HomeA la uneARRESTATION DE SOLDATS POUR FAIT DE MUTINERIE AU CAMEROUN : Biya casse le thermomètre, mais ne fait pas tomber la fièvre

ARRESTATION DE SOLDATS POUR FAIT DE MUTINERIE AU CAMEROUN : Biya casse le thermomètre, mais ne fait pas tomber la fièvre


Du rififi au sein de la Grande muette camerounaise. C’est le moins que l’on puisse dire. En effet, engagés dans la lutte contre les islamistes de Boko Haram, des militaires camerounais, une trentaine dit-on, ont manifesté le 4 juin dernier pour réclamer « leur relève immédiate » ainsi que « le versement de leurs primes de soldats internationaux… à l’instar de celles servies à leurs camarades des opérations onusiennes de maintien de la paix », explique le ministère de la Défense dans un communiqué lu sur les antennes de la radio nationale camerounaise. Il faut rappeler que les soldats mutins, arrêtés et transférés à Yaoundé en attendant leur procès, faisaient partie de la Force multinationale mixte (FMM), du nom de cette coalition régionale forte de 10 000 hommes issus du Cameroun, du Tchad, du Nigeria et du Niger afin de traquer jusque dans leurs derniers retranchements, Abubacar Shekau et ses sicaires qui ont, à leur actif, plus de 20 000 morts. Et le Cameroun, dans cette guerre sans merci contre les djihadistes, ne fait pas de la figuration, tant les hauts faits d’armes de ses troupes ne sont plus à démontrer. Car, aujourd’hui plus qu’hier, la voilure de ceux-là qui entendaient installer leur califat dans le Bassin du lac Tchad a été on ne peut plus réduite. Mais il est un fait aussi que de nombreux camerounais mobilisés sur le front, se plaignent de leurs conditions de travail. Certes, c’est la première fois que certains d’entre eux ont franchi le pas en affichant ouvertement leur mécontentement, mais, dans le fond, ils n’ont fait qu’exprimer le malaise profond qu’il y a au sein de la troupe.

Il faut craindre que d’autres soldats ne sortent aussi du bois pour se faire entendre bruyamment

C’est pourquoi, plutôt que de parler « d’actes d’indiscipline », les autorités camerounaises auraient tort de fermer les yeux sur les problèmes soulevés par les mutins. Car, les questions de primes, au Cameroun comme ailleurs en Afrique, sont très sensibles. On l’a vu récemment en Côte d’Ivoire où des « coupeurs de route » ont passé le temps à se sucrer sur le dos des troupes, jusqu’au jour où n’en pouvant plus, celles-ci ont décidé de se faire entendre au bazooka. La suite, on la connaît. Certes, le Cameroun n’est pas la Côte d’Ivoire, mais dans un pays où la corruption a pignon sur rue, on ne peut jurer de rien. Qu’est-ce qui dit que les primes allouées à chaque soldat sont intégralement versées ? Qu’est-ce qui dit que l’argent qui devrait permettre d’équiper les soldats sur le terrain, n’a pas servi à autre chose ? Qu’est-ce qui dit que le commandement camerounais, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, ne fait pas dans le clientélisme comme ce fut le cas au Nigeria sous l’ère Goodluck Jonathan ? Autant de questions que l’on est en droit de se poser et auxquelles le gouvernement camerounais se devait d’apporter des éléments de réponses avant d’envisager toute sanction à l’encontre des soldats frondeurs. Car, comme on le sait, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il faut craindre que d’autres soldats ne sortent aussi du bois pour se faire entendre bruyamment, si rien n’est fait pour trouver des solutions durables aux problèmes posés. On attend de voir. Toujours est-il que comme le dit l’adage, « casser le thermomètre ne fait pas baisser la fièvre ».

B.O


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