HomeA la uneACCUSATIONS CONTRE MOISE KATUMBI : Les calculs éhontés d’un pouvoir aux abois  

ACCUSATIONS CONTRE MOISE KATUMBI : Les calculs éhontés d’un pouvoir aux abois  


Si la honte tuait, certains dictateurs africains seraient déjà morts et enterrés.  Et au rang de ces derniers, Joseph Kabila de la République démocratique du Congo. En effet, depuis que l’ex-gouverneur de l’ancienne province de Katanga, Moïse Katumbi, a claqué la porte du parti au pouvoir, le régime de Kabila ne cesse de multiplier les accusations contre lui. De malversations supposées au recrutement de mercenaires en passant par bien d’autres accusations, tout y passe pour « démonter » Katumbi.  Mais comme pour signifier qu’il est prêt à affronter le dictateur, l’ex-gouverneur du Katanga qui ne faisait plus mystère de sa volonté de briguer la magistrature suprême, a mis fin au vrai faux suspense le 4 mai dernier, en annonçant officiellement sa candidature à la présidentielle congolaise de 2016. Et l’on peut dire que c’est maintenant que les choses sérieuses commencent pour lui. Car, afficher de façon claire et nette sa volonté de disputer le fauteuil à un satrape en Afrique, c’est s’attirer les foudres de ce dernier. Et c’est peu dire que Moïse Katumbi qui est déjà dans le viseur de Kabila, le sera davantage. Tous ses faits et gestes seront désormais surveillés comme du lait sur du feu.  En voulant rivaliser sur le même terrain avec un dictateur comme Kabila, Moïse Katumbi fait preuve de courage. Toutefois, on pourrait dire qu’en brisant le silence au moment où une enquête est ouverte contre lui sur le recrutement supposé de mercenaires étrangers, Moïse Katumbi cherche à couper l’herbe sous les pieds de Kabila qui devra faire désormais plus attention pour ne pas rendre ce concurrent déclaré et adulé, encore plus populaire. Cela dit, pour autant que ce dernier traîne des casseroles comme l’en accuse le pouvoir congolais, l’on peut se demander pourquoi c’est seulement maintenant que le pouvoir demande des comptes à Katumbi. Où était-il quand ce dernier militait au sein de la majorité présidentielle?

Si le pouvoir s’agite tant, c’est que la candidature de Moïse Katumbi trouble le sommeil de Joseph Kabila

Tout ce ramdam politico-judiciaire du pouvoir semble beaucoup plus tenir lieu de coups en-dessous de la ceinture. Mais cela n’est pas étonnant. En effet, c’est le mode opératoire des dictateurs. Lorsqu’ils constatent qu’un de leurs compagnons qui a tourné casaque, a des velléités de les affronter dans les urnes, ils se mettent à exhumer de vieilles affaires bien souvent aux allures de cabales politiques. Le cas du général Jean-Marie Mokoko de l’autre côté du Congo, est illustratif à cet égard. On se rappelle que c’est lorsque ce dernier avait annoncé sa candidature à la présidentielle de 2016, que Denis Sassou Nguesso avait alors révélé de présumés faits accablants contre lui. La suite, on la connaît. C’est dire que ces accusations tous azimuts contre Moïse Katumbi, ne sont ni plus ni moins que des calculs éhontés d’un pouvoir aux abois. Le roi du Congo sent qu’il devient de plus en plus nu, d’où ces manœuvres pour déstabiliser cet adversaire de taille. Les choses vont certainement se corser davantage pour Moïse Katumbi. A preuve, n’eût été l’interposition de la mission des Nations unies au Congo entre son domicile et les forces de sécurité gouvernementales, ce milliardaire serait mis hier aux arrêts. Mais il doit tenir bon, car c’est le prix à payer pour espérer réaliser l’alternance au Congo. Si le pouvoir s’agite tant, c’est que sa candidature trouble le sommeil de Joseph Kabila. La seule chose que l’on pourrait toutefois déplorer avec l’annonce de la candidature de Moïse Katumbi, c’est que celle-ci pourrait briser le rêve d’une candidature unique de l’opposition qui présentera certainement d’autres candidatures. Or, étant donné que le scrutin est à un seul tour, une pléthore de candidatures de l’opposition ne pourrait qu’augmenter les chances de Joseph Kabila de le remporter à la majorité simple. En tout état de cause, on ne chasse jamais un dictateur par les urnes. Mais la RDC fera-t-elle exception ? On attend de voir.

Dabadi ZOUMBARA


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