre pour ça


« Je suis innocenté, j’ai la conscience tranquille », ainsi fanfaronnait le président kényan, Uhuru Kenyatta, à l’annonce de la décision de la Cour pénale  internationale (CPI) d’abandonner les accusations de crimes contre l’humanité à son encontre. En effet, estimant qu’il ne disposait pas   de preuves suffisantes pour établir la responsabilité criminelle du président Kenyatta, le bureau du procureur a décidé d’abandonner les poursuites en attendant d’éventuels nouveaux éléments pour engager une nouvelle poursuite contre le maître de Nairobi. Ainsi donc, le doute aura profité à l’accusé, puisque Uhuru Kenyatta est désormais un homme libre. Contrairement à son homologue soudanais Omar El Béchir qui est obligé de choisir ses destinations, de peur d’être appréhendé comme un malpropre, Uhuru Kenyatta, lui, peut aller là où il veut sans en être inquiété. En témoignent les nombreux messages de soutien et de félicitations qu’il a reçus de toutes parts. En fait, on voyait venir les choses pour plusieurs raisons. La première est qu’en tant que président en exercice, Uhuru Kenyatta, fort des moyens matériels et financiers dont il dispose, a eu le temps de subordonner bien des témoins qui, à la surprise générale, ont décidé de se rétracter. Comment pouvait-il d’ailleurs en être autrement si l’on sait que la plupart des témoins avaient peur pour leur propre sécurité ? Car il est difficile de témoigner à charge contre un chef d’Etat africain et vivre tranquillement dans le même pays que lui sans représailles. C’est dire que les témoins n’avaient d’autre choix que de se rétracter avec toutes les conséquences  que cela peut engendrer. Du même coup, Uhuru Kenyatta qui, naguère,  était présenté comme un criminel, est devenu subitement un ange, faute de preuves.

Que vaudrait alors la vie de quelques Kényans massacrés face aux gros intérêts des grandes puissances mondiales ?

La deuxième raison qui militait en faveur de l’abandon des charges contre le président kényan, est que l’homme bénéficie, on le sait, de la sympathie des Occidentaux pour son engagement dans la lutte contre le terrorisme, notamment contre les Shebabs qui écument la Corne de l’Afrique.  Quiconque connaît l’aversion des Occidentaux pour les terroristes, sait que ceux-ci sont prêts à pactiser avec le diable pour défendre leurs intérêts. Que vaudrait alors la vie de quelques Kényans massacrés face aux gros intérêts des grandes puissances mondiales ? C’est  dire à quel point la décision de la CPI qui a pour bras financier l’Occident, n’étonne pas outre mesure. Il fallait s’y attendre. Les juges avaient déjà annoncé la couleur en lançant un ultimatum d’une semaine à la procureure Fatou Bensouda, pour apporter des preuves supplémentaires permettant d’engager des poursuites contre le président Kenyatta. Quelles preuves peut-on apporter en une semaine si l’on sait que les autorités kényanes, tout en se voulant rassurantes, avaient refusé de coopérer avec la CPI ?

A présent que Kenyatta jubile, c’est sans aucun doute l’Union africaine (UA) qui pavoise

A la vérité, le procès du président Kenyatta embarrassait tout le monde y compris la CPI elle-même. Car, on le sait, une éventuelle condamnation  de Kenyatta aurait pu provoquer un chahut homérique au Kenya avec tous les risques d’instabilité que cela comporte. A présent que Kenyatta jubile, c’est sans aucun doute l’Union africaine (UA) qui pavoise ; elle qui, on se rappelle, s’était réunie en sommet extraordinaire en juillet dernier, pour demander à la CPI d’abandonner les poursuites contre tous les chefs d’Etat africains en exercice. De Lomé  à  Kampala, en passant par Kinshasa et Brazzaville, les chefs d’Etat boivent certainement leur petit lait,  s’ils ne raillent pas la CPI qui, malheureusement, par cet acte, aura apporté de l’eau au moulin de tous ceux qui voyaient en elle, un instrument politique uniquement dirigé contre les Africains. Les défenseurs des droits humains ainsi que les familles des victimes, ont dû avoir un gros pincement au cœur à l’annonce de l’abandon des charges par la CPI, contre Uhuru Kenyatta.  Que dire alors de tous ces crimes et autres exactions contre tous ces nombreux Kényans dont certains ont pris le chemin de l’exil ? Vraiment, la Fontaine avait   raison quand il disait à propos de la justice : « Selon que vous êtes puissant ou faible, les jugements de cours vous rendront blanc ou noir ». Elle est à géométrie variable.

Boundi OUOBA


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