ASFA-Y : L’entraîneur démissionnaire réclame plus de 10 millions de F CFA d’arriérés de salaire
On savait depuis un bout de temps que les relations n’étaient plus au beau fixe entre les dirigeants du club jaune et vert de l’ASFA-Y et l’entraîneur belge Jean François Losciuto. Aux dernières nouvelles, elles semblent prendre une autre tournure. En effet, Jean François Losciuto a animé une conférence de presse, le mercredi 22 juillet 2015, pour informer l’opinion de sa situation et des démarches entreprises pour rentrer dans ses droits. Pour la circonstance, il avait son avocat, Me Prosper Farama, à ses côtés.
« On m’a fait savoir que l’ASFA-Y est un grand club. On te fait croire que cette équipe est de l’or sans te dire qu’il y a des problèmes depuis deux, voire trois ans, une guerre interne, mais cela ne me regarde pas puisque je suis là pour les sportifs. Je pense que c’est une expérience de la vie et jamais je ne vais dire du mal de cette équipe ni de ses dirigeants qui m’ont fait subir les pires choses qu’un entraîneur peut subir ici. Et c’est une leçon de la vie ». Ce sont les mots de celui qui est, depuis quelques semaines, l’ex-entraîneur du club jaune et vert de l’ASFA-Y, le Belge Jean François Losciuto, lors d’une conférence de presse tenue le 22 juillet dernier à Ouagadougou, en compagnie de son avocat, Me Prosper Farama. En effet, c’est le 8 juillet 2015 que la rupture de son contrat, qu’il avait signé le 1er novembre 2014, est intervenue pour prendre effet le lendemain 9 juillet. Les raisons de cette rupture résultent du fait que depuis le mois de
février 2015, il n’a perçu aucun salaire et pire, relève Jean François Losciuto, il n’a plus eu de contact avec le président du club, Eddie Komboïgo, malgré plusieurs messages de sa part pour comprendre le non-versement de ses émoluments. Un salaire qui est de 2 300 000 F CFA par mois, soit plus de 10 millions de F CFA d’arriérés. Selon Losciuto, les dirigeants de l’ASFA-Y disent que le non-paiement des salaires est dû au fait que le club n’aurait pas vendu de joueurs à l’étranger au mois de janvier dernier. Pour l’ex-entraîneur, il a un contrat de travail qui le lie au club asfasien pour une durée de 4 ans et non un contrat d’agent de joueurs. Ajoutant que les objectifs à atteindre étaient de voir comment gagner le Championnat national, la coupe du Faso et la Super coupe AJSB, en deux ans. Losciuto indique qu’il y a également une clause que la société Easy management avait demandée au président Eddie Komboïgo : l’ouverture d’une académie élite qu’il dirigerait pour détecter des joueurs pour la catégorie senior, en plus d’être le coach de l’équipe première. A ce jour, affirme-t-il, aucune académie n’a vu le jour.
Sur les raisons juridiques de la rupture du contrat, Me Prosper Farama se dit indigné par l’attitude des dirigeants de l’ASFA-Y, pour lesquels il avoue avoir du respect. Il suppose que quand ces dirigeants signent des contrats, ils les lisent et les font lire par leurs juristes. Lorsqu’il y a un contentieux, on se réfère au contrat qui a été signé. L’avocat de Losciuto dit avoir passé deux soirées à lire et à relire toutes les clauses du contrat. Il y en a deux, relève-t-il, concernant le transfert des joueurs. « Si l’ASFA-Y veut
reprocher à Jean François Losciuto de n’avoir pas détecté des éléments de leur académie, il faut que celle-ci existe d’abord. Mais, comment un entraîneur peut-il détecter des joueurs dans une académie qui n’existe pas ?», s’interroge Me Prosper Farama, par rapport au fait que l’ASFA-Y dise qu’il n’a pas rempli sa part du contrat, pour ne pas le faire à son tour. Sur l’autre aspect, les dirigeants de l’ASFA-Y déclarent avoir cessé de payer les salaires du coach parce qu’il n’aurait pas fait partir des joueurs, soit deux par an à l’étranger, alors que pour son avocat, le contrat dit que les transferts se font pour toute l’année en cours. Losciuto a signé son contrat en novembre 2014. Si on prend une année et qu’on arrive au terme de celle-ci, ce sera en novembre 2015, relève Me Farama. Alors que, poursuit-il, après trois mois, ces dirigeants disent que le contrat n’est pas respecté. Pour lui, les dirigeants auraient dû mettre dans cette clause, que les transferts doivent se faire au plus tard en décembre 2014 ou janvier 2015. C’est cela qui est professionnel. Il se dit surpris de cette façon de faire de l’ASFA-Y qui relève purement de l’amateurisme. Me Farama a même présenté une photo où à Pô, avant un match, les joueurs se sont assis sous des manguiers pour manger. C’est tout cela qui a conduit Jean François Losciuto à mettre fin à son contrat et à saisir son avocat pour tenter de régler le problème à l’amiable. Ayant échoué dans cette démarche, Losciuto et son avocat ont entamé la procédure judiciaire et ont saisi l’Inspection du travail pour une tentative de conciliation. En cas de non-conciliation, le dossier sera transmis au tribunal du travail. L’ex-entraîneur considère que son contrat a été rompu pour non-paiement de cinq mois de salaire par le fait des dirigeants du club. Il va réclamer, en plus des arriérés de salaire, l’intégralité des salaires restants pour la suite du contrat (contrat de 4 ans), des dommages et intérêts. Il faut noter que le technicien belge, Jean François Losciuto, s’est engagé avec l’équipe nationale du Nigeria, les Super Eagles, où il sera l’adjoint du nouveau sélectionneur Sunday Oliseh.
Antoine BATTIONO
