HomeOmbre et lumièreAFFAIRE DE PATENTE MINIERE DANS LE SAHEL : Falagountou prône le consensus et la cohésion sociale

AFFAIRE DE PATENTE MINIERE DANS LE SAHEL : Falagountou prône le consensus et la cohésion sociale


Dans le cadre de ses activités, toute entreprise installée sur un territoire est tenue à la paie d’une patente. Après un certain temps d’exonération, la mine d’Essakane commencera à s’acquitter de cette patente auprès des communes de Falagountou, Gorom-Gorom et Markoye. Mais, si Iamgold Essakane S.A est déjà disposée à payer cette patente, c’est son partage qui cause problème et fait couler beaucoup d’encre et de salive. Et la commune de Falagountou a décidé d’apporter sa part de vérité sur cette affaire le mercredi 6 septembre dernier.

 

«Il faut qu’on dépassionne ce débat et qu’on comprenne que la jeunesse de la région du Sahel a besoin d’être accompagnée. Nous faisons face à l’insécurité, donc nous ne pouvons pas nous permettre d’ouvrir un autre front. Ce qui nous unit est plus important que les questions financières. Il faut que la jeunesse sahélienne se soude pour le combat du développement de notre région.» C’est ainsi que s’est exprimé Saïdou Maïga, maire de la commune de Falagountou, sur ce que d’aucuns ont qualifié d’« affaire de patente ». Et cette affaire a valu la tenue d’une session spéciale, les 29 et 30 août derniers par la commune de Gorom-Gorom. A cette occasion, la commune de Gorom-Gorom a rejeté la proposition visant à partager cette patente en trois parts égales entre Falagountou, Gorom-Gorom et Markoye. C’était une proposition faite par le gouverneur de la région du Sahel lors d’une rencontre tenue à Dori le 24 août 2017 et qui n’avait pas fait de consensus. La commune de Gorom-Gorom s’y était opposée. D’où l’impasse vers laquelle évolue cette situation. «Si en mi-septembre la situation ne se décante pas, il peut y avoir risque de blocage pour ce qui concerne cette manne», avance une source proche de la société minière. «Falagountou, contrairement aux autres, n’a pas été très gourmande au point de budgétiser plus du tiers de la somme à partager», temporise Saïdou Maïga. «Et je suis même étonné que la commission technique financière régionale puisse permettre à Gorom-Gorom de budgétiser 80% de la somme à partager et qui se trouve querellée», a ajouté le président régional de l’association des municipalités du Burkina.

 

«Les cartes élaborées et distribuées sont fausses»

 

Mais qu’est-ce au juste, cette patente ? «La patente n’est pas un impôt minier. La patente est payée par chaque entreprise qui est en exploitation. La patente est un impôt local qui revient à la collectivité qui abrite les investissements et le centre des affaires», a expliqué Saïdou Maïga, tout en précisant que dans le cas spécifique de la mine d’Essakane, on ne peut pas faire la part des choses sur les investissements réalisés dans les différentes communes. «C’est pourquoi nous prônons le partage équitable en attendant», a précisé l’édile de Falagountou. Mais où se situe le problème au juste ? Cartes géographiques en main, Saïdou Maïga a démontré l’appartenance à la commune de Falagountou, de la plus grande partie des terres occupées par la mine. «Les cartes élaborées et distribuées sont fausses», a soutenu Saïdou Maïga. «L’appartenance à Falagountou des terres occupées par la mine d’ Essakane ne souffre d’aucune ambiguïté», a soutenu Abdoul Manguidou Ouédraogo, secrétaire général de la mairie de Falagountou. «La première nuit que j’ai passée à Falagountou a coïncidé avec le dynamitage à la mine. Les intonations étaient tellement fortes que j’ai pensé à une attaque terroriste. Il a fallu des explications pour me tranquilliser», ajoute-il. Abdoul Manguidou Ouédraogo notifiera la proximité de la mine avec les habitations de Falagountou. «Actuellement, la mine est à deux kilomètres des habitations de Falagountou. Et au-delà de cet aspect, nous préconisons que toutes les communes s’alignent derrière l’autorité régionale qui avait tranché en attendant», a-t-il opiné.  Et pour ce cas précis, «la concertation est la meilleure voie, parce qu’en s’asseyant pour échanger avec un esprit de compréhension mutuelle, une solution sera trouvée», s’est convaincu Abdoul Manguidou Ouédraogo. Pour Talatou Yaya Maïga, représentant de la chefferie coutumière de Falagountou, l’appartenance des terres occupées par la mine à sa localité est bien établie. Avec un regard historique, Talatou Yaya Maïga a relaté l’installation du village de Lawou et de Eschkame. «En fait, la mine aurait dû s’appeler la mine de Lawou», a renchéri Talatou Yaya Maïga qui préconise le partage équitable en attendant. «Le broyeur de la mine est installé dans notre champ que nous avons dû abandonner pour nous installer là où nous sommes actuellement», a relevé Agouma Ag Inissik, le président du Conseil villageois de développement de Goulgountou. «Nous avons perdu nos champs et nos lieux de pâturage», a renchéri Hamadou Al Moustapha, président du Conseil villageois de développement de Féto-Barabé. Même son de cloche chez Abdramane Abdoulaye Maïga, président du Conseil villageois de développement de Falagountou. «La mine s’étend sur 12 à 15 km et occupe 9 à 11 km dans la commune de Falagountou. Et quand j’étais maire, j’ai constaté que toutes les cartes étaient fausses», a martelé Abdramane Abdoulaye Maïga. En tout cas, Falagountou compte défendre sa position jusqu’au bout, à en croire Abdramane Abdoulaye Maïga. Pourtant, le maire de Falagountou, Saïdou Maïga avait anticipé pour éviter une pareille situation en écrivant notamment à la direction générale du Cadastre minier et de l’information minière et au ministère en charge de l’administration territoriale. Dans sa démarche, l’édile de Falagountou sollicitait la mise en place d’une commission ad’hoc chargée d’évacuer «le litige frontalier entre les différentes communes» en question. Et c’est pendant cette attente que cette «histoire» est survenue. «De toutes les façons, nous sommes prêts à aller jusqu’au bout. Nous n’avons pas peur, car nous avons les preuves de ce que nous disons. Mais en attendant, nous nous inscrivons dans le consensus et la cohésion sociale. C’est pourquoi nous sommes d’accord pour le partage équitable pour cette année 2017», a conclu très serein Saïdou Maïga, maire de Falagountou.

 

Hama Hamidou DICKO

 

 


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