HomeA la uneAFFAIRE NKANDLA EN AFRIQUE DU SUD : Zuma vendange l’héritage de Mandela

AFFAIRE NKANDLA EN AFRIQUE DU SUD : Zuma vendange l’héritage de Mandela


 

Le président sud-africain, Jacob Zuma, est dans la tourmente. En effet, la Cour constitutionnelle de son pays a entamé hier, l’examen d’une plainte de l’opposition politique à son encontre, relative à l’utilisation de fonds publics  pour la rénovation de sa résidence privée. L’homme a certes promis de rembourser une partie de la somme utilisée, mais l’opposition n’entend pas s’arrêter en si bon chemin.  Et l’on peut dire qu’elle est dans son rôle. Car le président Zuma n’est pas à sa première frasque. Affaire de fesses, révocations et cascades de remplacements de ministres des finances par des proches sans expérience avec pour conséquence, la chute de la devise. Bref, la liste est longue. Une faute reconnue est à moitié pardonnée, dit-on, mais cela ne saurait être le cas pour Zuma. Ce d’autant plus que l’homme a d’abord nié les faits avant de faire machine- arrière.  S’il avait reconnu les faits dès le début et s’était engagé à rembourser l’argent utilisé indûment pour la rénovation de sa résidence privée, on n’en serait certainement pas là.  Il a voulu compter sur ses soutiens traditionnels, notamment l’ANC, son parti, pour étouffer l’affaire. Malheureusement pour lui, des hommes plus vertueux de son camp ont joint leur voix à celle de l’opposition pour dénoncer cette énième affaire qu’ils trouvent indécente et agaçante. Conséquence, en voulant régler l’affaire Nkandla à l’amiable, Jacob Zuma s’est plutôt enfoncé. Pourra-t-il se tirer d’affaire? Bien malin qui saura répondre à cette question. L’affaire est d’autant plus grave que l’opposant radical, Julius Malema, réclame sa démission. Et comme si cela ne suffisait pas, le truculent jeune homme a promis de perturber l’adresse à la nation de Zuma au parlement jeudi prochain. Cette intransigeance de l’opposition face à Zuma n’a rien de surprenant.

Il faut saluer la détermination de la Justice sud-africaine

En vérité, les Sud-africains sont fatigués de se réveiller presque tous les matins avec des scandales à répétition. Disons-le net, après Nelson Mandela, l’Afrique du Sud n’a plus connu un grand président. Et parmi ceux qui lui ont succédé, le plus médiocre est sans conteste Jacob Zuma. Il aura, en moins de 7 ans, vendangé tout l’héritage de Nelson Mandela. Et il devrait avoir le courage de rendre le tablier d’autant plus qu’il s’est montré jusque-là, indigne de porter les valeurs défendues par l’ANC sous l’apartheid. S’il persiste et signe, il risque de donner raison aux Blancs qui estimaient que les Noirs n’étaient pas dignes de présider aux destinées de la nation arc-en-ciel. En tout cas, Jacob Zuma aura prouvé son incapacité à chausser les bottes de Nelson Mandela, cette icône planétaire qui n’était attirée ni par le pouvoir ni par le luxe encore moins les honneurs. Les frasques de Zuma donnent une piètre image des Noirs Sud-africains qui ont pourtant acquis leur souveraineté et leur dignité au prix de mille sacrifices sous l’apartheid. La faramineuse somme qu’il a utilisée pour rénover sa résidence privée aurait pu servir à améliorer les conditions de vie des Noirs qui vivotent dans les townships. Sans nul doute que c’est à cause de cela que le bras social de l’ANC, la toute puissante centrale syndicale, la Cosatu, qui est très soucieuse de l’amélioration des conditions de vie des populations surtout noires, n’hésite plus à tirer à boulets rouges sur Zuma. Il y a fort à parier que même si la Justice venait à lui trouver des circonstances atténuantes, il serait difficile pour lui de regagner la sympathie et la confiance de la Cosatu et de l’ANC. Car, il faut bien le dire, Zuma a perdu petit à petit le contrôle de son parti et ce, depuis le drame de Marikana. S’il était à la tête d’un Etat comme les Etats- Unis d’Amérique, c’était purement et simplement l’« impeachment ». N’empêche qu’il faut saluer la détermination de la Justice sud-africaine à statuer sur cette affaire.  Car, sous d’autres cieux, elle n’oserait même pas lever le petit doigt pour dénoncer les frasques du chef d’Etat. La preuve est faite donc à travers l’évolution de cette affaire, que mieux vaut des institutions fortes que des hommes forts. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette affaire embarrasse aussi bien Zuma que l’ANC car, elle est inopportunément mise sur la sellette, à quelques mois des élections locales.

Dabadi ZOUMBARA


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