HomeA la uneAFFAIRE KARIM WADE : La nationalité française comme bouclier  

AFFAIRE KARIM WADE : La nationalité française comme bouclier  


 

Les avocats de Karim Wade, fils de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, ont déposé une plainte auprès du tribunal de grande instance de Paris pour détention arbitraire de leur client. Ils demandent ainsi à l’Etat sénégalais de reconnaître les vices de forme et procéder à la libération de leur client. C’est, assurément, le résultat du lobbying de Wade-père. Car, on le sait, Wade-père n’a jamais digéré l’emprisonnement de son fils, si fait qu’il fait feu de tout bois pour le libérer. Cela dit, la Justice française va-t-elle donner raison aux avocats de  l’ex-tout-puissant ministre du Ciel et de la Terre ? La question reste posée. En effet, le groupe de travail des Nations Unies a reconnu la détention préventive de Karim Wade comme arbitraire et a demandé réparation pour le préjudice subi. Mais, réparation judiciaire n’est pas synonyme de libération. Et pourtant, les avocats de Karim Wade exigent qu’il soit libéré. Du coup, la Justice sénégalaise se voit humiliée par les avocats de Karim Wade qui, surfant sur la nationalité de leur client, mettent en doute son impartialité. Si la Justice française venait à accéder à la requête des avocats et que Karim Wade devenait libre, cela voudrait dire que la Justice sénégalaise n’est ni compétente ni indépendante. Le président Macky Sall serait donc dans une mauvaise posture qui pourrait lui être politiquement préjudiciable. Car cette plainte déposée par les avocats du fils de Wade vient remettre une fois de plus en cause la crédibilité de l’appareil judiciaire sénégalais en particulier, et de celui africain, en général.

Le cas de Karim Wade rappelle celui de Michel Gbagbo en Côte d’Ivoire

Et l’on est tenté de dire que l’affaire Karim Wade reste un boulet au pied du président Macky Sall qui aura toujours le sommeil trouble, tant que ce dernier restera en prison. Toutefois, il faut reconnaître l’illégalité de la détention préventive de Karim Wade. Mais, cela n’est pas nouveau sous nos cieux. Et cette illégalité de la détention préventive, qui a d’ailleurs été reconnue par le groupe de travail des Nations Unies, ne saurait valoir un blanc seing à l’ex-ministre. Les avocats de Karim Wade voient bien la main du président sénégalais dans cette affaire. C’est pourquoi ils parlent de procès politique. Et de ce point de vue, seule l’indépendance de la Justice permet de garantir un procès impartial, dénué de toute suspicion, comme cela se passe ailleurs sous d’autres cieux, notamment dans les grandes démocraties occidentales. En faisant des pieds et des mains dans le seul but d’obtenir la libération de son fils, Abdoulaye Wade montre par là que Karim Wade n’est pas un citoyen ordinaire et que ce faisant, il est au-dessus de la loi. En tout cas, il est bon d’avoir la nationalité française sous nos cieux, surtout quand on occupe de hautes fonctions politiques. Cela constitue un véritable bouclier. Car le cas de Karim Wade rappelle celui de Michel Gbagbo en Côte d’Ivoire. En tout état de cause, on attend de voir la décision des juges français dans cette affaire.

Adama SIGUIRE


Comments
  • Il va falloir statuer sur la binationalité. Soit, on la garde en l’état avec interdiction formelle d’activité politique dans l’un des deux pays ( choisi en 2è option), soit on interdit purement la notion de binationalité où en fonction des circonstances elle sert de de refuge à des délinquants.

    4 février 2016
  • Va falloir statuer entre binational, avec aucun droit politique et une et une seule nationalité. Car la nationalité ne devrait constituer un refuge pour certains délinquants.

    4 février 2016

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