HomeA la uneACHARNEMENT POLITICO-JUDICIAIRE CONTRE KATUMBI : Jusqu’où ira Kabila ?  

ACHARNEMENT POLITICO-JUDICIAIRE CONTRE KATUMBI : Jusqu’où ira Kabila ?  


 

Depuis que le richissime homme d’affaires congolais, Moïse Katumbi, a tourné le dos au président Joseph Kabila, les tuiles ne font que lui tomber dessus. En effet, chaque jour qui passe, le pouvoir de Kinshasa sort une nouvelle flèche de son carquois, tant et si bien que d’aucuns n’hésitent plus à parler d’acharnement politico-judiciaire. Pour commencer, Moïse Katumbi a été accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de recrutement de mercenaires étrangers. Ce qui lui a valu l’exil, puisque dans la foulée des convocations que multipliait le procureur général, Flory Kabange Numbi, l’ex-gouverneur a été grièvement atteint. Par qui ? Difficile de répondre à cette question. Toujours est-il que Katumbi, sur autorisation de la Justice congolaise, avait quitté son pays sur la pointe des pieds pour se retrouver dans un premier temps en Afrique du Sud et ensuite en Belgique, pour des soins médicaux. Et alors qu’il était encore grabataire, survint une autre affaire dite de spoliation d’immeuble pour laquelle le patron du TP Mazembé a été condamné à trois ans de prison ferme. On en était là jusqu’à ce que, contre toute attente, le ci-devant ministre de la Justice, Alexis Thambwe-Mwamba, de séjour à Paris le 21 juin dernier, déclare que le sieur Katumbi dispose d’une double nationalité. Or, ce dernier fut gouverneur du Katanga pendant huit ans environ et ce, sous le magistère de Kabila. Là aussi, on le sait, cette sortie cocardière du Garde des Sceaux congolais faisait suite à la publication de la lettre du Haut-commissariat aux droits de l’Homme des Nations Unies demandant à Kinshasa de prendre les « mesures nécessaires » afin de permettre à Moïse Katumbi de rentrer librement au pays et de participer à la prochaine présidentielle, en RDC. La démarche est donc claire. Kabila et ses sbires ne veulent pas le retour de Katumbi au pays.

On voit venir Kabila

Et le dernier acte en date qui achève de convaincre même les plus sceptiques, a été la décision prise par le parquet général de retirer l’autorisation de séjour à l’étranger à l’ex-gouverneur, au motif que celui-ci ne se tient pas à carreau. Morceau choisi : « J’ai le regret de porter à votre connaissance que votre client (Moïse Katumbi) n’a pas observé le devoir de réserve qui lui était imposé en ce qui concerne les faits ayant donné lieu à l’instruction du dossier judiciaire en cours (celle relative au recrutement présumé de mercenaires étrangers) », écrivait ainsi le procureur général à un des avocats de l’opposant congolais en exil. Et d’ajouter : « Katumbi est tenu, dès réception de la présente, de se présenter devant le magistrat instructeur ». Jugez-en vous-mêmes ! Si ce n’est pas une cabale politique, à quoi cela peut-il ressembler ? Et à l’allure où vont les choses, il ne reste plus à Kinshasa qu’à lancer un mandat d’arrêt contre Katumbi, avec à l’appui une demande d’extradition auprès des autorités belges. Car, on le sait, tout le ramdam auquel on assiste, ne vise qu’un seul objectif : empêcher à tout prix le magnat de l’immobilier de se présenter à la présidentielle qui, en principe, aura lieu au plus tard en décembre prochain. C’est ce qui explique que Kabila, plutôt que de s’inscrire dans une logique d’apaisement ou de décrispation de l’atmosphère sociopolitique du pays, joue la carte du pourrissement, espérant ainsi pouvoir prolonger son bail au palais de la Nation à Kinshasa.

On le voit donc venir avec ses grosses godasses ; lui qui, envers et contre tous, a décidé de torpiller l’accord politique de la Saint-Sylvestre signé sous les bons auspices de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), et qui était censé sortir la RDC de la crise politique actuelle. Jusqu’où ira donc Kabila ? That is the question.

Boundi OUOBA


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