HomeA la uneABSORPTION DES ADMIS AU CEP 2014 EN 6e:Une mesure qui laisse songeurs les acteurs

ABSORPTION DES ADMIS AU CEP 2014 EN 6e:Une mesure qui laisse songeurs les acteurs


Tous les admis au Certificat d’études primaire (CEP), session 2014, vont rejoindre les classes de 6e des lycées et collèges à la rentrée prochaine. C’est la dernière décision prise par les autorités de l’Education nationale, au cours de ce mois d’août 2014. S’il est vrai que cette décision fait des heureux, elle suscite du coup des grincements de dents et des inquiétudes chez d’autres.

Par un courrier émanant du ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation (MENA), adressé aux directions provinciales dudit ministère et daté du 4 août 2014, le gouvernement burkinabè, suite à l’historique taux de succès de 82% au CEP 2014, a décidé que tous les admis soient absorbés en 6e, dès la prochaine rentrée scolaire qui pointe déjà à l’horizon. Ainsi, tous les enfants ayant réussi au CEP 2014 sont déclarés admis à l’entrée en sixième. Cette décision, s’il est vrai qu’elle a été bien accueillie par certains acteurs, ce n’est pas le cas pour d’autres. Du côté des heureux, les élèves et principalement les parents, avec cette mesure, c’en est fini du parcours du combattant à la rentrée, pour décrocher une place pour son enfant. Sont de ceux-là Bakary Traoré, un parent d’élève que nous avons rencontré à l’école Korona, au secteur 8 de Banfora, qui dit avoir été soulagé en apprenant cette nouvelle.

Une aventure ambiguë pour certains

Même s’il s’est dit inquiet des mesures d’accompagnement et de la capacité intellectuelle de certains enfants, il a salué tout de même cette initiative du gouvernement qui témoigne, de son point de vue, que les autorités sont soucieuses de la souffrance des parents à chaque rentrée scolaire. Toutefois, il a souhaité que la qualité ne soit pas sacrifiée ni oubliée, dans la mesure où il faut bien que notre pays continue de disposer de cadres capables d’assumer leurs tâches. Le satisfecit de Bakary Traoré n’est cependant pas partagé par tous. En effet, certains parents et enseignants pensent qu’à travers une telle décision, le gouvernement engage l’éducation nationale dans une aventure ambiguë, ses acteurs avec. Pour ces derniers, le Burkina est loin de ce stade de développement où une telle volonté peut se matérialiser. A les en croire, l’insuffisance de professeurs et de locaux feront que les Collèges d’enseignement général (CEG) ne seront des CEG que de nom. « Où et comment le gouvernement pourra-t-il réunir autant d’argent pour faire face à cette situation? Pourra-t-il construire, dans chaque village, un CEG, quand on sait qu’il faut au minimum 4 professeurs? », se demandent-ils. Les plus critiques parlent d’enjeux financiers. A les entendre, les bailleurs de fonds seraient prêts à injecter plusieurs milliards de F CFA dans cette réforme, mais le préalable reste la mise en œuvre de l’absorption des admis au CEP. Avec cette nouvelle donne, les CEG relèvent désormais des Directions provinciales de l’éducation nationales et de l’alphabétisation (DPENA) et le gouvernement a mis en garde les responsables en charge de l’éducation au niveau déconcentré contre toute nonchalance, le transfert du post-primaire et du préscolaire étant en marche. Aussi a-t-il instruit que dans toutes les provinces, des ateliers de concertation avec les acteurs que sont les maires, les chefs de circonscriptions éducatives, les directeurs de CEG et lycées, soient organisés. C’est dans ce cadre que celui de la Comoé, tenu le 21 août 2014 sous la présidence du Haut-commissaire, a permis de relever que la province compte 8 527 admis au CEP 2014, auxquels il faut ajouter ceux de l’année scolaire 2012-2013 (au nombre de 639) ayant repris la classe de CM2 et espérant décrocher l’entrée en 6e.

« Chacun doit remplir sa mission »

Au total, la Comoé compte 9 166 enfants qu’il faut absorber en 6e. Avec un tel nombre, la province doit dégager 84 classes de 6e supplémentaires, pour réaliser cette volonté du gouvernement. Dans ces conditions, les participants à l’atelier du 21 août n’ont épargné aucun bâtiment administratif dans les villages. Ils ont identifié les CPAF, les CEBNF, les vieilles écoles qui avaient été abandonnées au profit des nouvelles, et les foyers de jeunes, comme sites pouvant accueillir des élèves. Pour le Directeur provincial de l’Education nationale et de l’alphabétisation (DPENA), Jean Etienne Zoungrana, c’est un défi historique que le Burkina se doit de relever, pour le bonheur de ses enfants. A travers cette décision, a-t-il expliqué, le MENA entend donner à chaque enfant burkinabè, la chance de poursuivre sa formation au niveau du post-primaire, et que plus jamais le manque de moyens des parents n’empêche un élève d’aller en 6e. A entendre Jean Etienne Zougnrana, les hommes sont toujours réfractaires au changement, mais dans cette situation, il n’y a pas matière à panique. « Le ministère sait ce qu’il engage et il trouvera les moyens pour satisfaire tous les besoins. L’objectif étant le développement du système éducatif », a-t-il déclaré, avant de conclure : « Il nous appartient, nous acteurs de la mise en œuvre de cette décision, à savoir les CCEB, les directeurs de CEG transférés, les proviseurs et les maires, d’accompagner cette mesure pour en faire une victoire ».

Mamoudou Traoré

 


Comments
  • Mme la Ministre; vous avez des appétits mais votre digestion serait-elle bien commandée longuement? Et les effets secondaires au sommet? A cette vitesse, je me demande si un jour on va pas arrêter les évaluations dans tous les degrés. Juste pour dégonfler les classes. Alors quantité ou qualité?
    TU ES LETTRÉ COMMENT…COMMENT ; ON S’EN FOUT !

    25 août 2014

Leave A Comment