HomeBaromètreADAMA KANAZOE, président de l’AJIR, à propos de la réconciliation nationale : « Il est hors de question de passer par pertes et profits tous ces morts»

ADAMA KANAZOE, président de l’AJIR, à propos de la réconciliation nationale : « Il est hors de question de passer par pertes et profits tous ces morts»


Le Bureau politique national de l’Alliance des jeunes pour l’indépendance et la république (AJIR) a tenu une assemblée générale le 29 avril dernier à Ouagadougou. Présidée par le président du parti, Adama Kanazoé, membre de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle APMP) et conseiller spécial à la présidence du Faso, cette AG a permis d’échanger sur la vie du parti, la situation nationale, notamment les enjeux sécuritaire, démocratique et sur la réconciliation nationale. Sujet sur lequel  celui-ci estime qu’il  faut respecter le triptyque vérité, justice et réconciliation, car on ne peut pas, selon ses propres mots, passer par pertes et profits tous ces morts. Se tenant au même moment que le meeting de l’opposition, l’AG a également permis à  Adama Kanazoé de se prononcer sur cette initiative pour laquelle il conseille à l’opposition d’éviter de jouer le jeu des terroristes qui cherchent la moindre occasion de troubles, pour déstabiliser le pays.

 

Alors que le meeting de l’opposition battait son plein, les membres du Bureau politique national (BPN) de l’Alliance des jeunes pour l’indépendance et la république (AJIR), discutaient à bâtons rompus sur les enjeux démocratique, sécuritaire et sur la vie du parti, notamment la création imminente d’une coalition de partis en vue d’engranger une vingtaine de sièges aux prochaines législatives, et sur la réconciliation nationale. Mais quelle est la position de l’AJIR sur cette question? La réponse de son président, Adama Kanazoé, est, on ne peut plus claire. Il faut respecter le triptyque vérité, justice et réconciliation. Car, a-t-il dit, «il est hors de question de passer par pertes et profits tous ces morts ».  Il n’est pas non plus question, pour lui, qu’il y ait un déni de justice, qu’on essaie de nier aux victimes leur état de fait, qu’on essaie de nier au Burkina d’avoir connu un moment difficile et regrettable. A ses yeux, il est important pour les Burkinabè de pouvoir élucider l’ensemble des crimes, qu’ils soient économiques ou de sang.  Selon le président de l’AJIR, il est hors de question de fermer les yeux sur les souffrances endurées par certaines familles et d’aller à une réconciliation de façade. Il faut, de son point de vue, se dire la vérité en faisant la lumière sur les différents crimes. Et pour ce faire, il a conseillé d’emprunter le chemin qui rencontre l’assentiment du peuple burkinabè, celui de la vérité et de la justice. Cela, afin d’éviter de retomber dans les formules de réconciliation qui, a-t-il dit, n’ont pas prospéré, malgré les grandes fanfaronnades qu’il y a eues autour. Il faut, selon Adama Kanazoé, œuvrer à ce que tout le monde accepte le pardon, et permettre ainsi aux filles et fils du Burkina de s’unir. 

 

« On n’a pas besoin de nouveaux apôtres pour prêcher l’évangile de la réconciliation nationale »

 

A l’en croire, c’est ce schéma que le président du Faso et le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) sont en train de prôner. Et pour lui, on n’a pas besoin de nouveaux apôtres pour prêcher l’évangile de cette réconciliation nationale.  Abordant la question relative à la formation d’une coalition de partis, le président de l’AJIR justifiera qu’après analyse des résultats obtenus aux différents scrutins, le parti a compris la nécessité d’opérer des choix stratégiques afin de pouvoir se renforcer. D’où l’idée d’œuvrer au rassemblement des partis de la gauche. Mais comme certains pourraient le penser, l’AJIR n’adhérera pas au Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), foi de Adama Kanazoé qui a précisé qu’il ne s’agit pas d’une fusion  mais plutôt d’une coalition forte, capable de réussir aux  législatives de 2020, à mettre une vingtaine de sièges dans son escarcelle. Pour lui, il y a  une pléthore de micros partis au Burkina, mais très peu s’en sortent. C’est au vu de ce constat qu’il a été jugé utile de sortir du schéma des micros partis pour  aller vers des ensembles plus larges, plus conséquents et qui peuvent mieux animer la vie politique et participer de façon plus importante à la gestion du pays.  Il a, du reste, félicité les militants de l’AJIR pour le travail accompli par ce jeune parti qui a vu le jour en 2014, mais qui a fortement, selon ses propres mots, contribué à l’avènement d’une nouvelle ère démocratique au Burkina.  Et cela, à travers sa participation à la lutte contre le référendum, mais aussi sa participation aux différentes consultations électorales qui ont permis d’avoir à la tête du pays,  un président démocratiquement élu. Réagissant aux propos de l’opposition qui dénonce l’incapacité du pouvoir à trouver des solutions aux problèmes des Burkinabè, Adama Kanazoé dira qu’il est bon de savoir que le président du Faso a été élu pour un mandat de 5 ans et l’on devrait lui permettre de travailler avec plus de sérénité.

« L’opposition ne peut pas faire la sourde oreille face aux crépitements de balles dans le Nord du pays »

 

Sans dénier le droit à l’opposition de jouer son rôle républicain, celui de contre-pouvoir, d’animer la vie politique, Adama Kanazoé estime qu’elle devrait, par rapport à la tenue de son meeting, tenir compte d’un certain nombre de facteurs. «L’opposition ne peut pas faire la sourde oreille face aux crépitements de balles dans le Nord du pays. Elle ne peut pas faire semblant de ne pas voir la conjoncture économique nationale et internationale. L’opposition ne peut pas non plus faire semblant d’ignorer que dès son arrivée au pouvoir, le président Roch Marc Christian Kaboré s’est tout de suite retrouvé confronté à des situations difficiles, notamment les attaques terroristes, les mouvements sociaux avec les syndicats qui veulent tout, tout de suite et maintenant », a-t-il martelé.  Il y a des facteurs exogènes et bien entendu des facteurs endogènes, a-t-il reconnu, qui ont mis à mal le démarrage du programme présidentiel. Malgré tout, le président Kaboré, a-t-il souligné, n’a pas baissé les bras. Loin s’en faut. Il a enregistré des acquis  dans les domaines sanitaire, avec la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, de l’eau  avec la réalisation de plus de 1 500 forages, sans oublier le recrutement  de près de 400 médecins en une seule année, s’est-il réjoui.  Qu’on l’aime ou pas, il faut savoir que Roch Marc Christian Kaboré, a estimé Adama Kanazoé, respecte tous les pouvoirs. « Ce président-là ne s’immisce pas dans les affaires judiciaires, ce président-là ne s’immisce pas dans la gestion de l’Assemblée nationale », a-t-il asséné avant d’ajouter qu’il y a une transparence dans la gestion du président Kaboré.   De l’avis d’Adama Kanazoé, Roch Marc Christian Kaboré est un président de consensus, car il s’est toujours évertué à dégager un consensus autour de chaque sujet, et à son avis, la question de la nouvelle Constitution est l’exemple le plus illustratif de sa volonté d’avoir le consensus de chaque Burkinabè. « Ce président-là n’est pas pour l’injustice, il n’est pas pour l’impunité. C’est pour cela que sur la question de la réconciliation nationale, il estime qu’il est important que la Justice aille jusqu’au bout et que tout soit transparent afin qu’ensemble, les Burkinabè puissent se pardonner et avancer ».

Se prononçant sur la question sécuritaire, le président de l’AJIR fera savoir qu’il y a un regain de confiance au sein des Forces armées nationales qui ont lancé une contre-offensive contre les terroristes, qui porte des fruits. Mais, a-t-il averti, il faut rester très attentif, car l’ennemi a certes subi des coups durs, mais n’a pas encore dit son dernier mot. Il a surtout estimé qu’il serait bon de continuer à encourager les FDS, à les équiper en matériel adéquat et à renforcer la collaboration entre elles et les populations.   Cela est d’autant plus nécessaire que c’est le terrorisme  qui veut, a-t-il accusé, nous empêcher de mettre en œuvre le Plan national de développement économique et social (PNDES). 

 

Eviter de jouer le jeu des  hors-la-loi

 

L’ambition de ces terroristes, a-t-il révélé, est de créer une situation sécuritaire tellement effroyable qu’elle fera fuir les investisseurs du pays. Et l’opposition devrait, a-t-il soutenu, tenir compte de tout cela pour éviter de jouer le jeu de ces hors-la-loi qui profitent de tout élément de déstabilisation et de trouble dans le pays, pour continuer à s’installer et à déstabiliser le pays.  « Nous devons tous être unis autour du chef de l’Etat, pour lui donner plus de chances de pouvoir dérouler son mandat. Il a été élu pour 5 ans. Que tout le monde se le tienne pour dit, le président Roch Marc Christian Kaboré dirigera ce pays pendant 5 ans. Les populations ont le choix ensuite de ne pas lui renouveler leur confiance. Mais en attendant, c’est un président légitime, qui a été élu avec 53% des voix, qui nous a tous battus à plate couture et nous devons respecter le choix des électeurs », a-t-il rappelé.  Pour Adama Kanazoé, chacun devrait, dans ses attitudes, respecter ce choix-là et permettre au président d’aller jusqu’au bout de son mandat. « Jugeons-le aux résultats, à la fin de son mandat », a-t-il conclu.

 

Dabadi ZOUMBARA

 

 

 


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