HomeA la uneAPPEL  A UN TROISIEME MANDAT POUR ALPHA CONDE : Le professeur saura-t-il  résister au chant des sirènes ?

APPEL  A UN TROISIEME MANDAT POUR ALPHA CONDE : Le professeur saura-t-il  résister au chant des sirènes ?


 

L’exception guinéenne n’aurait-elle pas lieu ?  La question n’est pas saugrenue, en ce moment où l’entourage du président guinéen commence à bruisser de velléités de modification constitutionnelle pour sauter le verrou de la limitation des mandats et permettre à leur mentor de briguer un troisième mandat. Et à voir les foudres que subit le président de la Cour Constitutionnelle, Kéléfa Sall, qui avait invité Alpha Condé à ne pas « succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes », il y a de fortes présomptions que la fumée ne soit sans feu. En effet, le mousquetaire de la plus haute juridiction du pays fait face, depuis cet appel, à une fronde d’une partie des conseillers de la Cour constitutionnelle.  Et comme pour le fragiliser  davantage, le ministre de la Justice, Cheick Sako, dans une récente sortie publique, lui a fait de façon délibérément menaçante, des remontrances. Même si le principal intéressé Condé reste pour l’instant muet sur la question, la gratouille qui s’est emparée de sa cour est symptomatique de son penchant. D’ailleurs, le modus operandi des tripatouilleurs de Constitutions est assez bien connu. Ils confient toujours les basses besognes à leurs courtisans avant qu’ils ne tombent au grand jour le masque.  En lâchant du lest face à l’opposition lors du dialogue politique, ne visait-il pas, en agenda caché, à  amadouer, endormir le peuple et la classe politique  avant de lui assener le coup fatal ? En tout état de cause,  une  telle pirouette de la part d’Alpha Condé, n’étonnerait pas. Et pour causes. D’abord, les vieux opposants qui accèdent au pouvoir finissent souvent par de dangereuses sorties de route. Les exemples sont légion sur le continent. Il en est d’ailleurs de même pour les intellectuels engagés en politique qui finissent par s’y égarer.

Toute inclinaison de Alpha Condé vers un troisième mandat relèverait de l’irresponsabilité

Ensuite, l’homme, sans nul doute, doit faire l’objet de pressions de puissants lobbys tant politiques qu’économiques. On sait que la gestion du pouvoir est très clanique en Guinée et conduit à une sorte de patrimonialisation du pouvoir d’Etat. On connaît aussi les liens qu’entretient le professeur Alpha Condé avec certaines multinationales, notamment françaises qui ont tout intérêt à ce qu’il se pérennise à la tête de l’Etat afin que vive longtemps la poule aux œufs d’or. Et peut-être aussi faut-il compter avec un possible deal avec certains auteurs ou responsables des massacres du 28 septembre qui, pour garantir leur impunité, ont intérêt à ce que le régime de Condé qui n’a rien fait pour les inquiéter, puisse se perpétuer ! Mais quelles que soient les raisons du Professeur Alpha Condé, toute inclinaison vers un troisième mandat relèverait de l’irresponsabilité parce que lourde de conséquences. L’atmosphère très volatile d’une scène politique aux éruptions meurtrières, ne manquera infailliblement pas de s’enflammer dans un contexte où les clivages politiques épousent des contours ethniques. Succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes prouverait que l’intellectuel de haut lignage qu’il est, ne sait pas lire les signes des temps et qu’il ne tire pas leçon de l’histoire de la Guinée et des autres peuples. Il donnerait ainsi raison à Aldous Huxley qui disait que  «  le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l’Histoire est la leçon la plus importante que l’Histoire nous enseigne.” Plutôt donc que d’entraîner la Guinée vers des lendemains incertains,  le président Condé doit parler et rassurer le peuple guinéen. En attendant, il faut saluer le courage du président de la Cour Constitutionnelle qui, lui, a assumé publiquement son opinion et son engagement pour la démocratie. Le peuple guinéen doit aussi prendre ses responsabilités en faisant bloc derrière son «  Zorro » pour barrer la route à l’ostracisme qui le guette, mais aussi pour rappeler à Condé qu’il y a des lignes rouges à ne pas franchir.

SAHO


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