HomeA la uneAL SISSI A WASHINGTON : Tapis rouge pour un prédateur des droits de l’Homme

AL SISSI A WASHINGTON : Tapis rouge pour un prédateur des droits de l’Homme


C’est en principe aujourd’hui que le président égyptien, Abdel Fatah al-Sissi, rencontre le locataire de la Maison Blanche à Washington, dans le cadre d’une visite officielle de trois jours, à l’invitation de Donald Trump. Sauf erreur ou omission, c’est la première fois que le président américain accorde une audience à un chef d’Etat africain, mais c’est la deuxième fois qu’il rencontre Al Sissi, après leur premier tête-à-tête en septembre 2016 en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, alors que Donald Trump n’était encore que candidat à la magistrature suprême américaine. Ce tapis rouge déroulé pour le président égyptien considéré comme un prédateur des droits de l’Homme est la preuve, s’il en est, qu’il y a effectivement une « bonne alchimie » entre les deux chefs d’Etat comme l’affirmait Trump himself, car, l’un de ses homologues africains, Denis Sassou Nguesso en l’occurrence, avait piteusement échoué à franchir le seuil de la Maison Blanche en décembre dernier, sans doute parce que le Congo Brazzaville et son président ne représentent absolument rien aux yeux de l’administration américaine sous Donald Trump. Par contre, le pays des Pharaons présente un intérêt…pharaonique pour les Etats-Unis, non seulement en raison de sa puissance militaire, mais aussi et surtout à cause du  rôle stratégique qu’il pourrait jouer dans la stabilisation de « l’Orient compliqué », depuis la signature de l’historique accord de paix israélo-égyptien de Camp David, le 26 mars 1979. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’insoluble conflit israélo-palestinien sera au centre des discussions entre les deux chefs d’Etat, puisqu’il y a véritablement une montée des périls au Proche et Moyen Orient et même partout dans le monde musulman, depuis que l’imprévisible Donald Trump, auréolé, pour ne pas dire grisé par sa victoire-surprise à l’élection présidentielle, a verbalement, en tout cas, franchi la ligne rouge en se disant prêt à transférer l’ambassade des Etats-Unis en Israël de Tel Aviv à Jérusalem. Par extension, ils aborderont également les conflits en cours en Libye, en Syrie, en Irak et au Yémen, et accorderont sans doute leurs violons sur la lutte contre le terrorisme dans le monde.

L’Afrique tout entière pourrait profiter des retombées sécuritaires de la rencontre de ces deux caïds

Les deux chefs d’Etat qui partagent visiblement la même fermeté vis-à-vis de ce qu’ils qualifient d’islam radical, vont mettre cette visite à contribution pour renforcer leur coopération dans la lutte contre l’Etat islamique (EI), notamment, car il y a véritablement un risque de repli massif des moudjahidines de cette nébuleuse terroriste dans nos fragiles pays d’Afrique, après leur débâcle annoncée en Syrie et en Irak. Les relations bilatérales qui connaissent un relatif réchauffement depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, vont naturellement tourner autour de l’aide américaine au développement économique de l’Egypte, avec un accent particulier sur le secteur touristique qui constitue la première ressource en devises de l’Egypte et qui a été plombé, ces dernières années, avec les attaques récurrentes des groupes terroristes dans le Sinaï. C’est donc un Abdel Fatah al-Sissi pétri d’expérience dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, qui a chassé du pouvoir et bâillonné les Frères musulmans considérés par beaucoup comme des soutiens au terrorisme islamique, qui foule le sol américain, et il n’y a guère de doute qu’il en repartira gonflé à bloc, puisque l’actuel locataire de la Maison Blanche n’est pas trop regardant sur la manière dont les présumés terroristes sont traités, contrairement à son prédécesseur Barack Obama. En somme, l’Afrique tout entière pourrait profiter des retombées sécuritaires de la rencontre de ces deux caïds de la lutte contre le terrorisme, si l’Egypte, en tandem avec les Etats-Unis, arrive à démanteler les filières djihadistes qui essaiment quasiment tous les pays d’Afrique à partir de la Libye voisine, et si elle contribue à empêcher le repli ou le retour des « Syriens » et des « Irakiens », qui compliquerait davantage la situation socioéconomique et sécuritaire déjà délétère du continent. C’est tout ce que les autres pays africains pourraient attendre de cette visite de Al Sissi à son « ami » Donald Trump qui a jusqu’ici considéré le continent noir comme quantité négligeable dans les relations entre les Etats-Unis et le reste du monde.

Hamadou GADIAGA


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