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ACCORDS DE PAIX D’ALGER POUR LE NORD-MALI : Un jugement à la Salomon


Tous les Maliens épris de paix et de vivre-ensemble avaient fondé beaucoup d’espoir sur le paraphe du document préparé pour la médiation algérienne, par tous les protagonistes de la crise au Nord-Mali. Mais c’était sans compter avec la mauvaise foi de certains acteurs. En effet, à quelques heures de l’acte final, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) dont la principale composante est le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), a demandé un délai supplémentaire à la médiation algérienne pour aller expliquer le texte à ses militants et à ses responsables militaires. L’attitude du MNLA et de ses alliés est un faux-fuyant. La réalité est que ces groupes armés, sous la houlette du MNLA, étaient à la recherche d’un alibi pour quitter la table des négociations, dès lors que toute idée d’indépendance de l’Azawad avait été écartée par la médiation algérienne. Et l’alibi leur a été servi sur un plateau d’or par les pro-Azawad qui  ont bruyamment manifesté à Kidal, à Ber et à Menaka, pour rejeter les propositions algériennes au motif que celles-ci n’intègrent ni l’autonomie ni le fédéralisme. L’on peut même se demander si ces manifestations n’ont pas été suscitées par les responsables du MNLA. En effet, l’idée d’un Mali un et indivisible ne fait pas  l’affaire des irrédentistes qui   avaient transformé la sempiternelle crise du Nord-Mali en un véritable fonds de commerce. Une résolution définitive de cette crise, comme pourrait le laisser espérer le paraphe des accords d’Alger par tous les protagonistes, pourrait représenter pour eux la mort de la poule aux œufs d’or. Et le meilleur moyen de torpiller toute idée de paix et de réconciliation au Nord-Mali, est de demander un temps supplémentaire de 72 heures pour aller consulter leur base.

Tout doit être mis en œuvre pour enfin crever l’abcès

Au regard de l’état d’esprit de cette fameuse base, l’on peut facilement imaginer le genre de feed back que la coordination des mouvements de l’Azawad servira à la médiation algérienne. Ce temps supplémentaire pourrait même se transformer en une éternité, parce que le MNLA donne l’impression de ne pas s’accommoder de cette camisole à laquelle s’apparente l’accord d’Alger. Le souci de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), de consulter sa base alors que la position de celle-ci est déjà connue, et ce après plus de 6 mois de tractations laborieuses, est donc suspect. Et cela vient rappeler malheureusement d’autres tentatives de résolution de la crise au Nord-Mali. Toutes ont accouché d’une souris. Si, depuis l’époque du premier président du Mali, la question de l’Azawad n’a pas bougé d’un iota, c’est que, quelque part, les acteurs et notamment le MNLA n’ont jamais joué franc jeu.

Le résultat de cet éternel bal masqué est que toutes les tentatives de rapprochement entre Bamako et les rebelles touaregs ont été biaisées et pipées. Et l’Algérie, qui n’est pas à sa première tentative de médiation, en sait quelque  chose. De ce point de vue, l’on est en droit de se poser la question de savoir si l’histoire va à nouveau se répéter. Pendant que la problématique du Nord-Mali, depuis l’indépendance du pays en 1960, se transporte de capitale en capitale africaine pour trouver des solutions à la satisfaction de tous les acteurs, ce sont les populations de cette vaste région déshéritée du Mali qui paient les pots cassés des guerres récurrentes à elles imposées par des gens de peu de scrupules, qui, de toute évidence, n’ont pas intérêt à aller à la paix. Tout le monde, en réalité, est lassé de cette crise, sauf eux.

Le fait pour les ultra de la Coordination des mouvements de l’Azawad, de réclamer le fédéralisme, cache mal leur volonté de maintenir le statu quo pour mieux faire prospérer toute sorte d’activités mafieuses dont ils sont les seuls bénéficiaires. C’est pourquoi tout doit être mis en œuvre pour enfin crever l’abcès de la crise au Nord-Mali, cette fois-ci. La France notamment est interpellée, elle qui est accusée à tort ou à raison de rouler pour le MNLA. Elle doit user de tout son pouvoir pour convaincre tous les réticents à l’accord d’Alger, à revenir à de meilleurs sentiments, car la traque des djihadistes dans l’espace sahélo-Saharien ne peut être efficace dans un environnement marqué par la chienlit au Nord-Mali. Et puis, disons-le tout net : cette crise commence à  fatiguer tout le monde, y compris les héros  eux-mêmes que sont toutes les bonnes volontés.

Pousdem PICKOU


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