HomeBaromètreAFFAIRE BASSOLE : Le NTD met en garde les OSC

AFFAIRE BASSOLE : Le NTD met en garde les OSC


 

 

Ceci est une opinion d’un militant du Nouveau temps pour la démocratie (NTD), Prince Relouindé 1er Ouédraogo, à propos de l’affaire Djibrill Bassolé.

 

L’actualité est marquée dans notre pays, depuis un certain temps, par des manifestations, des déclarations pour et contre la détention et la libération de Djibrill Bassolé. On assiste à des prises de position avec passion, de responsables politiques et d’Organisations de la société civile (OSC) qui mettent en danger la paix et la stabilité de notre pays. Dans cette guerre entre OSC et hommes politiques pour le contrôle du pouvoir de décision ou l’influencer chacun en sa faveur, tous les arguments et les moyens sont permis, même s’ils sont en déphasage avec les textes et les lois de notre pays ; pourvu que l’intérêt individuel et partisan soit préservé au détriment de l’intérêt supérieur de la Nation.

La plupart de ces hommes se trompent d’époque ou pensent que la démocratie permet de tout faire, comme si la démocratie était le stade suprême de l’anarchie. La violation de nos textes, de nos lois, la défiance de nos institutions, de nos autorités par des OSC et hommes politiques (députés) sur la base de l’absurdité, de la subjectivité pour semer le doute dans l’esprit des honnêtes citoyens en matière de gouvernance, sont une supercherie, un cul-de-sac. Il n’y a pas longtemps, on reprochait à l’ex-président Blaise Compaoré de privilégier l’homme fort aux institutions fortes pour l’ancrage de la démocratie dans notre pays. A la faveur de l’insurrection populaire, les hommes politiques et les OSC forts, animés d’une volonté implacable, ont saisi l’opportunité pour adopter des textes et des lois garantissant l’émergence d’institutions fortes au Burkina Faso. Il fallait absolument procéder à des réformes en profondeur du pouvoir judiciaire, tant ce pouvoir était critiqué et diabolisé au regard des dossiers pendants ou qui n’ont pas donné satisfaction à certains justiciables. A tort ou à raison, notre Justice était criblée de critiques, accusées de corruption.

Dans cette logique, les sommités de la Justice, les responsables d’OSC, les éminents hommes politiques de l’époque, réunis le 23 février 2015 dans la salle de conférences de Ouaga 2000, ont fait un diagnostic sans complaisance de l’état de la justice sous la présidence de Michel Kafando sous la Transition, en prélude aux Etats généraux de la Justice. Il est ressorti de ces travaux que notre Justice n’était pas indépendante et les magistrats n’étaient pas à l’abri de corruption, en raison de leur traitement salarial. Le président du Faso était en même temps le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et donc, cela ne garantissait pas une Justice indépendante. De même, le mode de désignation des magistrats dans les différentes institutions judiciaires, traduisait une immixtion systématique du pouvoir politique dans les affaires judiciaires. Alors, des recommandations qui en ont découlées, il y a l’augmentation salariale des magistrats, l’octroi d’avantages dans le but de les mettre à l’abri de la tentation et de la corruption ; l’indépendance réelle du pouvoir judiciaire qui se traduirait par un nouveau mode de désignation des magistrats dans les différentes institutions judiciaires. Dans cette nouvelle configuration, le président du Faso ne sera plus président du CSM.

Le CNT a adopté les textes et voté la loi sur l’indépendance de la Justice, à la satisfaction du peuple burkinabè, car la démocratie se mesure à travers la compétence de sa Justice. Cette indépendance n’est pas circonstancielle. Elle n’est ni liée à un individu, ni à un homme politique encore moins à une OSC. Elle a ses exigences que tout le monde doit respecter. Le président Roch Marc Christian Kaboré n’a pas tardé, lui aussi, à mettre en œuvre les textes et les lois adoptés par le CNT en matière d’indépendance de la Justice. Les Burkinabè, dans leur ensemble, sont viscéralement contre l’injustice. Ils se sont mis immédiatement en branle, de façon spontanée, pour la combattre sous toutes ses formes, pour défendre l’intérêt général de la nation.

Aujourd’hui, nous déplorons le comportement de certains hommes politiques et OSC dans l’affaire Bassolé, depuis sa détention jusqu’à sa libération provisoire. Que ceux qui manifestent pour la libération de Djibrill Bassolé ne crient pas victoire, car à mon humble avis, les juges ont dû agir selon l’humanisme que chacun de nous a vis-à-vis de son prochain en souffrance physique et vis-à-vis des lois et des textes, de la déontologie du métier et des droits du détenu pour statuer, en attendant le jugement. La libération provisoire de Bassolé n’est pas liée à une quelconque pression d’OSC ou d’hommes politiques. Depuis sa mise en liberté provisoire, on ne tarit pas de critiques acerbes contre le président Roch, comme si c’est lui qui avait donné l’ordre de le libérer. Toute la force et la puissance du président, c’est de s’être élevé au-dessus de la mêlée pour le respect des textes, malgré les pressions exercées çà et là par les pro de la détention et de la libération de Bassolé.

Ceux qui prônent le retour immédiat de Djibrill Bassolé en prison se trompent, car l’indépendance de la Justice est irréversible. Il n’appartient pas à des individus organisés de s’ériger contre les décisions judiciaires, car la justice n’a pas dit son dernier mot et c’est prématuré de tirer une conclusion sur cette affaire. Ce qui est grave, c’est l’instrumentalisation des élèves par certaines OSC pour exiger le retour de Djibrill Bassolé en prison. Cette attitude est à condamner avec vigueur, car elle constitue une entrave à une décision de Justice. Les OSC qui doivent jouer un rôle prépondérant dans l’éducation citoyenne auprès des élèves et des populations de façon objective, s’écartent de cette noble mission. Chacun de nous gagnerait à dire la vérité sur l’affaire Bassolé, à cultiver le civisme, le respect de nos textes et de nos lois, la tolérance au lieu de passer le temps à défier l’autorité de l’Etat. Le président Roch s’est illustré ferme, neutre et fidèle aux principes de l’indépendance de la Justice. Il appartient aux juges de se montrer aussi fermes pour règlementer l’ordre public, car une décision judiciaire dubitative entraîne aussi le désordre.

Nous ne pourrons pas tolérer que la rue dicte toujours sa loi, que des gens se rendent justice eux-mêmes dans un Etat de droit. L’édification d’un Etat de droit a un prix à payer et c’est ce à quoi le président Roch s’attèle lentement mais sûrement, car nous n’avons pas que la rancœur à partager. La construction du Burkina exige la contribution individuelle et collective de tous, dans l’amour et la sincérité réciproques.

Prince Réleouindé 1er Ouédraogo, secrétaire provincial du Nouveau temps pour la démocratie (NTD), Yatenga (Ouahigouya)

 

 

 

 

 


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