HomeA la uneAFFAIRE DABO BOUKARY : « Pourquoi s’indigner tant des propos de Me Halidou Ouédraogo ? »

AFFAIRE DABO BOUKARY : « Pourquoi s’indigner tant des propos de Me Halidou Ouédraogo ? »


La récente sortie médiatique de Me Halidou Ouédraogo sur l’affaire Dabo Boukary n’en finit pas de provoquer des vagues. Chacun y va de ses commentaires. C’est le cas de l’auteur du texte ci-dessous, qui pense que Me Halidou Ouédraogo a, une fois de plus, été « victime de son honnêteté intellectuelle ». Lisez plutôt pour en savoir davantage !

 

J’ai connu Maître Halidou Ouédraogo et son ami le regretté Aimé Nikiéma (Paix à son Âme !) depuis 1978, au début de la profonde crise qui a marqué l’UGEV. Ils étaient tous deux étudiants en fin de cycle. En tant que militant du  SUVESS, puis du SYNTER, j’ai pu suivre tout le parcours de Maître Halidou Ouédraogo pendant les périodes de luttes de notre peuple pour les libertés démocratiques et la justice sociale,  de 1980 à nos jours.  Je connais  M. Salifou Diallo à travers les médias uniquement.  Je voudrais apporter ma modeste contribution aux débats qui ont animé les réseaux sociaux ces derniers temps, suite aux propos  tenus par Maître Halidou au sujet de l’affaire Dabo Boukary (Paix à son Âme !). Ces réactions étaient prévisibles.  Face à une situation donnée, certains réagissent avec émotivité et d’autres, avec discernement. Ceux qui ont condamné les propos de Maître Halidou Ouédraogo, ne conçoivent pas que chez une personne qu’on dit, à tort ou à raison, méchante ou immorale, on puisse trouver  une quelconque qualité.  Leur perception de l’être humain est quelque peu rigide. S’ils ont une aversion pour quelqu’un, ils ont de sérieuses difficultés à accepter que l’on dise que ce dernier a commis un acte positif par rapport à une situation donnée ou vice versa. Si Maître Halidou avait déclaré que M. Salifou Diallo était le commanditaire de l’assassinat crapuleux de Dabo Boukary, ces gens auraient applaudi à se rompre les mains sans se soucier de savoir si Maître Halidou avait la moindre preuve de ces accusations. Ces personnes auraient approuvé Maître Halidou parce que ses déclarations correspondraient à leur profond désir. Faisons la part des choses. Exemple :   M. Salifou Diallo a-t-il été longtemps un des bras droits de Blaise Compaoré ? Pour moi, la réponse est « oui ! ». M. Salifou Diallo a-t-il contribué activement à la chute du régime de Blaise Compaoré ? Ma réponse est « oui ! ». Quel que soit ce qu’on pense de ce monsieur et quelle que soit la raison qui l’a poussé à poser cet acte positif pour le peuple burkinabè, le fait est là. Le nier, c’est manquer d’honnêteté intellectuelle. Reconnaître les mérites de son adversaire et surtout de son ennemi par rapport à une situation donnée, c’est faire preuve de grandeur d’esprit. Les faits restent les faits. Ils sont indépendants de nos sentiments.  Maître Halidou Ouédraogo, qui a un penchant « maladif » pour la justesse et la justice,  a apporté son témoignage sur des événements qu’il a vécus pendant la période de l’arrestation de l’étudiant Dabo Boukary . Il a dit quel rôle a joué M. Salifou Diallo selon ce qu’il a vécu et il en a donné une appréciation. Jusqu’ici, à mon avis, il est dans son droit le plus absolu, en tant que citoyen. Si  aujourd’hui, à travers les investigations de la justice, il ressort que M. Salifou Diallo a adopté de tels comportement et attitude envers la délégation du MBDHP pour l’induire en erreur alors qu’il était  impliqué dans l’assassinat de de Dabo Boukary, nous le saurons bientôt. Nous dirons alors à Maître Halidou Ouédraogo qu’il s’est fait « rouler dans la farine» par M. Diallo et que son appréciation était erronée.  Maître Halidou Ouédraogo n’est pas le juge chargé d’instruire cette affaire. Pourquoi donc s’indigner tant  de ses propos ?  Il a également déclaré  que le Général Diendéré a facilité les audiences que les différentes délégations du MBDHP ont eues avec le Président du Faso. Ce sont là aussi des faits qu’il a vécus.  Avouons qu’il n’y a qu’un intellectuel digne de ce nom, qui soit capable de dire de telles vérités dans le contexte actuel que nous vivons. Ces propos ont-ils empêché que le Général soit inculpé dans l’affaire Dabo Boukary par le juge? Maître Halidou Ouédraogo veut-il signifier par ses propos, que M. Salifou Diallo et le Général Diendéré sont des hommes  politiques irréprochables par rapport aux nombreuses violations  des droits humains commises sous le régime de Blaise Compaoré ?  Soyons sérieux ! Le Burkinabè qui soupçonnerait Maître Halidou Ouédraogo d’accointances avec un quelconque  régime politique de notre pays, doit reconnaître  son ignorance totale de la vie politique nationale, à moins qu’il ne fasse preuve d’une mauvaise foi manifeste. Il est vrai que, dans une certaine mesure, Maître Halidou dérange!  Pour beaucoup de nos intellectuels, désireux de se faire bonne conscience, il faut qu’il flanche pour que soit confirmé l’argument  selon lequel : « Il faut être réaliste! Le Système est comme ça, on n’y peut rien ! ». Maître Halidou Ouédraogo a eu raison de ne pas répondre à ces « attaques ». Comme dit l’adage, « Il ne faut pas débattre avec un idiot. Il vous descend à son niveau et vous bat à la faveur de l’expérience. »

Maître Halidou Ouédraogo a certes, des défauts comme nous tous par ailleurs, mais je pense sincèrement qu’il a beaucoup fait  pour son pays en matière de libertés individuelles et collectives. Il a pleinement joué sa partition en tant qu’intellectuel patriote.  Il est un des rares intellectuels dont notre pays doit rester très fier. Il est pour moi  un modèle de courage et de fidélité à ses idéaux politiques. Il est un modèle dont doivent s’inspirer  les jeunes générations. Insinuer que cet homme, aujourd’hui  usé par ces longues années de combat pour la liberté et la justice, au soir de sa vie, est en train de tout brader, est complètement absurde, à moins qu’il ne soit atteint d’une  démence profonde, auquel cas, nous devons lui venir en aide au lieu de le blâmer.

 

  1. Bali NEBIE

Professeur certifié à la retraite/Ecrivain

[email protected]

NB ; SUVESS : Syndicat unique voltaïque des enseignants du secondaire et du supérieur

SYNTER : Syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la recherche.

UGEV : Union Générale des Etudiants Voltaiques

 


No Comments

Leave A Comment