ACCIDENT MORTEL SUR L’AXE KONGOUSSI-DJIBO: Des élèves parmi les victimes
Un accident mortel a eu lieu dans la commune de Kongoussi, plus précisément dans le village de Woussé, situé à 30 Km de Kongoussi, sur l’axe Kongoussi-Djibo. Le bilan fait état de 10 morts dont des élèves d’une école franco-arabe et un bébé de moins d’un an. On dénombre aussi 8 blessés. Le chauffeur qui a survécu au drame et psychologiquement anéanti, a été conduit au CMA de Kongoussi. Le procureur de Kongoussi, Jean Claude Kaboré, le haut-commissaire de la province du Bam, Clotilde Flore Dangouri, et le maire Daouda Zoromé se sont déplacés sur les lieux pour constater les faits et compatir à la douleur des familles des disparus.
Il est 19 h lorsque nous arrivions à Woussé le 11 juin 2014. Aux abords de la petite rivière sous un pont, 10 corps sans vie (4 femmes, 5 hommes et 1 bébé) étaient exposés. La gendarmerie de Kongoussi qui était déjà sur place, a procédé à l’identification des corps en présence d’une foule immense. «Chef, il faut songer au cas du chauffeur parce que son cas devient très inquiétant. Il délire », a susurré un jeune homme au gendarme en chef. Nous nous hâtons alors pour le retrouver. Maitrisé par deux jeunes gens au carrefour de Woussé situé à environ 500 m du pont, il pleurait à chaudes larmes et répétait : « Pourquoi ? Pourquoi ? As-tu vu le travail de l’eau ? Pourquoi ?». Le président du Syndicat des transporteurs du Bam, Salif Ouédraogo, qui était sur place a confirmé que le chauffeur est sur l’axe depuis plus de 10 ans, et que le mauvais état de la route serait à l’origine du drame. Mais un autre jeune qui a été témoin des événements relate sa version des faits. « C’est autour de 17 h que Damso (ndlr le chauffeur) est arrivé au carrefour ici. Il a déposé des passagers comme d’habitude et a démarré en trompe. Mais de la manière dont il a accéléré le véhicule au décollage, tout le monde a eu peur et on se demandait ce qui lui est arrivé aujourd’hui. Parce que depuis qu’on le connaît comme chauffeur sur cette route, il ne s’est jamais comporté de la sorte. Mais avant même qu’on ne conclue le sujet, nous avons entendu un bruit accompagné de poussière vers le pont. C’est le camion qui venait de se renverser sous le pont. Nous avons vite accouru sur les lieux tout en alertant le village. Et très rapidement, nous avons commencé à les secourir. Lui-même (ndlr le chauffeur) a commencé à nous aider à repêcher les passagers. Mais quand on a fait sortir le corps de son apprenti et qu’il s’est rendu compte qu’il était mort, il a disjoncté. Il a commencé à crier et à raconter du n’importe quoi», a-t-il expliqué. Sur le lieu du drame, 8 corps avaient été déjà identifiés. Il restait une femme et un bébé. Un communiqué a été diffusé sur une radio à Kongoussi pour alerter les populations. Vers 21 h, tous les corps ont pu être identifiés par les familles. Sur place, un quinquagénaire accroupi non loin des victimes disait au téléphone : « Les élèves qui étaient partis pour le CEP là sont dedans. J’ai pu identifier au moins un parmi les morts. Donc venez vite». Nous nous approchons alors pour mieux comprendre. « Ce sont des élèves de l’école franco-arabe de Bourzanga qui étaient partis à Kongoussi pour le CEP franco-arabe», a-t-il confié dans un état pitoyable.
L’accident du véhicule des sapeurs-pompiers
A côté, un jeune homme qui a aussi été témoin des faits racontait aux nouveaux arrivants. « Moi j’étais arrêté à quelques mètres du pont quand le camion a dérapé. Il a dû perdre le contrôle ou bien la direction s’est bloquée quand il amorçait le pont. Mais il venait en vitesse parce que quand il a percuté le pont, la portière arrière s’est ouverte et des gens ont été projetés avec leurs effets avant même que le camion ne tombe dans l’eau», a-t-il dit. A 21 h 45, le médecin du district sanitaire de Kongoussi arrive avec une équipe technique qui, après examen des corps, a confirmé le décès des 10 personnes. Le procureur autorise alors l’enlèvement des corps. Toutefois, l’on se demandait s’il n’y avait toujours pas de rescapés dans le camion ou dans l’eau. Les sapeurs-pompiers qui avaient été informés tardent à venir. La population se met de nouveau au travail pour rechercher des corps mais sans succès. A 22 h 30 mn, alors que tous les corps avaient été enlevés des lieux, l’on apprend du directeur provincial de la Police nationale du Bam, Emmanuel Kaboré, qu’un des camions des sapeurs-pompiers avait fait un tonneau en cours de route et le commandant de la gendarmerie de Kongoussi a confirmé qu’il y avait 4 blessés dont 2 cas graves. C’est aux environs de 24 h 30 mn que les sapeurs sont arrivés sur les lieux mais le bilan était le même. Se prononçant sur l’incident, le commandant de la gendarmerie de Kongoussi a salué la mobilisation de la population qui a permis de secourir certains passagers et invité les conducteurs à la vigilance et au respect du code de la route.
Asmado RABO (Correspondant)
