HomeA la uneAPPEL DE AGBEYOME A UNE CANDIDATURE UNIQUE AU TOGO : Une chance pour l’alternance

APPEL DE AGBEYOME A UNE CANDIDATURE UNIQUE AU TOGO : Une chance pour l’alternance


L’union fait la force. Cette maxime, l’opposant togolais, Agbéyomé Kodjo, semble l’avoir comprise et vouloir en faire son credo, pour déboulonner l’actuel locataire du palais de Lomé II, qui a fini par y pousser des racines solides. Mais en partageant ce rêve avec ses camarades de l’opposition, l’ex-Premier ministre d’Eyadema père, qui a aussi occupé le perchoir, y croit-il vraiment ? Lui seul pourrait  répondre à cette question. Mais à y regarder de près, c’est la seule véritable option pour rendre l’alternance possible au Togo. Car, après un demi-siècle de dictature des Gnassingbé père et fils, les Togolais ne semblent pas au bout de leurs peines, alors que dans leur grande majorité, ils aspirent   à un changement qui semble, pour eux, un rêve de plus en plus lointain.

Pour les leaders de l’opposition, c’est un défi majeur qui leur est lanc

Et pourtant, en se donnant la main, l’opposition togolaise pourrait rendre ce rêve possible, parce que d’autres l’ont réussi sous d’autres cieux, comme au Sénégal avec Macky Sall, pour barrer la route à Abdoulaye Wade, et au Burkina Faso pour mettre fin à 27 ans de règne sans partage de l’insatiable Blaise Compaoré. Car il est illusoire de penser que Faure Gnassingbé va leur offrir le pouvoir sur un plateau d’or, en se retirant bonnement de la course à la présidentielle. Au contraire, comme beaucoup de ses pairs et aînés du continent, il y a fort à parier qu’il usera de tous les moyens possibles pour s’accrocher au pouvoir, à cause de cet appétit glouton de bien des princes régnants qui obligent souvent leur peuple à prendre ses responsabilités pour se libérer de leur joug.

L’opposition togolaise n’a d’autre choix que de s’unir et de s’organiser, si elle veut se donner des chances de réaliser l’alternance. Depuis la nuit des temps qu’elle lutte désespérément, cet appel de l’ex-président de l’Assemblée nationale sonne-t-il l’amorce d’une aube nouvelle pour l’opposition togolaise ? Rien n’est moins sûr, quand on sait la guerre de leadership et des ego que se livrent les opposants africains, beaucoup de chefs de partis préférant être têtes de rats que queues de lions. Mais une chose est sûre, l’alternance, elle, ne viendra pas d’elle-même. Il va falloir la provoquer et aller la chercher. Et ce n’est certainement pas en allant en rangs dispersés que les Togolais y parviendront, surtout dans la perspective d’un scrutin à un tour.

C’est pourquoi il faut saluer la hauteur de vue de l’ex-Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale qui, après avoir servi le père, s’est rallié à l’opposition pour combattre le fils, dans ses velléités de s’éterniser au pouvoir.

En s’engageant dans une lutte pour une candidature unique de l’opposition contre Faure Gnassingbé, Agbéyomé Kodjo jette un véritable pavé dans la mare. En effet, son attitude ne manquera pas de provoquer des répercussions au sein de la classe politique togolaise. Pour le parti au pouvoir, cet homme pourrait représenter un danger certain, s’il est suivi par ses camarades de l’opposition. Aussi, l’on ne serait pas étonné que ce pouvoir  use de tous les moyens pour briser  l’élan d’une éventuelle union de l’opposition. Pour les autres leaders politiques de l’opposition, c’est un défi majeur qui leur est lancé, dans leur lutte pour un mieux-être des populations togolaises. Car, cette décision est non seulement  réaliste et pragmatique, mais elle montre aussi toute la maturité politique de l’homme, qui a certainement fait un diagnostic profond de la situation politique de son pays.

Sera-t-il seulement entendu ?

D’autant plus qu’après les trente-huit ans de règne du père, et déjà dix du fils, les Togolais ont envie d’essayer autre chose que ce que les Gnassingbé leur ont servi pendant toutes ces années. Du coup, Agbéyomé Kodjo démontre que l’on ne crée pas un parti politique uniquement pour la conquête du pouvoir d’Etat pour soi. C’est en homme averti, en homme du sérail qui a été longtemps au cœur du système Gnassingbé, qu’il prône cette union de l’opposition pour se donner des chances d’assouvir la soif de changement des Togolais. Il ne fait aucun doute qu’en multipliant les candidatures, l’opposition togolaise   émiette ses voix, et fait le jeu du parti au pouvoir qui n’en demande pas mieux. Mais, en faisant front et en s’alignant derrière une candidature unique, elle pourrait ratisser large et se donner des chances de parvenir au changement, pour jeter les bases d’un Togo nouveau. Cela lui permettrait d’engager les réformes constitutionnelles qu’elle demande en vain, qui pourraient porter principalement sur la non- limitation des mandats présidentiels. Car, tant que Faure sera au pouvoir, il y a fort à parier qu’il s’accrochera de toutes ses forces à sa « chose », taillée sur mesure par son défunt père, pour pérenniser la dynastie Gnassingbé.

L’opposition togolaise saura-t-elle saisir cette opportunité? Peut-on s’attendre à un renoncement de la part de la demi-douzaine de  candidats déjà déclarés, tous de l’opposition ? Là est toute la question. Et elle est d’autant plus fondée que la désignation même de ce candidat unique pourrait poser problème au sein de l’opposition. Car, à l’opposé de l’ex-Premier ministre, il n’est pas certain que certains leaders se rallieront aussi facilement derrière un autre, dès lors qu’ils n’auront pas été choisis. Pourtant, il y a urgence à se décider rapidement, car un autre défi, et pas des moindres, les attend : travailler à la transparence du scrutin. L’enjeu est donc de taille, et Agbéyomé Kodjo a montré la voie à suivre. Sera-t-il seulement entendu ?

« Le Pays »


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