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AN I DES ATTENTATS TERRORISTES DE OUAGADOUGOU : Le défi sécuritaire reste entier


Le Burkina Faso a commémoré sobrement hier, 15 janvier 2017, le premier anniversaire de l’attaque terroriste perpétrée en plein cœur de Ouagadougou par trois individus, tuant 30 personnes au café-restaurant Cappuccino et à Splendid Hôtel, avant d’être massacrés à leur tour au petit matin du 16 janvier 2016 au maquis « Taxi-brousse » par les forces de sécurité burkinabè, appuyées par des unités spéciales françaises et américaines. Cette attaque terroriste d’une ampleur sans précédent dans l’histoire de notre pays, avait été revendiquée par Al Mourrabitoune, l’une des filiales les plus actives de Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) dans la bande sahélo-saharienne. Depuis cette date tristement mémorable, plusieurs actes terroristes ont été enregistrés au Burkina, principalement dans la partie sahélienne du pays, sans qu’on en sache davantage sur l’identité véritable des auteurs et de leurs commanditaires. Ce que l’on sait en revanche, c’est que ces attaques ont directement ou indirectement eu des conséquences désastreuses sur les travailleurs des établissements hôteliers ou de détente qui en ont été les cibles, sur les blessés et les ayants droit des personnes décédées, sans oublier évidemment  leur impact négatif sur l’attractivité touristique du Burkina et sur l’économie du pays déjà sinistrée par les troubles sociopolitiques depuis 2014 et même avant. La question qui mérite d’être posée après ces constats alarmants, est celle de savoir ce que l’Etat burkinabè, en tant que garant de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, a pris comme mesures afin d’éviter que de tels événements sanglants ne se reproduisent, mais aussi pour aider les victimes à panser leurs plaies et à surmonter les difficultés financières qui en ont résulté. Certes, face à l’indicible horreur et au bilan humain particulièrement lourd de l’attaque du 15 janvier 2016, il est incongru, dans le contexte culturel qui est le nôtre, de rappeler aux gouvernants leur rôle impérieux d’aider toutes les victimes à se relever financièrement et matériellement de ce drame, mais il serait tout aussi injuste de passer sous silence les difficultés de tous ordres auxquelles font face depuis un an, les travailleurs et les responsables des établissement visés par les terroristes.

C’est seulement unis que les Burkinabè pourront vaincre ces tueurs sans foi ni loi

La prise en charge psychologique tant annoncée de ceux qui ont « vu la mort de très près », le 15 janvier 2016 sur la mythique avenue Kwame N’Krumah, est restée, pour ainsi dire, dans les limbes, et les travailleurs comme ceux du Cappuccino, par exemple, qui ont eu la « chance » de perdre leur boulot au lieu de leur vie, n’ont pas bénéficié, pour autant que nous sachions, de l’appui nécessaire de la part de l’Etat pour tenir le coup, en attendant la reprise éventuelle de leurs activités. Quant aux responsables de Splendid Hôtel, de « Taxi-brousse » et plus globalement des établissements hôteliers et de loisirs, ils ont, pour des raisons évidentes, durci les mesures de sécurité, et on imagine que les charges y afférentes ne feront que plomber davantage leur trésorerie déjà durement affectée par la faible affluence des clients. Cela dit, face aux défis sécuritaires énormes et à la modicité de nos moyens, on peut aisément comprendre que l’Etat veuille trouver la solution en amont, c’est-à-dire empêcher l’infiltration des terroristes à Ouagadougou et ailleurs dans le pays, par des contrôles minutieux et par un déploiement massif des forces de défense et de sécurité (FDS) dans les zones réputées être des cibles potentielles. Certes, on peut féliciter nos braves FDS pour les contrôles à tout bout de champ sur les axes routiers, mais là encore, les contrôles devraient se faire sur tout objet mouvant, y compris les charrettes à traction asine, car les « bad boys » utilisent rarement les moyens ordinaires pour atteindre leurs objectifs. Des mesures tout aussi draconiennes de sécurité comme celles prises sur le site du SIAO, en octobre dernier, devraient être instaurées à l’occasion des fêtes ou réjouissances populaires, de même que dans les points névralgiques de nos villes et singulièrement de Ouagadougou. Il appartiendra à nos autorités de faire le dosage idoine en termes d’information et de sensibilisation sur les risques sécuritaires et les dispositions à prendre pour y faire face, sans créer une sorte de paranoïa ambiante qui pourrait générer la méfiance vis-à-vis de l’autre et la stigmatisation fondée sur l’ethnie, la religion ou le style vestimentaire. Car, c’est seulement unis que les Burkinabè pourront vaincre ces tueurs sans foi ni loi qui n’ont heureusement pas encore beaucoup d’adeptes dans notre pays. Mais encore faut-il que la confiance mutuelle s’instaure afin que les renseignements utiles puissent être transmis à ceux qui sont en première ligne dans cette guerre asymétrique, c’est-à-dire nos vaillantes FDS. Rappelons que suite aux attentats du 15 janvier 2016, 3 personnes vivant au Burkina Faso ont été inculpées parce qu’elles auraient apporté de l’aide aux terroristes pour la commission de leur forfait. Il aurait suffi qu’une seule personne des trois eût suffisamment l’esprit patriotique pour dénoncer les djihadistes et on n’en serait pas là à regretter la trentaine de victimes innocentes. De la même manière, la multiplication des attaques dans le sahel, aurait pu être évitée s’il y avait eu une meilleure collaboration entre les populations locales et les assaillants. En un mot comme en mille, un an après la fin de ce que d’aucuns ont qualifié « d’exception burkinabè » avec la sanglante attaque de Ouagadougou, et malgré les professions de foi et les mesures concrètes de sécurisation de nos frontières, on ne peut que se rendre à l’évidence que le défi sécuritaire reste entier au Burkina Faso.

Hamadou GADIAGA


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