HomeA la uneAPPEL DU PRESIDENT BENINOIS A LA RELECTURE DU CODE ELECTORAL :

APPEL DU PRESIDENT BENINOIS A LA RELECTURE DU CODE ELECTORAL :


Le 20 mai, le président béninois, Patrice Talon, s’est adressé pour la première fois à son peuple, depuis les violences qui ont émaillé les législatives desquelles les partis de l’opposition ont été exclus. L’adresse était des plus attendues car de nombreux Béninois espéraient encore l’annulation du scrutin controversé. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs espoirs ont été déçus, Talon ayant décidé de tourner  la page des élections.Tout de même, sans accepter l’annulation des élections, le président s’est voulu rassurant. «J’inviterai très prochainement, dit-il, toute la classe politique pour des échanges directs, francs et constructifs au profit de notre bien commun : le Bénin ». Dans la même dynamique, il annonce la relecture des textes qui sont à l’origine du différend avec l’opposition.

 

Talon veut se donner bonne conscience

 

«Je voudrais inviter le nouveau Parlement à rassurer l’opposition politique en procédant à la relecture responsable de la Charte des partis et du Code électoral », a-t-il laissé entendre. Toutefois, l’on peut douter de la bonne foi de Talon car non seulement son offre de dialogue n’est assortie ni de calendrier ni d’aucune modalité pratique, mais aussi l’on comprend difficilement cette logique qui consiste à maintenir la nouvelle Assemblée nationale tout en admettant la nécessité d’une relecture des textes organisationnels. « Quand on ne mange pas le crapaud, on n’en boit pas la soupe », dit le proverbe. L’on est donc tenté tout simplement de croire que Talon veut se donner bonne conscience après son forfait si fait qu’on peut affirmer qu’il joue au médecin après la mort.En tout cas, il y a fort à parier que l’opposition ne mordra pas à l’hameçon. En aucune façon, elle ne peut imaginer une gouvernance pendant 5 ans sans contre-pouvoir. Etant exclus des cadres constitutionnels, les opposants béninois n’ont d’autre choix que de déplacer le débat dans la rue, avec toutes les conséquences qui vont avec. Et les violences politiques ne manqueront pas de signer leur retour dans le  vieux Dahomey, avec les risques de pertes en vies humaines comme en ont déjà causé les récentes manifestations. Tout ceci fait craindre pour la stabilité d’un pays qui vient de marquer son entrée dans l’œil du cyclone des terroristes. Cela dit, la  question que l’on peut se poser est la suivante : pourquoi Talon a-t-il choisi, en toute connaissance,  de mettre en péril la stabilité du Bénin ? Sans doute l’homme a-t-il un agenda caché. On le soupçonne déjà d’avoir jeté dans les poubelles de l’histoire sa promesse de mandat unique. Et qui sait, dans cette même perspective, s’il n’est pas en train de ruser pour détourner l’attention du peuple des échecs de son mandat vers une crise politique dont la gestion sera érigée en programme politique ?

les Béninois ne sont pas exempts de  tout reproche

 

L’un dans l’autre, toutes ses manœuvres politiques traduisent tout le mal que l’on peut penser de cet homme qui est en train de se revêtir de tous les apparats d’un dictateur. Il a non seulement vendangé l’héritage démocratique d’un pays qui était l’un des phares de la démocratie en Afrique, mais il assombrit davantage l’horizon. De ce fait, il est en train de faire regretter aux Béninois leur choix en imprimant de la plus mauvaise des manières sa marque dans l’histoire du pays.Mais faut-il pour autant plaindre le peuple béninois ? Assurément non ! Car les Béninois, en vérité, ne sont pas exempts de  tout reproche dans l’avènement de cette dictature qui s’installe lentement mais sûrement dans leur pays. En effet, plutôt que de choisir leur candidat à la dernière présidentielle en fonction de la qualité de son programme, le peuple béninois s’est comporté en arbitre dans la querelle qui opposait Patrice Talon à Yayi Boni en sanctionnant sévèrement ce dernier. Aujourd’hui, Talon lui fait payer cash sa myopie politique. Mais comme dit le proverbe, «  la fourmi ne peut se fatiguer de supporter sa tête ». C’est au même peuple à qui appartient le pouvoir, de se donner les moyens de recadrer tout dirigeant politique dans ses dérives.  Quant à Talon, il doit prendre conscience, comme disent les Bwaba, que « le peuple est comme Dieu : il a deux bouches. Ce qu’il donne aujourd’hui, il peut le reprendre demain ».

 

« Le Pays »   

 


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