HomeOmbre et lumièreASSAINISSEMENT DE LA BASE DE DONNEES SUR LES PASSEPORTS DIPLOMATIQUES ET DE SERVICE: Une opération de salubrité publique

ASSAINISSEMENT DE LA BASE DE DONNEES SUR LES PASSEPORTS DIPLOMATIQUES ET DE SERVICE: Une opération de salubrité publique


Parmi les décisions prises par la Transition, qui vont dans le sens de la rupture et de la promotion d’une gouvernance plus vertueuse par rapport à celle du régime de Blaise Compaoré, l’on peut citer, entre autres, sans risque de se tromper, l’assainissement de la base de données sur les passeports diplomatiques et de service. En effet, le Conseil des ministres, en sa séance du vendredi 14 août dernier, a pris un acte portant relecture du décret n°2008-820/PRES/PM/MAE-CR du 18 décembre 2008 portant fixation des règles de délivrance des passeports diplomatiques et de service. Cette relecture fait suite aux nombreuses irrégularités constatées dans la délivrance desdits documents. Cette importante décision a été motivée, selon le gouvernement, par le fait qu’à la date du 31 mars 2015, la base de données indique un chiffre record de 5734 passeports diplomatiques en circulation et en cours de validité, dont 1923 non-conformes au décret du 18 décembre 2008. L’on peut tout de suite s’en offusquer sans pour autant s’étonner devant un tel constat. Et pour cause la délivrance de ce genre de documents, en principe, est encadrée rigoureusement par des textes. Au Burkina, ce ne sont pas ces textes qui font défaut. Dans le cas d’espèce, c’est le décret du 18 décembre 2008 qui réglemente leur délivrance.

Seulement, l’on peut faire le constat amer que celui-ci a été royalement ignoré dans les faits, puisque le gouvernement a mis en cause la non-conformité d’une quantité impressionnante de certains de ces documents. Le chiffre avancé, 1923, est effarant. Dans quelle république sommes-nous ? Et la réponse va de soi. Nous sommes dans une république bananière. Dans une telle république, tout est permis. Les lois sont juste promulguées pour sauver les apparences et amuser la galerie. Des privilèges indus sont accordés aux copains, aux coquins et aux membres de la famille ; des hommes qui détiennent le pouvoir. Les dirigeants qui sont aux manettes sont érigés au rang de demi-dieux, si fait que dans l’imaginaire des populations, ils ont la latitude de se servir de la République comme d’une vache laitière.

L’on peut se réjouir que la Transition veuille mettre de l’ordre dans la délivrance des passeports diplomatiques et de service

Cette description sied parfaitement au Burkina de l’ère Compaoré. La légèreté et le laxisme avec lesquels l’on délivrait les passeports diplomatiques et de service, n’étaient pas perçus comme une incongruité. Ils s’inséraient de façon articulée et harmonieuse dans une gouvernance générale marquée par l’affairisme, les deals, le copinage, le laxisme et le népotisme. Dans ces conditions, personne ne devait s’étonner de voir des individus peu recommandables détenir des passeports diplomatiques. Et ces individus dont certains avaient été commis à des tâches occultes pour les seuls intérêts du régime, s’en sont servis comme d’un sésame pour faire aussi fructifier en toute liberté, peut-on dire, leurs affaires. Et comme le poisson pourrit par la tête, tous les autres membres du corps social, notamment certains agents de l’administration, se sont inspirés de ce mauvais exemple venu du sommet de l’Etat pour poser des actes hautement répréhensibles, conscients qu’ils ne couraient aucun risque de subir la rigueur de la loi. C’est cela qui peut justifier, entre autres, le fait que certains passeports de service aient été délivrés de manière complaisante et intéressée par l’administration. En effet, l’utilisation des passeports de service obéit à des critères précis. L’un de ces critères est l’ordre de mission dûment établi. Et sa validité, en principe, prend fin une fois la mission terminée. De ce fait, le passeport de service devrait être retiré par les services compétents, dès que le bénéficiaire rentre au pays.

Or, à ce que l’on dit, dans bien des cas, les choses ne se passaient pas toujours de cette manière, en raison du laxisme et de la corruption dont faisaient preuve les agents indélicats.

Toutes ces pratiques peu orthodoxes dont les origines sont liées à la longévité au pouvoir, malheureusement, rejaillissent sur l’image du pays. C’est pourquoi l’on peut se réjouir que les autorités de la Transition aient eu le nez creux en voulant mettre de l’ordre dans la délivrance des passeports diplomatiques et de service. Cela, de toute évidence, s’apparente à une œuvre de salubrité publique. Mais prendre des décisions est une chose, les mettre en application en est une autre. De ce point de vue, l’on peut souhaiter que Michel Kafando, qui est lui-même diplomate et qui est censé savoir ce que représentent ces documents pour un pays, en termes d’image, s’implique personnellement pour que l’assainissement de la base de données sur les passeports diplomatiques et de service se fasse désormais selon les règles de l’art au pays des Hommes intègres.

Sidzabda


Comments
  • “L’on peut se réjouir que la Transition veuille mettre de l’ordre dans la délivrance des passeports diplomatiques et de service”.

    Depuis le mois de novembre 2014 que le gouvernement de la transition est en place, c’est à 2 mois de la fin de sa mission que ce gouvernement se rend compte d’une prolifération de passeports diplomatiques.

    18 août 2015

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