HomeA la uneARRIVEE DE TROIS CHEFS D’ETAT AFRICAINS AU BURKINA :Dites à l’UA et à la CEDEAO que ce sont elles qui produisent et encouragent les dictatures

ARRIVEE DE TROIS CHEFS D’ETAT AFRICAINS AU BURKINA :Dites à l’UA et à la CEDEAO que ce sont elles qui produisent et encouragent les dictatures


Trois chefs d’Etat africains, précisément ouest-africains, sont venus au chevet du Burkina. En effet, un peu moins d’une semaine après l’insurrection populaire qui a entraîné la chute du régime Compaoré, John Dramani Mahama du Ghana, président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Macky Sall du Sénégal et Goodluck Jonathan du Nigeria, se sont rendus à Ouagadougou. Objectif : aider les Burkinabè à remettre leur pays sur les rails de la démocratie. Ces missions de bons offices, les Burkinabè en ont plus que besoin dans la situation actuelle que vit le pays. Et, comme le dit l’adage, « il n’est jamais tard pour bien faire ». La pression de la communauté internationale dans son ensemble et celle de la communauté africaine en particulier sont nécessaires pour que la transition politique puisse se dérouler dans les règles de l’art et que le pays se remette rapidement sur la bonne voie.

Les militaires, comme on le sait, détiennent encore les rênes du pouvoir. Or, l’armée n’inspire pas confiance pour plusieurs raisons, notamment sa propension à s’accrocher au pouvoir chaque fois qu’elle en a l’occasion. Or, comme on le sait, de nombreux outils juridiques qui ont pour objet d’encadrer la démocratie et l’Etat de droit en Afrique, consacrent la nécessité que l’armée soit à la disposition des civils commis à la tâche de gérer le pouvoir d’Etat. C’est dire toute la nécessité que les militaires passent la main à des autorités civiles, pour conduire la transition au Burkina. Les trois chefs d’Etat sont venus en appui aux premiers émissaires de la CEDEAO, de l’Union africaine (UA) et de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) dans une certaine mesure. Ils sont certainement venus au nom surtout de la communauté africaine, c’est-à-dire de l’UA et beaucoup plus, de la CEDEAO.

On peut déplorer l’intervention quelque peu tardive des organisations africaines

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le choix de ces personnalités, est acceptable, voire judicieux. En effet, ces trois chefs d’Etat sont, toutes proportions gardées, des démocrates. A titre d’exemple, le Ghana est un véritable phare de la démocratie, qui donne des leçons même au monde entier. En témoigne le fait que le défunt président John Atta-Mills avait dû passer par des primaires organisées au sein du parti présidentiel (parti du président John Dramani Mahama également), à l’issue de son premier mandat, pour voir s’il est la personne qui doit être candidate à sa propre succession, alors même que la Constitution du pays l’autorisait à briguer deux mandats constitutionnels consécutifs et que dans certains pays, une telle candidature ne souffre même pas de la moindre contestation. C’est donc un choix éclairé qui a été fait, pour ce qui est de la décision d’envoyer ces trois personnalités au chevet du Burkina.

Ceci dit, on ne peut tout de même pas s’empêcher de déplorer l’intervention quelque peu tardive des organisations qui ont mandaté les présidents ghanéen, sénégalais et nigérian, pour jouer aux « sapeurs-pompiers ». Pourquoi l’UA et la CEDEAO n’ont-elles pas été à même de donner de la voix quand les velléités du président déchu Blaise Compaoré, de régner à vie, non seulement enfreignaient les règles de ces deux organisations, mais menaçaient aussi gravement la paix ? En rappel, ces deux organisations n’ont même pas été capables de « pondre », ne serait-ce qu’une déclaration de principe, contre le tripatouillage qui se préparait au Burkina. Leurs premiers responsables n’ont pas voulu prendre le risque de contrarier Blaise Compaoré. Pas plus qu’ils ne voulaient agacer la France qui comptait beaucoup sur celui qui était réputé être un médiateur hors pair. Et le président de la, Commission de la CEDEAO qui est issu, du sérail de Blaise Compaoré lui devait beaucoup en ce qui concerne l’accès à son poste. Cela n’est ni plus ni moins qu’une attitude dommageable à l’image, à la crédibilité de ces organisations. Ce sont ce genre de couardise, de complaisance ou de complicité qui produisent et encouragent les dictatures sur le continent. Il serait mieux de revoir le mode de désignation du président de la Commission de l’UA et de celui de la Commission de la CEDEAO, de sorte à garantir leur autonomie vis-à-vis des chefs d’Etat. Il est de notoriété publique que les présidents africains se comportent en véritables syndicalistes, soucieux de défendre les intérêts de leurs membres, et ce, généralement au détriment de l’intérêt des populations.

Personne ne leur pardonnerait un autre cas de laxisme et de mutisme à la limite du criminel

Il aura fallu que le peuple burkinabè prenne lui-même en main son destin, de façon héroïque, pour se tirer du gouffre et rappeler au passage à l’UA et à la CEDEAO qu’elles ont des dispositions pertinentes sur la démocratie et l’Etat de droit dont il faut sauver à tout prix l’esprit et la lettre. Le sacrifice aura été lourd. De nombreuses vies brisées, des dégâts matériels énormes et une expérience démocratique freinée brutalement. L’UA et la CEDEAO doivent se hâter de comprendre que les institutions doivent être plus fortes que les individus et ce, en toute circonstance. Plus jamais, l’UA ou la CEDEAO ne devrait avaler sa langue quand la paix et la sécurité sont ainsi mises à mal par des individus qui se servent des règles de la démocratie pour mieux étouffer et tuer la démocratie sur le continent. Si non, ce serait toujours facile de venir s’ériger en donneur de leçons, après avoir fait preuve d’une complicité passive ou active dans l’embrasement d’un pays. En d’autres termes, ces organisations africaines doivent faire preuve d’anticipation pour prévenir les crises ; il serait mieux qu’elles cessent d’être absentes quand les plus forts écrasent les plus faibles et de ne donner de la voix que quand le mal est déjà fait.

En tout état de cause, il faudra tirer toutes les leçons du cas burkinabè. D’autres chefs d’Etat ont dans leurs tiroirs des projets pareils à celui de Blaise Compaoré : modifier la Constitution de leurs pays respectifs pour se donner les moyens de s’accrocher au pouvoir. L’UA et la CEDEAO le savent. Elles ont l’occasion de se racheter, en prenant toutes les dispositions pour prévenir toute détérioration du climat politique dans ces pays, à cause de la boulimie du pouvoir et de l’irresponsabilité d’individus et de leurs clans. Elles ne doivent pas perdre de vue le fait que si elles sont quelque peu excusables sur le cas du Burkina qui est dans une certaine mesure le premier élément d’une série qu’on voyait venir en Afrique noire à partir de la fin de cette année 2014, personne ne leur pardonnerait un autre cas de laxisme et de mutisme à la limite du criminel. Les Africains ont marre de devoir se libérer au prix de leurs vies parce que des institutions, budgétivores du reste, n’ont pas le courage de faire leur travail. Les Africains sont lassés et ont honte de devoir toujours compter sur les Occidentaux alors que les responsables de leurs propres organisations se complaisent dans l’hypocrisie et la lâcheté. A l’UA, à la CEDEAO et aux autres organisations sous-régionales africaines de se racheter, en tenant un langage de vérité aux princes, aussi puissants soient-ils. A elles de prouver aux peuples leur utilité ou leur inutilité. C’est une question de dignité.

« Le Pays »


Comments
  • Très bel article! Chapeau.

    6 novembre 2014
  • CES GENS LA SONT LA POUR LES PERDIEMS ET FRAIS DE MISSION EN VUE DE PREPARER LEURS FETES DE FIN D’ANNEE. SINON LE BONHEUR DU BURKINABE EST LE CADET DE LEURS SOUCIS.
    QU’ON NOUS LAISSE TRANQUILLE. D’AILLEURS, MACKY SALL EST DISQUALIFIE, AINSI QUE GOOD LOCK QUI NE PEUT MEME PAS GERER SON BOKO HARAM.
    NOUS SOMMES MURS, NOTRE SOCIETE CIVILE EST FORTE, LA JEUNESSE EST TRAVAILLEUSE (REGARDEZ TOUS CES DEBROUILLARDS DANS LA RUE CHAQUE JOURS). QU’ON REPARTISSE BIEN LES RESSOURCES ET VOUS VERREZ LA FORCE DU BURKINA .
    JE REPETE, LE BURKINA N’EST PAS PAUVRE, CE SONT LES DIRIGEANTS QUI S’ACCAPARENT DE TOUTES LES RESSOURCES ET RENDENT VULNERABLE LE PEUPLE.
    QU’ON NOUS AMENE KERE A LA TRANSITION AVEC UN VICE PRESIDENT QUI PEUT ETRE DE LA COMMUNAUTE MUSULMANE.
    QUE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE GARDE SON AIDE.
    NOUS REVIENDRONS AVEC LE MOT D’ORDRE « CONSOMMONS CE QUE NOUS PRODUISONS ET PRODUISONS CE QUE NOUS CONSOMMONS »
    QUE DIEU BENISSE LE BURKINA
    LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS

    6 novembre 2014
  • C’est propre et bien dit! Que la CEDEAO et l’UA aillent se faire foutre et nous laissent calmement gerer nos problemes sans precipitation. A part les frais de missions que vont empocher gracieusement et sans honte ces emissaires de l’UA et de la CEDEAO, que peuvent-ils regler dans notre situation?

    6 novembre 2014
  • Les chasseurs de primes ou de trophées, qui se font passer pour la communauté internationale, peuvent repartir chez eux.
    N’ont-ils pas vu que nous avons engagé des concertations pour nous accorder sur une transition civile et démocratique dans les meilleurs délais ?
    N’ont-ils pas vu que le Peuple a nettoyé ses villes et est reparti au travail ?
    Que viennent-ils faire ici, maintenant ? Où étaient-ils pendant les 27 ans de dictature déguisée en pseudo-démocratie, quand les manifestations ont commencé, quand le soulèvement a commencé ?
    Qu’ils se partagent leurs perdiem et retournent dans leurs tours d’ivoire. Mieux, qu’ils aillent dans les pays qui courent de graves risques du fait de velléités de tripatouillage des constitutions ; cela permettrait peut-être aux peuples de ces pays de faire l’économie du sacrifice que le Peuple Burkinabè a dû consentir pour sa libération.

    6 novembre 2014
  • Bel article! Comment peut on faire que ces observations de manière plus diplomatique arrivent dans l’oreille de qui de droit cad les autorités de l’UA et de la CEDEAO avec ampliation à l’UE, etc.. peut être une requête écrite de la société civile aux dites structures. Cela pourrait être une contribution du Burkina aux pays dont les responsables sont en voie de modifier leur constitution afin que leur président renouvelle leur mandat.

    6 novembre 2014

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