HomeFocusAFFRONTEMENTS ENTRE GROUPES ARMES AU NORD-MALI :A qui profite ce regain de violences ?

AFFRONTEMENTS ENTRE GROUPES ARMES AU NORD-MALI :A qui profite ce regain de violences ?


Alors que les protagonistes sont en conclave depuis le 16 juillet dernier à Alger, pour trouver une issue favorable à la crise malienne, les canons parlent au Nord-Mali. En effet, des milices arabes et touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) se sont affrontées dans la journée du 19 juillet 2014. Peu avant, à Tessalit, une roquette a été tirée sur le camp militaire occupé par les soldats internationaux. A Kidal, depuis le 10 juillet, soit quelques jours avant le début des pourparlers à Alger, plusieurs mines avaient explosé sur la piste et aux abords de la piste d’atterrissage, blessant un casque bleu cambodgien. Le Nord-Mali serait-il devenu un far west ?

 

Certains pêcheurs en eau trouble ne veulent pas d’un retour de la paix

 

On est tenté de répondre par l’affirmative, tant on a l’impression d’être dans une zone de non-droit. Si fait que l’on ne sait plus au juste qui fait quoi et qui contrôle quoi. On a des touaregs contre des touaregs, des arabes contre des touaregs, sans oublier certains djihadistes qui, animés par le désir inextinguible de reconquérir le Nord-Mali, ne manquent pas l’occasion de se signaler par des attaques ciblées, parfois meurtrières. En un mot comme en mille, le Nord-Mali est devenu un pandémonium où se pratiquent de surcroît des contrebandes en tout genre. A telle enseigne que certains pêcheurs en eau trouble ne veulent pas d’un retour de la paix dans cette partie du territoire malien. En tout cas, c’est le moins que l’on puisse dire au regard de cette recrudescence de la violence qui intervient au moment même où les acteurs sont réunis à Alger dans la perspective de la signature d’un accord définitif de paix. Pourquoi en rajouter à une situation déjà complexe par des actes de violence susceptibles de compromettre tous les efforts consentis par la communauté internationale ? Qui de Bamako ou des groupes armés a intérêt à voir capoter la rencontre d’Alger ? Bien malin qui pourra répondre à ces questions. Mais une chose est certaine. C’est la sincérité et la bonne foi qui manquent le plus aux protagonistes de la crise malienne.

 

On est bien parti pour de longs mois de tractations

 

Le MNLA, le MAA et le HCUA accusent Bamako d’avoir suscité la naissance de certains groupes armés, dont on peut du reste s’interroger sur l’opportunité de la présence à la rencontre d’Alger. Si tant est qu’ils soient proches de Bamako, en quoi alors est-il nécessaire que ces groupes armés prennent part aux discussions ? Est-ce dans le souci d’affaiblir l’adversaire ? Cela dit, le MNLA et ses deux compères ont, eux aussi, poussé le bouchon loin en exigeant que les négociations se mènent sous l’égide d’un médiateur neutre. Faut-il y voir une manière de récuser la médiation algérienne ? Si tel est le cas, autant dire que l’on est bien parti pour de longs mois de tractations pour définir cette notion de neutralité du médiateur. Toute chose qui pourrait conduire à un enlisement ; ce d’autant que l’oiseau rare pourrait également être contesté par d’autres groupes armés. En fait, le MNLA n’a jusque-là pas digéré la mise au ban de la médiation burkinabè qui, malheureusement, ne rencontre pas l’approbation de Bamako pour qui, Ouagadougou est trop proche des rebelles. Et rien ne dit que ces affrontements ne constituent pas une manœuvre du MNLA et compagnie pour faire échouer les négociations d’Alger afin de revenir à la case départ. Ce n’est pas impossible. Car en négociations comme en guerre, le vainqueur, c’est toujours celui-là qui sait le plus manœuvrer.

 

Boundi OUOBA


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