HomeA la uneAFFAIRE KHALIFA SALL : L’argument de défense n’est-il pas trop court ?

AFFAIRE KHALIFA SALL : L’argument de défense n’est-il pas trop court ?


 

Accusé de détournements de deniers publics et d’escroquerie portant sur des deniers publics, le maire de Dakar, Khalifa Sall, a été inculpé et mis sous mandat de dépôt, le 7 mars dernier. Il médite dormais sur son sort à la prison de Rebeuss située non loin du Tribunal de Dakar, où il a été conduit en catimini. De quoi apporter de l’eau au moulin de ses partisans et sympathisants qui, depuis le début de l’affaire, dénoncent une manœuvre politique visant à nuire à l’ex-maire qui rêvait déjà d’un destin présidentiel. Soit,  mais l’argument n’est-il pas aussi court que spécieux ? On est tenté de répondre par l’affirmative. Car, Khalifa Sall est un homme politique. Et même si ses partisans s’efforcent de le présenter comme un homme  débonnaire, il faut retenir qu’il est loin d’être un ange. Il faut donc savoir raison garder car, on le sait, bien des hommes politiques brandissent toujours l’antienne de la cabale politique pour cacher leurs turpitudes. On l’a vu au Niger avec Hama Amadou qui, accusé de complicité de trafic de bébés, n’avait de cesse de dénoncer un procès politique aux fins de nuire à sa réputation. C’est aussi actuellement le cas en France où, englué dans un scandale d’emplois fictifs, François Fillon, le candidat de Les Républicains, qui, pourtant reconnaît avoir commis des erreurs, crie à la conspiration et à la délation politiques. Franchement, une telle stratégie de défense paraît pour le moins simpliste et traduit à tous égards un refus de s’assumer.

Les peuples veulent des dirigeants propres

Pourquoi jeter toujours la pierre aux autres, en refusant de se regarder dans la glace ? C’est, du reste, pourquoi on se demande d’ailleurs si en entrant en dissidence avec le président Macky Sall, l’objectif du maire, Khalifa Sall, n’était pas tout simplement de divertir l’opinion nationale et internationale en donnant une dimension politique à ses ennuis judiciaires. Ce n’est pas impossible, surtout que le maire reconnaît lui-même s’être laissé aller à des largesses dans sa gestion des deniers publics entre 2011 et 2015 ; d’où des dépenses non justifiées à hauteur de 2,7 millions d’euros. Plutôt donc que de tirer à boulets rouges sur le pouvoir de Macky Sall, il faut se féliciter du fait que l’inculpation de Khalifa Sall contribuera à l’assainissement et à la moralisation de la vie politique au Sénégal. Car, ne peut prétendre à la magistrature suprême qui veut.  Les peuples veulent des dirigeants propres et non des ripoux. Cela dit, Khalifa Sall n’a donc pas à rougir de sa situation. S’il est vrai qu’il n’a rien à se reprocher, il sortira plutôt ragaillardi de cette affaire. Par contre, si la justice sénégalaise qui joue là sa crédibilité, établit sa culpabilité, il devra aussi s’assumer pleinement. Certes, on sait que  généralement,  tous ceux qui entrent en rébellion contre les régimes en place, ont maille à partir avec la justice, mais cela devrait constituer une raison suffisante pour que les uns et les autres évitent de prêter le flanc. A ce propos, disait La Bruyère, « le plus grand malheur de l’homme, c’est d’être en faute ou d’avoir quelque chose à se reprocher ».

Boundi OUOBA


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