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ALAIN KAM, DIRECTEUR DU CENTRE DE FORMATION POLITIQUE DE L’UPC


Il est l’un des fidèles lieutenants de Zéphirin Diabré. Directeur du centre de formation politique de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Olé Alain Kam n’est plus à présenter au public burkinabè puisqu’il est aux avant-postes de la bataille pour la conquête du pouvoir d’Etat. Outre les activités politiques, il est dirigeant d’une firme de consulting et est régulièrement sollicité par des organismes publics et privés comme consultant dans les domaines du droit des affaires, des réformes institutionnelles, de la gestion des projets et de la commande publique. M. Kam est également enseignant vacataire à l’Ecole nationale de la magistrature. C’est donc un homme à plusieurs casquettes, qui s’est prêté volontiers, le 24 juin dernier, à Ouagadougou, à nos questions portant sur la vie de son parti, le report des élections que demandent certaines formations politiques, la suppression de l’IUTS sur les primes et indemnités que réclament à cor et à cri certains syndicats, la politique fiscale au Burkina. Bref, c’est une kyrielle de questions auxquelles Alain Kam a, sans détour, apporté des éléments de réponses. Sur l’issue de la présidentielle de 2020, le secrétaire national chargé du Centre de formation politique de l’UPC, est plus que convaincu, la victoire de son parti ne souffre d’aucun doute : « l’UPC gagnera les élections au 1/8 de tour », soutient-il avec force conviction. Lisez plutôt pour en savoir davantage!

‘’Le Pays’’ : Comment l’UPC prépare-t-elle les prochaines élections ?

Olé Alain Kam : Je voudrais avant tout vous remercier pour l’amitié que vous me faites de venir prendre des nouvelles de notre parti et vous aviser de mon opinion sur l’actualité de notre pays.
L’UPC prépare les élections dans un contexte que tout le monde connaît, qui n’est pas celui qu’un parti politique aurait souhaité pour se préparer à des échéances électorales. En réalité, nous avons commencé notre préparation depuis notre dernier Congrès de juillet 2018 dont le thème était : « Stratégies pour une victoire éclatante en 2020, synonyme de paix, d’unité nationale, de sécurité et de prospérité ». Ce sont donc les stratégies arrêtées lors de ce Congrès qui sont en train d’être déroulées actuellement. Souffrez que je ne rentre pas dans les détails de ces stratégies mais retenez simplement que c’est essentiellement sur la base des leçons tirées des élections de 2015 que nos stratégies se déploient. Nous avons aujourd’hui quasiment assuré le renouvellement de nos structures de base aussi bien au Burkina Faso que hors du pays. Celles-ci continuent de faire un travail de mobilisation de nos militants pour l’enrôlement en cours. Nous avons programmé des sessions de formation qui viendront renforcer leurs compétences dans la perspective de gagner le pouvoir en 2020 et de gérer le pouvoir d’Etat. Malgré les tentatives de fraude sur l’inscription sur les listes électorales à Ziniaré et à Boussé par des partis de la majorité présidentielle, malgré la campagne honteuse et déloyale de propagande en cours avec le cas des ambulances estampillées aux photos du Président du Faso, l’UPC est plus que jamais sereine et confiante sur l’issue heureuse de ces élections pour ses candidats à la présidentielle et aux législatives. Retenez que 2020, c’est pour UPC.

Justement, le président Zéphirin Diabré demande un audit international du fichier électoral, faute de quoi il n’y aura pas d’élections. Ne pensez-vous pas que c’est une position un peu maximaliste, quand on sait que nous sommes à quatre mois de la tenue du scrutin présidentiel?

Il n’y a rien de maximaliste dans cette demande. Nous sommes à quatre mois des élections mais l’enrôlement se poursuit jusqu’au 9 juillet prochain. L’audit ne peut intervenir qu’après la fin de l’enrôlement. Donc, le timing pour la demande est tout à fait justifié ! Dans le fond, c’est une demande normale dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui. Nous allons avoir, pour la première fois, des élections les plus ouvertes possibles où le Président sortant n’a visiblement aucune chance de l’emporter. Ses partisans, notamment des partis de la mouvance présidentielle, ont été pris la main dans le sac en train de transporter des électeurs pour aller se faire enrôler ; toute chose qui est interdite par la loi électorale. Nous avons des raisons de croire que les officines du MPP travaillent à ce que ces élections ne soient pas transparentes. Vous avez suivi l’épisode des pièces d’identité qui sont établies par les gourous du régime et délivrées rapidement par les services de l’ONI aux militants du MPP pendant qu’au même moment, des milliers de Burkinabè attendent la délivrance de pièces d’identité établies depuis plusieurs mois. Plusieurs personnes déjà inscrites en 2015, se sont fait établir de nouvelles cartes d’électeur en 2020 pour diverses raisons. Bref, il est plus que normal qu’un audit du fichier soit effectué afin que nous disposions d’un fichier fiable, qui garantisse une élection juste, équitable et transparente.

« Ne pas aller aux élections sera une victoire pour les groupuscules terroristes »

Des voix s’élèvent de plus en plus pour demander le report des élections. Etes-vous de cet avis ?

Sur cette question, mon avis n’est pas différent de celui de mon parti qui, dans le cadre du CFOP, a opiné sur le sujet. Pour le moment, la structure technique d’organisation des élections, la CENI, n’a pas dit qu’elle est dans l’impossibilité d’organiser les élections. Le Gouvernement, qui doit financer ces élections avec l’appui de ses partenaires, n’a pas dit qu’il n’a pas les moyens de financer ces élections. Nos braves FDS n’ont pas dit qu’elles sont dans l’incapacité d’assurer la sécurité des élections. Au demeurant, le parti au pouvoir, comme le CFOP, est pour l’organisation de ces élections. Nous disons simplement, d’une part, que ne pas aller aux élections sera une victoire pour les groupuscules terroristes et une défaite pour le peuple burkinabè, et d’autre part, que ne pas organiser les élections à la date prévue, créera nécessairement un vide juridique et institutionnel qu’aucun pays sérieux ne peut souhaiter dans le contexte actuel du Burkina Faso. Maintenant, nous attendons que tous ceux qui ont la charge de l’organisation de ces élections, prennent toutes les dispositions nécessaires pour que ces élections aient lieu dans les conditions prévues par notre Constitution et le Code électoral.

Lorsque le MPP avait mis en place son école de formation politique, il avait été critiqué par Zéphirin Diabré. Aujourd’hui, votre parti vient d’en créer une, ne trouvez-vous pas cela ridicule ?

Primo, je n’ai pas connaissance de cette critique dont vous faites cas. Secundo, si critique il y a eu de sa part, je ne pense pas qu’elle ait concerné la création de l’école en elle-même mais certainement des aspects liés à cette création. Le président Diabré a été enseignant à l’université. Il milite pour un accès massif des jeunes à la formation. Il a soutenu fortement la création de notre Centre de formation politique. Le parti qu’il dirige finance seul les formations que nous dispensons depuis la création du Centre en novembre 2018. Aucun enseignant ne va critiquer la création d’une école, fût-il dans le domaine politique, sauf évidemment si la création n’a pas été faite dans les règles de l’art !

En quoi votre école de formation est-elle différente de celle du MPP ?

Je ne peux pas vous donner une différence parce que personnellement, je ne sais pas comment a été créée l’école de formation du MPP, ni comment elle fonctionne. Je ne sais rien des conditions et modalités d’accès à cette école. En revanche, je peux vous dire que notre Centre de formation est d’abord né de la volonté des militants du parti de se former sur notre idéologie politique, sur l’engagement militant, sur les théories politiques et des organisations politiques, etc., afin d’être mieux outillés pour apporter le vrai changement que tout le peuple burkinabè souhaite aujourd’hui. Nous mettons l’accent sur la formation de l’homme et de tout l’homme afin que celui-ci dispose des capabilités pour saisir toutes les opportunités que la vie lui offre. Ce qui signifie que nos formations ne sont pas que politiques ; elles prennent en compte des modules sur la citoyenneté, le respect dû à l’autorité, la formation de l’Etat et de la Nation, etc. Pour le moment, notre Centre forme gratuitement les militants de notre parti. Ceux-ci prennent part à nos sessions sans réclamer de perdiems (d’ailleurs, notre parti n’en dispose pas pour en distribuer) et les formations sont très pratiques car elles associent des praticiens des domaines étudiés.

Comment se porte l’UPC qui a vu partir plusieurs de ses cadres ?

Vous exagérez en parlant de plusieurs cadres partis ! 13 députés sont partis même si aujourd’hui, on sait que certains d’entre eux font des pieds et des mains pour revenir. La politique ayant horreur du vide, ceux qui sont partis ont été remplacés par d’autres cadres et parfois même de qualité supérieure comme pour dire que nul n’est indispensable. Il est vrai que nous avons été quelque peu secoués en 2017 avec la trahison historique qui restera comme une tâche noire dans l’histoire politique de notre parti et même de notre pays. Il y a eu des trahisons en politique par le passé, mais c’était la première fois que 13 députés trahissent leur parti qui les a portés à bout de bras à l’hémicycle et ce, pour essentiellement des besoins bassement matériels. Cette trahison est aujourd’hui derrière nous. Du reste, elle a renforcé nos convictions et nos rangs. Nous avons senti, pendant ce difficile moment, la sympathie et les encouragements de nombre de Burkinabè qui ne sont pas forcément des militants de notre parti. Nous profitons pour leur réitérer nos remerciements.  Grâce à Dieu et à la farouche détermination de nos militants et au leadership du président Diabré, l’UPC se porte bien et même très bien. Le parti s’est agrandi avec de nouvelles adhésions et une structuration qui va aujourd’hui au-delà des organes traditionnels du parti. Nos jeunes, de plus en plus formés, font un formidable travail de sensibilisation sur le terrain, notamment dans les villages et les secteurs. Notre jeunesse estudiantine a réussi à créer des cadres d’échanges autour de l’UPC dans les universités et grandes écoles et notre idéologie, incomprise au départ et tronquée par nos adversaires, se révèle être celle-là qui porte mieux les transformations à opérer pour revitaliser notre économie aujourd’hui moribonde. Nos femmes et nos « lioncelles » sont mieux organisées et arrivent de plus en plus à mobiliser leurs sœurs qui ont été induites en erreur en 2015. Aujourd’hui plus qu’hier, l’UPC est mieux affûtée pour gagner les élections couplées du 22 novembre. Et l’UPC gagnera les élections au 1/8e de tour ! Cela ne fait plus l’ombre d’un doute.

Vous parlez de trahison de 13 députés ; en quoi quitter un parti constitue une trahison dans la mesure où on y adhère et le quitte librement ?

En dehors de leur chef de file, le sieur Simboro qui a été promu à un poste de responsabilités dans une banque publique de la place et qui a expressément affirmé avoir démissionné, demandez aux 12 autres s’ils ont démissionné de l’UPC. Ils vous répondront qu’ils n’ont pas démissionné. Voilà pourquoi au début de leur fronde, ils ont parlé de UPC-RD. Quand vous allez dans leurs provinces respectives, ils font croire à nos militants qu’ils sont toujours UPC. Mais les Burkinabè ne sont pas dupes ! Ils donnent cette apparence pour simplement conserver leurs fauteuils à l’Assemblée nationale. Mais aujourd’hui, on les voit à des réunions porter des tee-shirts et casquettes à l’effigie d’un nouveau parti qu’ils ont créé, en l’occurrence le MBF. Voilà la trahison, voilà la tromperie ! Oui, on adhère librement à un parti ; on le quitte librement mais à la régulière. Quand on joue à cache-cache avec la loi, quand on soutient quasi-systématiquement toutes les lois votées par le parti au pouvoir quand bien même certaines mériteraient discussions et approfondissement, quand on ne participe plus aux activités de son parti et qu’on sort officiellement dire qu’on est toujours de l’UPC, si ce n’est pas de la trahison, c’est quoi alors ? Dans aucun parti politique au monde, vous ne pouvez créer un groupe parlementaire sans l’aval du parti qui vous a permis d’être à l’hémicycle. Aucun ! Nous sommes en politique et le groupe parlementaire est également la voix du parti à l’hémicycle. Il faut donc nécessairement cet aval et c’est important de le souligner. Les frondeurs ont créé leur groupe parlementaire sans l’aval de l’UPC. Même si le règlement de l’Assemblée nationale permet cette liberté, nous sommes quand même dans une organisation humaine où les gens ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent sans respecter la discipline du parti. Ils ont utilisé les ressources financières et l’infrastructure politique de l’UPC pour être élus députés. Ils ont adhéré à l’UPC avant d’atterrir à l’Assemblée nationale et l’UPC, comme toute organisation politique, a ses règles de fonctionnement qu’ils savent très bien. En ne respectant pas ces règles, en faisant croire qu’ils ont créé cette dissidence parlementaire pour le bien du parti (c’était un de leurs arguments de départ), ils ont trahi le parti et ses militants.

« Je ne vois même pas les militants du MPP en train d’accorder leurs voix au MPP et son candidat en 2020 »

Vous dites que l’UPC gagnera les élections au 1/8e de tour ; qu’est-ce qui vous donne cette assurance?

Oui, je réaffirme que l’UPC gagnera au 1/8e de tour pour essentiellement trois raisons.
La première est liée à la solidité de notre offre politique pour le peuple burkinabè et notre assise territoriale actuelle. L’UPC a un programme de société sérieux, ambitieux, chiffré, réaliste et réalisable. C’est vraiment dommage qu’en 2015, nombre de nos compatriotes n’aient pas pris la peine de le lire et l’expliquer à nos parents des campagnes. Ce programme propose comme philosophie nationale le «Burkindlim», c’est-à-dire le fait et la manière d’être Burkinabè. Il sera le creuset de nos valeurs et le socle de notre identité. Nous proposons que le «Burkindlim» soit notre philosophie de vie, de comportement et d’action en référence aux valeurs nobles et aux prescriptions de notre histoire et de notre culture. Nous devons nous appuyer sur ces valeurs pour conquérir les opportunités qu’offre l’évolution du monde, sans nous renier. Dans notre modèle de gouvernance socio-politique, nous avons proposé une Conférence générale de la Nation (CGN), qui se tiendrait tous les deux ans et qui sera l’instant et le lieu d’un grand débat national sur la vie de notre pays. Cette CGN aurait permis de juguler les difficultés liées au dialogue social que nous constatons depuis l’arrivée du régime du MPP. Pour transformer structurellement notre économie, nous avions, entre autres, proposé un Etat «développementiste», outillé d’une nouvelle planification stratégique, c’est-à-dire un Etat qui saura trouver les moyens de faire usage de son autorité, de sa crédibilité et de sa légitimité avec force exécutoire pour élaborer et appliquer des programmes et politiques de développement visant à promouvoir la transformation et la croissance et à mettre en valeur les capacités humaines. Bref, nous avons un programme ambitieux et réaliste pour notre pays. En plus de cela, l’UPC est aujourd’hui présente dans les 8 000 villages du Burkina Faso, avec ses comités de base de village et de secteurs. Nos structures de base classiques se sont étoffées avec l’arrivée d’organisations qui nous sont proches. Il ne suffit pas d’avoir un programme de société et une bonne assise territoriale pour gagner une élection. Il faut aussi disposer d’un leader qui a la vision et le charisme nécessaires pour implémenter le programme. Dieu merci et ça, aujourd’hui comme hier, personne ne le conteste au Burkina Faso, l’UPC dispose, en la personne du président Diabré, d’un leader compétent ayant fait ses preuves aussi bien au Burkina, qu’hors du Burkina dans des organismes internationaux publics et privés. Pour emprunter une expression ivoirienne, il « a fini avec le management des hommes et des organisations ». Aujourd’hui, il faut, à la tête de ce pays, un homme qui a de la vision, du charisme et qui sait intelligemment mettre l’homme à la place qu’il faut et qui sait manier la carotte et le bâton. Le président Diabré incarne ce modèle de chef d’Etat qu’il faut à la tête de notre pays. Voilà la deuxième raison de notre assurance. La troisième est liée à l’échec patent du régime MPP et ses alliés ! Honnêtement, quand on prend un pays où chacun pouvait se déplacer partout au Burkina, un pays où tous les élèves en âge d’aller à l’école pouvaient y aller et qu’aujourd’hui, on laisse un Burkina où on ne peut plus se déplacer comme on veut, un pays où des milliers d’enfants ne vont plus à l’école, on devrait avoir le courage politique de dire « j’ai fait ce que je pouvais » et se retirer sagement. Notre vivre-ensemble n’a jamais été aussi menacé que sous l’ère de ce régime. Je ne vois même pas les militants du MPP en train d’accorder leurs voix au MPP et son candidat en 2020! Donc, le 1/8e de tour ne fait l’ombre d’aucune hésitation.

En tant que fiscaliste, que pensez-vous de la suppression de l’IUTS qu’exigent les syndicats ?

Il faut rectifier. Je ne suis pas à proprement parler fiscaliste au sens de celui qui a fait des diplômes d’études de fiscalité, bien que de par ma pratique professionnelle, j’ai eu l’occasion de connaître abondamment les us et coutumes de notre système fiscal. Pour répondre à votre question, il convient de préciser que les syndicats n’ont pas demandé la suppression de l’IUTS. Les syndicats réclament la suppression de l’IUTS uniquement sur les primes et indemnités servies à tous les agents publics et privés. Il faut rappeler que c’est la loi de finances, gestion 2018, qui a prévu l’extension de l’IUTS aux primes et indemnités. Mais c’est seulement en février 2020 que l’application effective de cette mesure, est intervenue. Pour mieux comprendre, il faut se souvenir que la pratique relativement aux indemnités qui étaient versées aux agents de la Fonction publique, c’est-à-dire l’indemnité de transport, de logement, de fonction, était que ces dernières n’étaient pas imposées comme c’est le cas dans le secteur privé. Dès lors, et c’est la première raison qui peut expliquer l’application tardive de la mesure, lorsque l’on analyse la disposition de l’article 105 du Code général des impôts, les avantages en nature supportés par l’Etat, ne sont pas soumis à l’IUTS. Donc, si l’Etat, n’étant pas en mesure de fournir le logement, les moyens de transport et les autres avantages en nature à tous les agents publics, compense cela par des indemnités en espèces ; ces différentes indemnités versées aux agents publics ne devraient pas non plus être soumises à l’IUTS. La seconde explication relative à l’article 106 du Code général des impôts peut être que, étant donné que les indemnités allouées à la plupart des agents publics n’atteignaient pas la limite des exonérations prévues, cela a pu, sur le long terme, donner l’impression que ces indemnités ne devaient subir aucune imposition. Cela a prévalu de telle sorte que même ceux qui avaient à un moment donné des indemnités dépassant les limites d’exonérations, n’étaient pas imposés. Aujourd’hui, la mesure est donc appliquée et les syndicats, dans leur logique de défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, s’y opposent. Par principe, je suis contre toute imposition tendant à baisser le pouvoir d’achat des travailleurs. Or, l’imposition que le gouvernement a opérée sur les revenus des agents publics, réduit leur pouvoir d’achat.  La véritable réflexion qui doit être menée est celle qui doit créer les conditions d’une vie décente des travailleurs. Pour ce faire, il faut s’interroger sur la nécessité d’imposer les avantages en nature servis aux plus hautes personnalités de l’Etat, en l’occurrence le logement, le transport par le carburant par exemple. Il faut s’assurer que chaque travailleur, qu’il soit du public ou du privé, paie un IUTS qui correspond à sa capacité contributive réelle. Ne créons pas une autre injustice en voulant réparer une autre.

« Les activités de l’opposition ne s’organisent pas uniquement autour du CFOP »

Si on vous suit, si l’UPC arrive au pouvoir, l’IUTS sera supprimé sur les primes et indemnités ?

De mon point de vue, et cela n’engage que moi et non l’UPC, l’enjeu de ce sujet ne se situe pas dans la suppression ou non de l’IUTS sur les primes et indemnités. L’enjeu, c’est la réorganisation de la fiscalité de la rémunération des travailleurs, qui permettra de tenir compte de leurs capacités contributives d’une part, et de ne pas éroder leur pouvoir d’achat, d’autre part. Dans son programme de société, l’UPC a prévu des réformes fiscales. Ces réformes vont toucher à la question de la fiscalité de la rémunération. Un dialogue franc et sincère sera engagé avec les partenaires sociaux et les travailleurs sur cette question. Si ce dialogue aboutit à la suppression de l’IUTS sur les primes et indemnités, je ne vois pas pourquoi l’UPC n’ira pas dans ce sens.

Lors d’une interview, le président du FPR accusait le CFOP de n’animer que des conférences de presse alors qu’il reçoit un budget conséquent. Que lui répondez-vous ?

J’ai effectivement lu cette interview dans vos colonnes. Et j’en ai été attristé. Vous voyez, c’est ce genre de jeunes qui ne disent pas la vérité, qui amènent les Burkinabè à se désintéresser de la chose politique. Pourquoi continue-t-on de mentir quand on n’a plus les mêmes positions que le partenaire d’hier ? Soit il ne connaît pas les textes qui régissent le CFOP, soit il est simplement de mauvaise foi. Dans les deux cas, c’est très grave pour un responsable d’un parti d’opposition. D’abord, il parle de budget conséquent sans avoir l’honnêteté de dire que ce budget est de 100 millions de FCFA annuellement, largement en dessous des autres institutions publiques du Burkina Faso. Je vous informe que le CFOP au Mali, c’est 500 millions de F CFA. C’est un budget révélé et donc connu depuis plusieurs années. Ensuite, ce budget n’est pas pour le distribuer aux partis membres du cadre de concertation adossé au CFOP ou pour organiser des meetings. Ce budget sert aux dépenses courantes du CFOP : loyers, salaires du personnel, entretien et réparation des véhicules, prise en charge de la sécurité des bâtiments, etc.  D’une manière générale, il n’appartient pas au président Diabré de prendre seul l’initiative d’organiser d’autres activités en dehors des points de presse. Les activités sont proposées et discutées au sein du cadre de concertation. Il ne m’a pas semblé que le président Diabré s’est opposé à une décision d’organiser d’autres activités en dehors des points de presse. D’ailleurs, c’est un mauvais procès que le Dr Ouédraogo fait au président Diabré ! Les activités de l’opposition ne s’organisent pas uniquement autour du CFOP. Chaque parti est libre d’organiser ses activités, de faire des marches, des meetings, etc. Le FPR peut donc bien organiser ses meetings sans problème. L’UPC pourrait y prendre part si elle y trouve son intérêt.  Nous suivons un peu les activités des partis d’opposition dans d’autres pays qui vivent presque la même situation que notre pays. En termes de méthode et de dynamisme, nous n’avons pas encore vu une organisation d’opposition dans la sous-région aussi dynamique et méthodique que notre CFOP. Certains disaient, au lancement des conférences de presse, qu’elles ne feraient pas long feu. Erreur ! Ces conférences de presse sont aujourd’hui suivies partout au Burkina Faso. Et l’impact de celles-ci est réel sur certaines décisions du gouvernement, comme la récente levée du couvre-feu. Les dénonciations de la gestion approximative de la crise liée au Covid-19, ont été entendues et des mesures correctives y ont été apportées. Grâce au dynamisme du CFOP, la majorité s’est organisée autour de l’APMP et elle aussi essaie (même si ce n’est pas chaque semaine) de suivre la méthode du CFOP en conviant la presse à ses conférences. Et c’est tant mieux pour l’animation du débat démocratique !

Ne trouvez-vous pas un peu prétentieux de dire que la levée du couvre-feu est due à l’action de l’opposition ?

Aucunement ! C’est dans le rôle républicain de l’Opposition d’apprécier les mesures que le Gouvernement prend. Et en l’occurrence, la population ne supportait plus la mesure du couvre-feu par suite de la levée d’autres mesures comme la fermeture des marchés et débits de boisson. Notre interpellation, conjuguée à celle de la population, a contribué à la levée de la mesure. C’est indéniable ! Du reste, ce n’est pas la seule mesure que le CFOP a influencée. Souvenez-vous que c’est l’UPC qui a été le premier parti à décrier la création d’un vaste portefeuille ministériel confié à M. Simon Compaoré au début du mandat du président Kaboré. C’est encore l’UPC qui a critiqué le fait que le président du Faso s’est attribué le portefeuille de la défense dans un contexte de crise sécuritaire. Nous avions estimé que dans le contexte qui était le nôtre (qui s’est aujourd’hui dégradé), le chef de l’Etat avait mieux à faire que de s’attribuer le ministère de la Défense dans le gouvernement Kaba Thiéba 1. Vous connaissez la suite.

Quelle activité menez-vous en dehors de la politique ?

Je gère, depuis 2008, une firme de consulting et je suis sollicité comme consultant par des partenaires techniques, des organismes publics et privés dans les domaines du droit des affaires, des réformes institutionnelles, de la gestion des projets et de la commande publique.
Je suis également enseignant vacataire depuis 2009 à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature où je dispense un cours sur les procédures des institutions financières internationales.

« Notre combat est dirigé contre le MPP à qui nous allons arracher le pouvoir au soir du 22 novembre prochain »

Que pensez-vous de la politique fiscale au Burkina ?

Vaste question que quelques minutes d’échanges ne permettront pas d’épuiser. D’une manière générale, notre politique fiscale n’est pas suffisamment adaptée à son contexte ; elle est relativement rigide et est fortement influencée par le souci du respect des critères de convergence édictés dans le cadre de l’UEMOA. Cette politique fiscale n’intègre pas suffisamment les besoins des collectivités locales suite à la décentralisation du milieu des années 1990.  D’abord, la politique fiscale de notre pays n’est pas suffisamment adaptée à la structure de notre économie. Notre économie étant à 80% informelle, nous devrions disposer d’une fiscalité adaptée à cette économie. Nous avons encore un pan entier de l’économie informelle qui n’est pas fiscalisé. Ensuite, nous avons une politique fiscale qui fait peser l’impôt sur les entreprises de grande taille et sur les salariés et fonctionnaires sans nécessairement tenir compte de la conjoncture économique régionale et internationale et sans égard au pouvoir d’achat. On a un problème, par exemple, avec la fiscalité de la rémunération au Burkina Faso. Et tant que cette fiscalité touche directement au pouvoir d’achat, celle-ci devrait être modulable en fonction du coût de la vie.  Enfin, notre politique fiscale ne constitue pas encore cet instrument clef d’une politique de solidarité et de redistribution de la richesse. Elle stimule insuffisamment l’investissement créateur d’emplois, notamment en faveur des jeunes et des femmes. Elle est plutôt une fiscalité que je qualifierai de trésorerie, une fiscalité orientée vers le budget ou les recettes de l’Etat. Lorsque la Direction générale des impôts ou la Direction générale des douanes fait de bonnes recettes, tout le monde applaudit, sans se soucier des conséquences sur les efforts des entreprises ou des travailleurs. C’est aussi une fiscalité qui n’arrive pas à lutter efficacement contre la fraude fiscale et toutes les manipulations que nous constatons malheureusement.  Bref, la politique fiscale burkinabè est à réformer dans le sens de l’adapter à notre économie et à nos objectifs de développement économique et social.

Comment avez-vous accueilli la création du parti de Daouda Simboro ?

A vrai dire, je n’ai pas eu suffisamment d’informations relativement à cette création. Du reste, je n’ai pas cherché à en savoir davantage car cette création me laisse indifférent, du moment où elle n’a aucun impact sur mon parti. Notre combat, ce n’est pas Simboro et ou son parti. Il n’a jamais eu un impact sur l’UPC si ce n’est la trahison qui l’a révélé au grand public. Notre combat est dirigé contre le MPP à qui nous allons arracher le pouvoir au soir du 22 novembre prochain afin de permettre aux Burkinabè de sortir définitivement de cette souffrance qu’ils endurent depuis bientôt 5 ans.

Interview réalisée par Dabadi ZOUMBARA

CV Synthétique de Alain Kam

Identité :
Nom : KAM
Prénom : Olé Alain
Date et lieu de naissance : 27/04/1974 à Abidjan, RCI
Situation matrimoniale : marié et père de trois (03) enfants
Profession actuelle : Gérant associé de firmes de consulting et Consultant indépendant

Parcours académique :
Bac série A : Lycée garçons de Bingerville, RCI, 1995
Maîtrise Droit des affaires : FDSP/ Ouagadougou, 1999
Diplôme professionnel d’administrateur des services financiers, ENAREF/Ouagadougou, 2003
DESS droit des affaires : UFR/SJP/Ouagadougou, 2004
Master 2 Droit communautaire et Droit de l’OMC : FDSP/Rennes, 2007

Parcours professionnel :
2003-2007 : Administrateur des services financiers en service à la DG.COOP (Ministère des finances)
2007-2020 : Gérant de firmes de consulting et consultant indépendant. Plusieurs consultations et formations réalisées dans les domaines du droit des affaires, des marchés publics (procédures nationales et procédures FED/UE) au Burkina Faso et dans des pays d’Afrique centrale et de l’ouest.
2004 à 2006 : Enseignant vacataire à l’UFR/SJP, chargé de Travaux dirigés en fiscalité des entreprises et droit des obligations.
Depuis 2009 : Enseignant vacataire à l’ENAM, chargé du Cours de procédures des institutions financières internationales
Depuis 2011 : Membre du bassin des formateurs de l’ARCOP

Vie politique
Membre de la Commission de rédaction de la Charte de la Transition, novembre 2014
Membre de la Commission Constitutionnelle, 2016
Correspondant provincial adjoint de l’UPC de la Bougouriba, 2017-2018
Rapporteur de la Commission thème du 2ème Congrès de l’UPC, juillet 2018
Secrétaire National chargé du Centre de Formation Politique de l’UPC depuis juillet 2018

Distinction :
Chevalier de l’Ordre national, décembre 2015

Fonctions politiques actuelles :
Directeur du Centre de Formation Politique de l’UPC


Comments
  • C’est du propre, frère Ollé Alain KAM. Questions claires/réponses limpides. Chapeau bas, au grand journal “Le Pays” et à l’interviewé qui donne un aperçu clair au peuple de la qualité managériale de l’UPC. Nul doute, que le Burkina, sous la houlette de Zeph entouré de compatriotes pétris de tant de valeurs cardinales, retrouvera son lustre d’antan, notamment son “burkinlim” tant vanté, auparavant, dans le monde entier mais, qui, malheureusement, avec les apprentis-sorciers, s’est étiolé comme une peau de chagrin, à tel point, que les burkinabè rasent maintenant les murs de par le monde. En effet, les gens rient, sous cape, en nous lançant pompeusement, “CITOYENS DU PAYS DES HOMMES INTÈGRES”, alors qu’ils pensent le contraire, tellement les scandales politico-économiques caractérisés par le népotisme, le clientélisme, l’injustice, l’impunité, l’incivisme etc… ont franchi les frontières.

    6 juillet 2020
  • Un Grand monsieur qui fait la fierté de l’UPC, de l’Opposition Burkinabè et de la Nation Burkinabè elle même. Bon vent à lui et à l’UPC.

    6 juillet 2020
  • Du grand art! Ce Parti regorge vraiment de cadres haut niveau qui peuvent apporter leur pierre à la construction de notre pays.
    Chapeau à l’UPC!

    7 juillet 2020

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