HomeA la uneABATTOIR FRIGORIFIQUE DE DEDOUGOU:Les agents du service vétérinaire en colère

ABATTOIR FRIGORIFIQUE DE DEDOUGOU:Les agents du service vétérinaire en colère


Réhabilité à hauteur de 12 millions de F CFA au cours du mois de mars 2014, le système de pompage d’eau de l’abattoir frigorifique de Dédougou est de nouveau en panne, depuis le début du mois de septembre 2014. Cette énième défaillance des suppresseurs a donné un visage désolant à l’abattoir, car l’insalubrité a atteint son paroxysme. Les conditions optimales n’étant pas réunies pour fournir un service de qualité, les agents du service vétérinaire menacent de suspendre l’inspection de la viande à partir de ce lundi 22 septembre, si une solution n’est pas trouvée.

 

« Au stade actuel, l’abattoir n’est pas un lieu très indiqué pour l’abattage des animaux » ; foi d’Adama Barro, agent du service vétérinaire de la Direction provinciale des ressources animales et halieutiques du Mouhoun. Les propos de ce technicien indiquent clairement que l’insalubrité est grandissante à l’abattoir frigorifique de Dédougou. Une énième panne du système de pompage d’eau, intervenue au début du mois de septembre, serait à l’origine de cette situation désolante sur l’aire d’abattage des animaux dans la cité de Bankuy. Le constat que nous avons fait le 19 septembre 2014 est effarant. A l’entrée de la porte principale, ce sont des puanteurs qui vous accueillent. Impossible de résister pendant une dizaine de minutes sans cache-nez. A l’intérieur pullulent des mouches et autres asticots dont certains sont à l’état mature. Le sang et les autres déchets d’animaux qui sont jetés à même le sol, ont obstrué pratiquement tous les canaux d’évacuation. Au regard de la situation, Adama Barro a indiqué que les conditions optimales ne sont pas réunies pour fournir un service de qualité à l’abattoir. « Si au moment de l’abattage vous commencez l’habillage et que les carcasses sont à même le sol, moins de 5 minutes après, vous verrez les asticots qui commencent à monter dessus », a indiqué le technicien d’élevage, chargé de l’inspection de la viande à l’abattoir. Convaincu que l’abattoir est un lieu très sensible et que le manque d’hygiène peut avoir des conséquences sur la santé publique, Adama Barro a indiqué que les agents du service vétérinaire ne doivent en aucun cas apporter leur caution morale à cette situation. « Si toutes les conditions d’hygiène ne sont pas réunies, l’abattoir devient un milieu de culture de germes. Vous constatez avec moi que ce lieu est, de nos jours, totalement insalubre. Et en tant que techniciens, nous ne pouvons pas travailler dans ces conditions. C’est pourquoi, si d’ici au lundi 22 septembre une solution n’est pas trouvée, nous allons suspendre l’inspection de la viande, à moins qu’on nous trouve un local autre que l’abattoir à l’état actuel », a-t-il confié.

Acte de sabotage ou équipement inadapté ?

Tous ou presque sont unanimes qu’à ce stade, l’abattoir est devenu un lieu de propagation de maladies. Du chargé de la saignée, Soaré Sangaré, aux agents de l’abattoir en passant par les bouchers, tous déplorent les conditions difficiles de travail. En effet, à défaut des raccords, c’est à l’aide de seaux que l’unique agent de jour de l’abattoir tente de nettoyer les lieux. « L’eau qu’on verse sur le sol n’a pas de pression pour faire évacuer les déchets », a souligné Louis Dayo, agent à l’abattoir. Toujours selon certains agents, la chaîne de froid est également dans un état obsolète et ne permet pas une bonne conservation de la viande. De même, la bascule n’afficherait plus le vrai poids des carcasses, eu égard à sa vétusté. Classé 3e sur le plan national, l’abattoir frigorifique communal de Dédougou, réalisé à coups de centaines de millions de F CFA en 1999 et inauguré en 2000, fait face, depuis quelques années, à bon nombre de difficultés. En 2012 déjà, les bouchers avaient observé une grève de 72 heures, pour protester contre le manque d’eau et d’électricité à l’abattoir. En mars 2014, le Conseil municipal a casqué la somme de 12 millions de F CFA pour réhabiliter le système de pompage d’eau desservant l’abattoir. Selon les agents, les suppresseurs des nouveaux équipements sont de faible puissance et ne peuvent pas fonctionner pendant plus de 3 heures. Faux, a répliqué l’entreprise adjudicataire du marché. Celle-ci soutient mordicus que ses installations ont été victimes d’actes de sabotage. Pour étayer ses propos, elle a montré des fils qui ont été sectionnés dans le boîtier.

La privatisation de l’abattoir  comme solution

Face à cette nouvelle panne, le maire de Dédougou, Abel Dabakuyo, a perdu son latin. Il a affirmé ne pas comprendre que malgré les importantes sommes d’argent injectées pour faire fonctionner correctement le lieu, celui-ci soit toujours confronté à d’énormes difficultés. A l’en croire, l’ultime solution réside dans la privatisation de cette structure qui, à ses yeux, fait partie des infrastructures les plus importantes de la ville et de la région. « Un appel d’offres sera lancé afin de permettre aux particuliers désireux de gérer l’infrastructure de postuler », a indiqué le bourgmestre de Dédougou. En effet, l’abattoir frigorifique de Dédougou est une infrastructure moderne qui a une capacité de production de 5 000 tonnes par jour. Malheureusement, de nos jours, elle est sous- exploitée et ne produit que 5 fois moins que sa capacité réelle. Pire, depuis quelque temps et au regard du manque d’hygiène, les bouchers refusent de payer la taxe d’abattage qui constitue l’une des principales ressources financières de la commune. En attendant, et pour éviter la suspension de l’inspection de la viande qui, somme toute, aura des conséquences néfastes, le maire a donné des instructions pour que la panne soit réparée avant la date butoir du 22 septembre. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette menace d’arrêt de travail du service vétérinaire inquiète plus d’un habitant de la cité de Bankuy. « Nous sommes dans un contexte du virus Ebola. Et, selon les informations, la bonne hygiène fait partie des précautions à prendre. Si l’abattoir est insalubre, nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Vivement que la panne de l’abattoir soit réparée, car cela y va de la santé des populations », a confié un citoyen.

Serge COULIBALY

2


No Comments

Leave A Comment