HomeA la uneAN III DE L’INSURRECTION POPULAIRE  Pour des OSC, : « les espoirs et attentes sont littéralement remis en cause » 

AN III DE L’INSURRECTION POPULAIRE  Pour des OSC, : « les espoirs et attentes sont littéralement remis en cause » 


Les 30, 31 octobre et 2 novembre prochains, le Burkina va commémorer le 3e anniversaire de l’Insurrection populaire. A cette occasion, une coalition d’organisations de la société civile a prévu d’organiser une marche-meeting pour commémorer l’évènement. Et c’est pour en parler qu’elle a échangé avec la presse, le mardi 24 octobre 2017, à Ouagadougou.

 

Le samedi 4 novembre 2017 à Ouagadougou, il est prévu une marche-meeting pour commémorer le 3e anniversaire de l’Insurrection populaire. Une initiative d’une coalition d’organisations de la société civile composée du CDAIP, du MBDHP, du REN-LAC, du collectif CGT-B, du CCVC/Ouaga, de l’ODJ, de l’UGEB, du SYNAMUB, de l’AJB et du CDADL. C’est dans ce cadre que le collectif a rencontré la presse le 24 octobre dernier, afin de donner des éléments d’informations. Pour ce qui est de l’activité, à savoir la marche suivie de meeting, les organisateurs, selon leur porte-parole Elie Tarpaga, président du Comité de défense et d’approfondissement des acquis de l’Insurrection populaire (CDAIP), donnent rendez-vous pour 8h à la Place de la Nation. De ce lieu, ils prévoient une marche en direction de l’Assemblée nationale prise par les insurgés le 30 octobre 2014, symbole de l’insurrection du peuple, où, disent-ils, un message d’espoir sera livré pour la poursuite de la lutte pour la révolution, avant de retourner à la Place de la Nation pour le meeting. A ce meeting, ils vont, entre autres, exiger le jugement des dossiers de crimes de sang notamment ceux des martyrs de l’insurrection et de la résistance populaire, de Boukary Dabo, Norbert Zongo, Thomas Sankara et bien d’autres ; défendre les libertés d’expression et de manifestation ; exiger des mesures contre la cherté de la vie et pour des emplois décents pour la jeunesse ; exiger des mesures concrètes de sécurité ; poursuivre la lutte pour la défense et l’approfondissement des acquis de l’insurrection et de la résistance populaires. Et Elie Tarpaga, porte-parole des organisateurs de l’évènement, de rappeler que « l’insurrection populaire d’octobre 2014 et la résistance victorieuse au putsch de type fasciste du Général Gilbert Diendéré et de son ex-RSP ont été des œuvres démocratiques, historiques et héroïques réalisées par notre peuple ; celles-ci tirent leurs sources et fondements de la longue lutte du peuple pour la justice, la liberté et le progrès social ». Ajoutant que l’insurrection populaire est la résultante de diverses luttes dirigées contre un système de gouvernance. Mais voilà qu’après cette lutte qui a abouti à l’insurrection populaire, les membres du collectif relèvent que le peuple burkinabè s’attendait à un changement qui est tout autre aujourd’hui, affirment-ils. Le constat, selon le collectif des organisations de la société civile, est que les espoirs et attentes fondés par le peuple sont littéralement remis en cause. Il relève que le pouvoir actuel travaille à détruire la flamme du véritable changement révolutionnaire dont l’insurrection et la résistance victorieuse furent des étapes importantes.

« L’impunité érigée en système de gouvernance »

Au niveau de la Justice, Elie Tarpaga indique que le constat est celui des manœuvres politico-judiciaires dont l’objectif fondamental, dit-il, est de garantir l’impunité aux Hommes du clan Compaoré. Et de faire savoir que trois ans après l’insurrection, les dossiers des martyrs restent en l’état et cela, malgré le rapport sur l’insurrection qui identifie clairement ceux qui ont dirigé les tueries des 30, 31 octobre et du 2 novembre 2014, déclarent les organisateurs, notamment le Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida. Elie Tarpaga et ses camarades s’étonnent que curieusement, ce dernier ait été exilé au Canada par le pouvoir en place où, font-ils savoir, « il vit paisiblement et aucun mandat d’arrêt n’est lancé contre lui pour répondre de ses actes et du pillage record des ressources du peuple » comme le révèle le rapport de l’ASCE-LC en 2016, souligne le collectif des organisations de la société civile. Plus loin, ajoutent-ils, presque toutes les personnes mises aux arrêts sous la pression populaire pour leur implication dans les assassinats lors de l’insurrection dont notamment les membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré, ont été libérées et ce, au mépris de la soif de justice des victimes, des familles des martyrs et du peuple. Le collectif déplore des insuffisances dans la gouvernance du pouvoir actuel, que ce soit au niveau social et économique où, note Gabin Korbéogo de l’ODJ, les autorités sont en train de clochardiser la jeunesse en lui offrant des emplois précaires. Sur le plan sécuritaire, le collectif indique que le peuple se rend compte que l’Etat est dans une incapacité structurelle d’assurer l’intégrité territoriale et la sécurité des populations. Selon Gabin Korbéogo, des faits attestent que le peuple est déçu et que le pouvoir s’emploie à remettre en cause les acquis de l’insurrection. Tout en affirmant que l’impunité est érigée en système de gouvernance. Il relève une remise en cause de la liberté de manifester, réagissant à une question sur l’arrestation de Pascal Zaïda. A ce sujet, le collectif des organisations de la société civile condamne par principe le fait du manque de liberté de manifester tout en faisant savoir qu’il n’est pas pour une libération des détenus, comme le souhaite Pascal Zaïda. Pour le collectif, il faut que la Justice fasse son travail et il constate finalement qu’il y a un deal que le régime est en train de faire. Sur une préoccupation concernant l’affaire Dabo Boukary avec la disparition de Salifou Diallo qui avait fait des déclarations à ce sujet, Gabin Korbéogo a indiqué que ce n’était pas le lieu d’en parler. Tout en relevant que par rapport à ce que feu Salifou Diallo a dit, c’est à la Justice de faire son travail.

Antoine BATTIONO

 


Comments
  • Une initiative salutaire mais qui semble être de l’eau versé sur le dos d’un canard ! Oui, ces marches-meetings chaque année semblent ne pas avoir d’effet quant à l’avancée de tous ces dossiers. À mon humble avis, ces OSC doivent trouver un autre moyen pour se faire entendre par le gouvernement actuel qui fait du cadet de ses soucis le jugement des crimes.

    25 octobre 2017

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