HomeA la uneACCUSATIONS DE MALVERSATIONS A LA CARFO : « Voici ma part de vérité », dixit Lassané Savadogo

ACCUSATIONS DE MALVERSATIONS A LA CARFO : « Voici ma part de vérité », dixit Lassané Savadogo


Lassané Savadogo assume désormais pleinement les fonctions de Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). La nomination de cet ancien ministre de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat a fait l’objet de critiques au sein de l’opposition politique. Sur ces accusations, le nouveau patron de la CNSS a dit sa part de vérité sur ce dont on l’accuse, à l’issue de la cérémonie de sa prise de fonction, le mercredi 25 mai 2016 à Ouagadougou. Voici la réaction de l’intéressé.

 

« Suite à ma nomination comme Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), il y a eu des déclarations, des propos, des écrits de toutes natures. Dans ces déclarations, certaines personnes tentent de remettre en cause  la légitimité de ma nomination sur la base du fait qu’il y a un certain nombre de griefs qu’ils ont à mon encontre. Mon objectif n’est pas de répondre à ces griefs ni à ces déclarations. Dans tous les cas, j’accorde le bénéfice de la bonne foi à tout le monde. Mais comme je suis personnellement concerné, je me sens interpellé et j’ai l’obligation d’apporter ma part de vérité. Cette part de vérité est de répondre aux principaux griefs formulés. Le premier grief a consisté à dire que je me suis rendu comptable de malversations quand j’étais ministre de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat, assurant la tutelle de la CARFO. Et on dit que j’ai détourné près de 50 millions sur les fonds de la CARFO. Je dois vous dire que cette somme représente le cumul d’une dotation annuelle de 10 millions de F CFA par an apportée par la CARFO au ministère de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat. Il y a une décision qui a été prise en 1999 instituant  la subvention. Et le montant de la subvention a été fixé par une délibération du Conseil d’administration de la CARFO. Je suis arrivé au ministère en 2002 et j’ai commencé à utiliser le fonds en 2003. C’est pour des missions précises confiées au ministère de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat. Pour la petite histoire et cela est dans le rapport de l’IGE, j’ai dit que je ne pouvais pas utiliser de l’argent dont l’utilisation n’est pas justifiée. J’ai reçu une fin de non recevoir et cela se trouve également dans le rapport. C’est clair et net. Donc, je n’ai détourné aucun  F CFA. Il s’agit bel et bien d’une dotation pour exécuter certaines missions confiées à la CARFO. J’ai été ministre, donc un responsable, j’ai l’obligation de réserve et de discrétion. Je n’ai pas le droit de jeter dans la rue tout ce que j’ai eu à avoir comme information dans le cadre de l’exercice de mes missions. Ceux qui m’ont confié cette responsabilité savent à quoi ces fonds devaient servir et en mon âme et conscience, j’ai utilisé cette subvention pour exécuter les missions pour lesquelles ces fonds étaient destinés. Donc, par voie de conséquence, il faut que les choses soient suffisamment claires.

 

Sur le problème de carburant

 

Ensuite, on dit il y a eu un problème de carburant d’un montant de 3 millions de F CFA. Là-dessus, je me contenterai de dire que dans aucun ministère, le ministre n’est amené à gérer du carburant. Il faut savoir également que dans un gouvernement, les ministères ne sont pas logés à la même enseigne. Il y a des ministères qui baignent plus ou moins dans l’abondance, qui ont accès pratiquement à tout. Il y a des ministères qui sont dans une situation de pauvreté absolue. Parmi ces ministères, il y a celui de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat. Je vous assure que si vous assurez la gestion de ce ministère, vous vous rendrez compte que vous aurez des difficultés pour le conduire d’un mois à l’autre et à l’intérieur d’une même année,  sans être confronté à des problèmes de véhicules, de carburant et de consommables de toutes natures. Et je félicite mes collaborateurs, les DAAF en particulier qui, chaque fois, jonglent pour permettre au ministère de ne pas fermer les portes. Quand je suis arrivé au ministère de la Fonction publique et vous pouvez demander à tout le monde, les DAAF que j’ai trouvés là-bas, ont été nommés par mes prédécesseurs. Je ne les connaissais pas, mais je les ai gardés durant tous mes 5 ans passés au ministère et je les ai laissés à leur poste en partant. Le Directeur des études et de la planification, je ne le connaissais pas non plus auparavant, mais je l’ai gardé à son poste jusqu’à ce qu’il trouve un emploi au médiateur du Faso et j’ai procédé à son remplacement.  Le directeur de la communication, je l’ai trouvé au ministère, aussi, je ne le connaissais pas avant aussi, mais je l’ai gardé. Le chauffeur était un parent de mon prédécesseur, je l’ai gardé à son poste jusqu’à ce qu’il tombe malade. Malheureusement, il est mort  par la suite et je l’ai remplacé. L’agent (un policier) qui assurait ma sécurité était un parent de mon prédécesseur, je l’ai gardé jusqu’à ce qu’il réussisse au concours de la police et j’ai procédé à son remplacement. Dans mes rapports avec les gens, ce ne sont pas les considérations subjectives qui prennent le dessus, c’est la capacité de la personne à exécuter les missions à lui confiées. C’est une mission qui m’a été confiée, ce n’est pas un travail personnel et je dois être en mesure de travailler avec toute autre personne qui est en mesure d’apporter une contribution pour que j’atteigne moi-même, les objectifs de mes missions.   

 

A propos de l’utilisation du véhicule de la CARFO

 

On parle également de l’utilisation de véhicules. La réalité, c’est que quand je suis arrivé au ministère, le cabinet avait un seul véhicule. C’est la 406 noire en très mauvais état et avec ce véhicule, on ne pouvait pas sortir de Ouagadougou. Qu’est-ce que mes prédécesseurs avaient fait ? Ils avaient demandé à la CARFO de mettre à la disposition du ministre pour ses sorties uniquement, un véhicule tout terrain. C’est ce qui se faisait. Quand je suis arrivé, j’ai posé la question à mon prédécesseur et il m’a dit que c’est comme ça que l’on se débrouille. Et c’est comme ça que moi-aussi, je me suis débrouillé jusqu’à ce que l’Etat veuille bien mettre un véhicule 4X4 à ma disposition et j’ai cessé d’utiliser l’autre véhicule. Quand je vais en mission, le véhicule vient me chercher et à la fin de la mission, le véhicule réintègre le parc de la CARFO. On dit que je me suis ingéré dans la gestion de l’argent de la CARFO. Mais j’étais le ministre de tutelle de la CARFO. Quand le conseil d’administration siège, statue, il envoie tous les projets de délibération au ministre chargé de la tutelle qui dispose d’un délai de 15 jours pour réagir. La tutelle technique est chargée de veiller à ce que le fonctionnement de l’établissement soit conforme à la politique générale de l’Etat en la matière. Si je constate qu’il y a des difficultés, il est de mon obligation de faire en sorte que les choses aillent dans la direction souhaitée. Voici ma part de vérité. Mais cela n’est qu’une petite introduction que je tenais à faire aujourd’hui. L’occasion me sera donnée d’aller plus en profondeur et de développer davantage si besoin en était, sur ces différents points.  

 

Ses priorités à la tête de la CNSS

 

En venant ici, les autorités du pays m’ont confié une mission et je vais l’exécuter. Je ne répondrai pas à ceux qui disent que je suis venu pour piller la CNSS pour financer mon parti ou que c’est pour faire ceci ou cela. Je laisse la responsabilité de ces allégations à leurs auteurs. Je n’ai jamais évolué dans un tel environnement. Et je n’évoluerai pas ainsi. Ceux qui me connaissent, savent qui je suis. Je suis chargé d’accompagner le Président du Faso, le gouvernement dans la mise en œuvre du programme pour lequel il a été élu. Et vous savez que le Président du Faso a placé son mandat sous le signe de la bonne gouvernance, la transparence et l’efficacité. Il a aussi placé son mandat sous le signe du partage des richesses nationales au plus grand nombre. Donc, ma préoccupation sera de consolider la CNSS, d’en faire un outil très efficace pour exécuter les missions qui nous sont confiées et j’entreprendrai immédiatement une réflexion pour voir comment on peut renforcer l’assiette sociale de la CNSS. Je considère que tous les Burkinabè ont le droit à une protection sociale. Cela est prévu dans le programme du Président du Faso. Il y a l’assurance maladie universelle qui est prévue. Je verrai au niveau de la CNSS quelles sont les initiatives à développer pour la mise en œuvre du programme présidentiel sans remettre en cause la solidité et la santé financière de cette institution.” 

 

Propos recueillis et retranscrits par Saïdou ZOROME (Collaborateur)

 

 


Comments
  • Le mensonge en politique en Afrique ressemble parfois au comportement des écoliers pendant la récréation. ‘‘C’est faux Monsieur. Il a menti. Je n’ai pas fait ça’’. Hoo c’est pas seulement en Afrique. C’est courant chez nos ancêtres gaulois aussi comme quoi, la pomme ne tombe pas loin de l’arbre (à un moindre degré quand même). Ainsi, de Kinshasa à Yaoundé, de Korogo à Conakry, de N’djamena à Dakar, de Ouagadougou à Bangui, c’est les mêmes démentis aux allures d’écoliers. On est souvent ahuri, voire humilié quand RFI nous rapporte certains propos de nos hommes politiques. Même pris la main dans le sac, ils nient. Même épinglé par une institution qu’eux-mêmes doivent respecter parce que nationale et impartiale, ils s’évertuent à nier. L’essentiel, c’est de dire que c’est faux. Pathétique.

    26 mai 2016
  • A mon humble avis, M. Lassané Sawadogo aurait dû se taire; au lieu de chercher à se justifier dans cette affaire de mauvaises pratiques et de malversations de deniers publics que le Directeur Général de institution public qu’est la CARFO a l’époque a même reconnu par écrit, et remercier la Cours des Comptes pour ses investigations et ses recommandations pour une bonne gestion ! Donc, M. le tout nouveau Directeur Général de la CNSS, c’est parce que nous sommes dans en Afrique dans des “républiques bananières” sinon à ailleurs où la démocratie, la transparence et la probité sont des valeurs incontournables; vous auriez du démissionné de vous même, mais espérons seulement que vous pourriez changer vos pratiques et que nos cotisations de retraites déjà misérables ne subirons plus des gabegies pour servir des objets qui sont loin des préoccupations des cotisants burkinabé ! Salut !

    26 mai 2016
  • Moi aussi, vous êtes d’une mauvaise foi manifeste. Allez consulter le rapport de l’IGE tout ce que le DG dit y est écrit noir sur blanc. Cessez donc vos blabla…

    26 mai 2016

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