HomeRencontreABRAHAM NIGNAN, A PROPOS DE LA SITUATION NATIONALE : « On peut composer avec le diable pour traverser un pont »

ABRAHAM NIGNAN, A PROPOS DE LA SITUATION NATIONALE : « On peut composer avec le diable pour traverser un pont »


Abraham Nignan, le président du Rassemblement patriotique du Faso, donne, dans les lignes qui suivent, sa lecture sur la situation nationale marquée par la récente crise entre le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et ses frères d’armes, et sur le léger remaniement ministériel opéré par le Président Michel Kafando. Pour lui, ce qui urge actuellement, c’est la réconciliation des fils et filles du Burkina Faso et non l’organisation des élections.

 

Le Pays : Quelle est la position du RPF sur la crise qui a secoué le Burkina Faso et qui a valu un léger remaniement du gouvernement ?

Abraham Nignan : Avant de répondre à votre question, permettez-moi de remercier le journal « Le Pays » qui m’offre une fois de plus, l’occasion de m’exprimer sur la situation nationale. Pour revenir à votre question, je dirai que j’ai suivi avec beaucoup d’attention et d’intérêt ce qui s’est passé ces derniers jours. La situation est très inquiétante et préoccupe les militants et militantes du Rassemblement patriotique du Faso. Ce qui nous inquiète, c’est que nous ne connaissons pas les vraies causes de cette crise qui divise le Premier ministre Zida et les éléments du RSP. Le Président a procédé à un léger remaniement en changeant le ministre Auguste-Denise Barry et en s’octroyant les portefeuilles de la Défense et de la Sécurité. Mais la question que l’on se pose est de savoir si cela permettra de résoudre le problème ? Je crois que non. Au début, lorsque le gouvernement a été formé et que le Premier ministère est revenu à Zida, j’avais tout de suite dit que le pays sombrera dans une nouvelle crise, parce que la place d’un militaire est dans les casernes et non dans un gouvernement. Les gens ne m’ont pas cru et voilà que la crise est arrivée. Pour moi, le vrai problème, c’est le Premier ministre Yacouba Isaac Zida. A l’heure actuelle de la transition, notre position au niveau du RPF, c’est l’apaisement. Nous ne soutenons aucune partie impliquée dans cette crise ; ce que nous demandons, c’est que les uns et les autres mettent de l’eau dans leur vin pour que nous puissions aller à des élections paisibles, crédibles et transparentes. Comme on le dit, on peut composer avec le diable pour traverser un pont. Je voudrais que les Burkinabè fassent leur cet adage, pour l’intérêt de la nation.

Donc, pour vous, le remaniement qui a été fait n’est pas la solution ?

Je crois que non. Comme je ne connais pas le fond du problème, je ne peux pas m’aventurer dans des commentaires qui risquent de se révéler inexacts. Je pense que le Président Michel Kafando est mieux placé pour répondre à votre question. Comme je l’ai déjà dit maintes fois, le problème de la transition du Burkina, c’est Zida, le Premier ministre. Le fait d’avoir enlevé Auguste-Denise Barry ne résoudra pas le problème.

Vous êtes pour qu’on remplace le Premier ministre alors ?

Oui, puisque c’est à cause de lui que le Régiment de sécurité présidentielle perturbe la transition !

Mais il ne nous reste plus que quelques mois avant les élections ; est-ce que si on remplace Zida, cela ne va pas jouer sur la date des élections ?

Je vous dis que même à une semaine d’une élection, on peut remplacer un Premier ministre. Ce n’est pas lui qui organise les élections, mais le président de la Commission électorale nationale indépendante. Du moment où il n’est pas directement impliqué dans l’organisation des élections, je ne vois pas pourquoi on ne peut pas le remplacer ! Tous ceux qui disent qu’il faut maintenir Zida au Premier ministère veulent protéger leur « gombo », puisqu’ils savent que si Zida tombe, ils ne pourront plus se faire des sous. Mais comme je l’ai dit, nous avons une position apaisée.

On assiste ces derniers jours à l’investiture des candidats des différents partis à l’élection présidentielle du 11 octobre ; à quand la vôtre ?

Au RPF, nous jouons la carte de la prudence. Avec tout ce qui se passe, nous ne sommes pas sûrs qu’il y aura des élections le 11 octobre. Nous attendons donc de voir. Si nous venons à en avoir l’assurance, nous allons organiser notre investiture. Il nous suffit de trois jours seulement pour organiser cela. Donc, nous ne sommes pas pressés. Ce qui nous paraît le plus important à l’heure actuelle, c’est la réconciliation des fils et filles du Burkina. Je ne voudrais surtout pas que notre parti soit cité parmi ceux qui vont conduire le pays dans le chaos, parce que j’ai l’intime conviction que si nous ne réglons pas ce problème de réconciliation avant d’aller aux élections, le pays prendra feu.

Que Dieu bénisse le Burkina Faso !

 

Propos recueillis par Yannick SANKARA

 


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