HomeA la uneADOPTION PAR LE CONSEIL DES MINISTRES DU PROJET DE LOI VISANT LA REVISION DE LA CONSTITUTION : Hommes politiques et citoyens se prononcent

ADOPTION PAR LE CONSEIL DES MINISTRES DU PROJET DE LOI VISANT LA REVISION DE LA CONSTITUTION : Hommes politiques et citoyens se prononcent


La volonté du chef de l’Etat de modifier la Constitution est désormais officielle. En effet, le Conseil extraordinaire des ministres, tenu le 21 octobre 2014 à Kosyam, a adopté un projet de loi qui sera soumis à l’Assemblée nationale pour convoquer un référendum sur la révision de la Constitution. Comment cette nouvelle a-t-elle été accueillie par les populations de Ouagadougou ? Nous avons tendu notre micro à des hommes politiques et à des citoyens lambda et voilà leurs points de vue.

 

Me Bénéwendé Sankara, président de l’UNIR/ PS

 

« Nous allons nous préparer à la  désobéissance civile »

 

 « Les masques sont tombés bas.  C’est la preuve que quand nous disions que le chef de l’Etat, Blaise  Compaoré, et sa majorité avaient un agenda caché suite à l’échec  du  dialogue, nous voyions venir. Ils y sont arrivés.  C’est  la preuve manifeste que  ce que le peuple,  depuis des mois et des mois,  dénonce comme velléité du régime de la IVe   République de tripatouiller la Constitution n’était pas du bluff.   Aujourd’hui,  c’est une volonté affichée du pouvoir de chercher, par tous les voies et moyens possibles,  à  modifier l’article 37 de la Constitution pour  offrir un pouvoir à vie à  M. Compaoré.  C’est certainement méconnaître le peuple burkinabè qui, même s’il a mis du temps à accepter   de souffrir sous ce pouvoir, est prêt à  s’offrir un changement en 2015.  Quel que soit le procédé, la méthode utilisée  pour modifier l’article 37,  Blaise Compaoré et ses partisans  trouveront  ce  peuple sur son chemin.  Je dois aussi reconnaître que c’est une reculade du pouvoir, parce que les caciques du régime pensaient que  le chef de l’Etat pouvait utiliser l’article   49 et aller directement  au référendum.  Passer par l’Assemblée nationale pour obtenir le  référendum, rien n’est encore joué, rien n’est encore gagné.  Attendons de voir ce que les députés vont faire, parce qu’il est vrai qu’il se susurre qu’il y a une forte odeur de corruption et de clientélisme qui se développe à l’Assemblée nationale, mais je  pense qu’il y a des députés intègres qui vont se battre jusqu’au bout pour  que cette loi sur le référendum ne passe pas.    A l’UNIR/PS,  nous sommes sereins. Nous  avons déjà annoncé les  couleurs, à savoir que  nous userons des  dispositions de la Constitution qui prévoient   la désobéissance civile. Nous allons nous préparer à cela. Il y aura une recomposition de la classe politique à l’Assemblée nationale.  Je lis  depuis hier que l’ADF-RDA  est en train de vouloir changer de position. Je n’en sais rien, mais le discours officiel disait qu’ils étaient contre la modification de l’article 37,  mais on ne sait jamais.   Il y a aussi que le MPP est une formation politique transfuge  du CDP. On ne sait pas si les députés qui ont la liberté de voter, le  vote de la Constitution se fait à  bulletins secrets,  vont encore suivre les consignes  de leurs partis politiques.  Au regard de ces considérations, rien n’est véritablement joué.  Même au pire des cas où cela devrait se faire parce qu’il faut une majorité simple pour décider du principe et une majorité hyper qualifiée des  ¾ pour aller au référendum parlementaire, je dis que, quel que soit le cas de figure, c’est le principe même   de modifier l’article 37 qui pose problème aux Burkinabè.  Parce que le pouvoir personnel est proscrit. Nous défendrons les principes et les valeurs de démocratie jusqu’au bout (…) Nous sommes tenus de résister, de dire non au référendum, non à la modification de l’article 37».

 

Simon Compaoré, 2e vice-président du MPP

 

«Tous les démocrates doivent se mobiliser pour faire échec  à ce référendum»

 

 «Comme la plupart des Burkinabè, nous sommes déçus. Déçus mais pas étonnés.  On constate avec beaucoup de regrets que le pouvoir a choisi  de passer par  la méthode forte. C’est le passage en force pour résoudre cette crise qui n’est qu’à ses débuts.   Tout porte à croire que le fameux dialogue n’était que de la poudre aux yeux de l’opinion.  Il y a vraiment à craindre que notre  pays  ne soit mis à rude épreuve.  C’est une très grande déception pour les démocrates de ce pays et tous ceux qui sont épris de paix et de justice,  qui aiment passionnément le Burkina  de voir que nos responsables ont  choisi de façon brutale la voie de l’épreuve de force.   C’est  vraiment regrettable. Ce qui est sûr,  c’est que c’est une décision qui appelle à une réaction de l’Opposition. Déjà,  le nombre de coups de fil que nous avons reçu de l’extérieur, depuis l’annonce du compte rendu  du Conseil des ministres extraordinaire, prouve que la déception est grande au-delà des frontières du Burkina.

 

Ce projet de loi a-t-il une chance de passer à l’Assemblée nationale ?

 

Peut-être qu’ils n’auront pas les  ¾  des députés ! (…) A moins que d’autres partis ne fassent fausse route ; sinon obtenir les ¾  sera  difficile.  Maintenant,  comme tout le monde le dit, tout  dépend de l’ADF-RDA.   Mais ce n’est pas cela le problème. Le  problème, c’est quelle va être  la réaction du peuple ?  C’est cela l’aspect important  qui inquiète plus d’un.   On  sait qu’il y a une frange importante de la population  qui est contre la tenue du référendum (…). Tous les démocrates et tous   les patriotes  doivent se mobiliser pour faire échec  à ce référendum. »

Nouphé Bamogo, citoyen

 

« La modification de l’article 37 de la Constitution devrait se faire dans un cadre consensuel »

 

« Je pense que la décision, sur le plan juridique, est légale parce que la Constitution confère un certain nombre de prérogatives au chef de l’Etat pour pouvoir effectivement jouir de tout ce qui lui revient de droit. Il a usé de ses prérogatives pour solliciter l’Assemblée nationale. Mais en tant que citoyen, je pense que la modification de l’article 37 de la Constitution devrait se faire dans un cadre consensuel, où tous les fils et filles du Burkina Faso seraient unanimes sur la question. Si je me réfère aux travaux du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), il y a des recommandations pertinentes qui sont faites pour assurer une gouvernance démocratique apaisée, prospère. Pour l’article 37 de la Constitution, tout Burkinabè a sa lecture et sa compréhension. Il ne faudrait pas que ce problème divise davantage le peuple burkinabè. Nous ne souhaitons pas également vivre ce que nous avons vu à travers les médias dans d’autres pays. Cela  n’honore pas le Burkina Faso.»

Jean Francis Ilboudo, citoyen

 

« Je suis déçu de ce qui a été décidé à l’issue de ce Conseil des ministres »

 

« Je suis déçu de ce qui a été décidé à l’issue de ce Conseil des ministres. Je pense que lorsqu’on est ministre d’un Etat, avec la situation qui prévaut au Burkina où la paix est menacée, et qu’on  prend de telles décisions, on met le peuple en conflit. Quelqu’un disait que lorsqu’on veut la paix, on prépare la paix. Tout le monde sait que pour préserver la paix dans ce pays, c’est simple : il faut respecter la Constitution. Si on respecte la Constitution, rien ne va se passer. Mais vouloir l’outrepasser, en cherchant des failles pour dire qu’on va convoquer le peuple pour le référendum, qu’on va appeler les représentants du peuple pour qu’ils se prononcent, c’est diviser la population, c’est créer des précédents. Et tout ça pour des Hommes qui sont mortels et qui peuvent à tout moment être rappelés à  Dieu. C’est vraiment dommage, car  je ne pensais pas que des responsables de ce pays pouvaient s’asseoir et créer des précédents pour ce pays.»

Ibrahim Ouédraogo, commerçant

 

« C’est le peuple qui est seul maître du jeu »

 

« C’est une bonne chose. Je ne sais même pas pourquoi ils ont tant tardé avant de le faire. Le peuple souhaite que le président reste, car il lui reste beaucoup de chantiers à terminer. Et pour ce faire, il est nécessaire que la Constitution soit modifiée. Quoi que les uns et les autres pensent, c’est le peuple qui est souverain et  le seul maître du jeu. Cette décision est la bienvenue et l’Assemblée nationale doit adopter ce projet de loi au plus vite, pour que le peuple soit enfin convoqué pour trancher sur la question.»

 

Dominique Yaméogo, SG de l’Union régionale du Centre de la CGTB

 

« Cela est  une mauvaise chose »

 

« Si le Conseil des ministres a décidé de s’adresser à l’Assemblée nationale pour modifier une fois encore la Constitution afin de permettre au président de se représenter, cela est  une mauvaise chose. La Constitution  a été tripatouillée, retouchée, modifiée, on l’a vidée de son vrai contenu et on continue de  vouloir que le président se représente. Les gens ont de vrais problèmes dans ce pays. La vie est chère, il y a le chômage des jeunes, etc.  Regardez  la situation catastrophique qui prévaut actuellement au niveau des différents ordres de l’enseignement. C’est grave ! Des élèves orientés en  classe de 6e n’ont toujours pas de place. L’autre jour, j’étais à un panel à l’université où des étudiants ont affirmé avoir fait 6 ans pour obtenir leur Licence et jusqu’à présent, certains  ne l’ont pas avec le système Licence-Master-Doctorat (LMD) mis en place, alors que les conditions n’étaient pas réunies. Avec l’ancien système, en 3 ans, on pouvait avoir la licence. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est le reflet du travail du gouvernement sous la direction du président Blaise Compaoré. S’il avait résolu un tant soit peu ces problèmes, on  pouvait  le laisser continuer. On ne sait pas ce qu’il veut faire vraiment. La question de fond n’est pas le tripatouillage de la Constitution. Il a mis en place un système  qui n’est pas bon, qui ne permet pas aux Burkinabè de résoudre leurs problèmes. Je suis contre cette énième modification de la Constitution ».

 

Edouard Sawadogo, étudiant

 

« Je  pense que cela ne présage rien de bon »

 

« J’ai été déçu quand j’ai   appris la  nouvelle. Parce qu’à travers les différentes  manifestations, le peuple a montré de façon assez claire sa position sur la question de la révision de la Constitution. On avait pensé à un moment donné que le président allait sortir  de son silence et opter pour la sagesse. Malheureusement, cela n’a pas été le cas avec une telle décision et je  pense que cela ne présage rien de bon. Les positions sont tranchées et si de telles décisions sont encore prises, on espère un miracle mais ce serait compliqué.»

 

Bernard Ouédraogo, étudiant en SVT

 

« Que les uns et les autres aient une hauteur d’esprit »

 

« Tout ce que je peux dire, c’est que les uns et les autres aient une hauteur d’esprit avec cette nouvelle donne.  Que ce soit les partis de l’Opposition ou de la Majorité, tous doivent œuvrer de façon consciencieuse pour le bien de ce pays. Nous les invitons à se surpasser pour éviter le chaos à notre pays. »

 

Assita Zongo, ménagère

 

« Je pense que c’est une décision sage »

 

« La situation n’a que trop duré. On a vraiment marre de vivre dans cette situation de ni paix ni guerre. Les députés n’ont qu’à faire ce qu’ils ont à faire pour que le peuple se prononce. Si nous sommes divisés, le seul moyen de trancher la question est d’aller dans les urnes. Moi, je pense que c’est une décision sage. Et à ce que je sache, les autorités respectent toujours le jeu démocratique ; elles sont dans la légalité.»

 

Propos recueillis par Colette DRABO, Thierry SOU et Issa SIGUIRE


Comments
  • c’est regrettable cette décision, tout ce que je sais c’est qu’il n’y aura plus de paix dans ce pays, le donneur de leçon a échoué dans son propre pays, Blaise n’échappera pas à son destin. comme le dirai l’autre “il y a des signes qui ne trompe pas”. les mossi disent, bass neeré soong sing neeré.
    c’est maintenant que vous devriez comprendre que Blaise n’aime pas les Burkinabés. tout comme il n’aimait pas son ami et frère SANKARA, il ne vous aime pas n’ont plus.

    s’il laissait les choses en l’état, ses partisants n’allait rien lui faire et le pays allait rester dans la paix, mais comme il a décider autrement, il ne pourra pas contenir la haine de toutes ces personnes qui veut l’alternance.
    comme il est écrit dans la Bible : ” qui tue par l’épée périra par l’épée”

    wait and see

    22 octobre 2014
    • Très bonne analyse ! Le peuple Burkinabé n’attend plus que la réaction de son armée.
      Vous avez le feu vert !!!
      Rectifions la rectification !

      22 octobre 2014
  • Je suis triste pour mon peuple; cette décision est catastrophique pour le Burkina; il a eu beaucoup d’exemples devant lui mais s’en est moqué; nul n’est immortel et nul n’est irremplaçable; avec cette décision il vient irrémédiablement d’activer la roue de son propre destin; il a choisi de sortir par la petite porte au lieu de la grande, alors qu’il soit ainsi! Comme on l’a si bien di, qui a tué par l’épée périra par l’épée et cela sera certainement vrai pour lui dans les mois qui viennent. Le vin de la colère du peuple a été tiré et il ne lui restera qu’à le boire, dommage pour les vies innocentes que les évènements à venir emporteront mais ce sera le prix que les burkinabés devront payer.

    22 octobre 2014
  • Ce n’est pas facile de faire une froide analyse de la situation nationale qui est passionnelle. Rien que le regard méprisant du chef de l’état sur certaines photos révolte. L’aire de supériorité et de domination montre qu’il considère les autres comme des moins que rien. Pourtant, ne voulant pas se mettre à dos la communauté internationale il cherche à rester dans la légalité. Dans ce cadre il reste dans son droit. Il est du droit du Gouvernement de faire des projets de lois que les représentants du peuple à l’assemblée vote. Par transition, la voie d’un député est pondérée du quotient électorale qui a servie pour son élection car tous ont le même poids dès qu’ils sont élus. Normalement cette démocratie représentative permet que le peuple se retrouve si ses élus lui reste fidèles. Ce n’ai pas vrai au Burkina Faso car dès leurs élection nos députés nous tournent le dos et nous narguent.
    Maintenant tout projet de lois du gouvernement passe mais le fait qu’il soit voté ne signifient plus qu’il est consenti par le peuple à cause de la fracture entre le peuple et ses représentants.
    Aussi, en cas de son désaccord avec les lois votées le peuples ne doit-il s’en prendre que premièrement à ses représentants qui les auraient trahi. La Rançon de la trahison devrait être connu et constitutionnellement appliqué. Si c’est une fatwa il faut effectivement la lancer à nos premiers représentants afin qu’ils ne franchissent pas le rubicond. Il faut qu’ils sachent raison garder car nos gourdins, machette, mousquetons et autres poisons occultes vont parler dans les jours qui suivent ; “le vieux cupide à préservé l’intégrité de ces côtes en votant sagement”, selon le Mogho Naba Boukary Koutou. Chers élus et peuple, à vos plots.

    22 octobre 2014
  • Toi Assita Zongo ménagère; tu sais pourquoi tu es restée à la maison, femme au foyer? C’est parce que ce régime à échouer à faciliter ta quête d’emploi, tout comme il a échouer à mettre en place les vraies conditions d’une bonne éducation pour nos enfants; Imprégnez-vous du continuum ou du système LMD dans nos universités et vous comprendrez la grosse arnaque mise en place. Pitié, ne parlez pas de quelque que vous comprenez pas! A moins d’être de mauvaise foi manifeste comme Laurentine… Après 28 ans de pouvoir, reconnait que Blaise a donné ce qui pouvait donné. En tant qu’humain, vous devez savoir qu’aucune œuvre n’est parfaite ici-bas. Et ce faisant, qu’il accepte passer la main à un autre, fut-il du CDP(ce ne sont pas les compétences qui y manquent, loin s’en faut). Le pays gagnerait en temps et surtout en argent! Ce écrit est aussi valable pour tous ceux qui déifie blaise au nom de leurs intérêts personnels, au détriment de l’intérêt général. Rentrez dans les campagnes, dans les familles et vous comprendrez que la comédie n’à que trop duré

    22 octobre 2014
  • Vraiment déplorable, déplorable parce que soutenir la volonté d’une seule personne de rester au pouvoir veut dire que tous ceux qui le soutiennent sont d’accord qu’ils sont des incapables, qu’ils ne sont pas à mesure de gérer le pays, puisqu’ils épousent l’idée de Blaise qui dit ne pas voir quelqu’un à mesure de gérer le pays en dehors de lui. Des chantiers????!!! Maurice YAMEOGO ne les a pas achevés, ni LAMIZANA, ni Saye ZERBO, ni SANKARA, chacun d’eux a eut des projets pour le pays, ils ont entamé des chantiers, aujourd’hui ils ne sont plus la, mais ça n’a pas arrêté que l’histoire se poursuive, que le BURKINA avance; Alors Mr Blaise COMPAORE de grâce allez vous-en: NUL N’EST INDISPENSABLE. Et si tu meurs demain? Mrs les pro-referendum et si Blaise meurt? De grâce Mr COMPAORE prenez vos responsabilités et faites face votre peuple.

    22 octobre 2014
  • Moi particulièrement je disait que même sans référendum Mr le président n’avait pas la volonté de quitté le pouvoir. mais le président oubli,que le peuple qui le soutenait à vieillit et actuellement est malade et mourant sans linceul.Passer devant la C N S S , dans les infirmeries,vous comprendrai les 27 année du pouvoir de Mr le président, nous somme nargué par les cdpiste .IL qu’ont mettent débout comme un seul homme pour défendre patrie et ne soyons pas des enfants né du premier pouvoir de nation

    22 octobre 2014
  • A QUAND LE COUP D’ETAT CONSTITUTIONNEL POUR NOUS SAUVER DES MAINS DE CE VAMPIRES

    23 octobre 2014

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