HomeA la uneASSASSINAT DE THOMAS SANKARA : Le 28e anniversaire sur fond d’espoirs

ASSASSINAT DE THOMAS SANKARA : Le 28e anniversaire sur fond d’espoirs


 

28 ans durant, les Burkinabè épris de justice ont commémoré l’assassinat de Thomas Sankara avec pour tout soutien, leurs mouchoirs pour essuyer leurs larmes. Contre toute espérance, la famille du disparu, les OSC nationales et internationales, les partis politiques et les jeunes  ont entretenu le flambeau de la revendication de la justice pour celui qui incarnait l’espoir de tout un continent. Et pour la première fois depuis 28 ans, de réelles lueurs d’espoirs se dessinent  sur cette longue nuit de marche dans les ténèbres. D’abord, parce que pour la première  fois, l’anniversaire se commémore sans le présumé commanditaire. Au plan technique, nonobstant la réouverture du dossier et son transfèrement au tribunal militaire, les avancées sont notoires. Les restes  du président fauché par des balles assassines, ont été exhumés et les résultats de l’autopsie remis à la Justice. Tout semble donc indiquer l’irréversibilité de la marche de l’histoire vers la manifestation de la vérité. Rien ne semble aujourd’hui pouvoir arrêter cette dynamique, ni les atermoiements du régime de Compaoré en râle de mort, ni le putsch du Général Diendéré qui, en cas de succès, aurait, à coup sûr, relégué aux calendes burkinabè ce dossier. Du reste, cette affaire semble bénéficier du soutien de la Providence qui, visiblement, s’est laissé attendrir par la détresse d’un peuple trop longtemps enfermé dans les dédales de la mort. On se prendrait à bénir ce coup d’Etat qui a désarmé les auteurs présumés de ce tragique accident de notre histoire, les mettant hors d’état de nuire à la marche du dossier. Nul ne peut cacher le soleil avec son doigt et quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par se lever.

L’aboutissement du dossier devra constituer un symbole de haute valeur pédagogique

L’occasion est belle pour le Burkina Faso de solder ses comptes avec l’Histoire. Cela fait, en effet, bientôt trois décennies que  cet assassinat odieux a été perpétré, installant le logiciel de la mort avec pour nom de code « on te fait et il n’y a rien » dans le système Compaoré. C’est pourquoi l’aboutissement et la liquidation judiciaire de ce dossier  sonneront comme une catharsis sociale pour la nation burkinabè qui a là l’occasion de revisiter son douloureux passé avec le but ultime de l’en extirper des réflexes meurtriers et de se réconcilier avec lui-même.  Pendant trop longtemps, ce dossier a cristallisé les rancœurs et les différences. Son aboutissement devrait nous permettre de réparer la cohésion sociale brisée en cette tragique journée du 15 octobre 1987  et poursuivre ensemble, dans un environnement de justice et de paix, la construction de notre nation. L’aboutissement de ce dossier devra constituer dans l’histoire, un symbole de haute valeur pédagogique pour les générations futures. Désormais, les Burkinabè devront intégrer le fait qu’aucune confrontation idéologique ne devrait entraîner la disparition de Burkinabè, et le féroce appétit de pouvoir d’un individu ne saurait être une motivation. L’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 a démontré, si besoin en était encore, que le pouvoir appartient au peuple qui en confie l’exercice à qui il veut. Il aurait été à coup sûr intéressant que le dossier Sankara connût son aboutissement sous la Transition  censée être plus neutre. Car, nul ne peut présumer de qui prendra les rênes du pouvoir au sortir des prochaines élections. Peut-être que certains acteurs liés de loin ou de près aux tragiques évènements  d’octobre 1987 se retrouveront dans les arcanes du pouvoir et feront des pieds et des mains pour qu’à jamais, les ficelles du dossier ne se dénouent. Ou peut-être encore, celui qui sera à la tête de l’Etat se préoccupera-t-il plus de ses relations avec certains acteurs internationaux dont les accointances avec le dossier ne sont plus qu’un secret de Polichinelle ; toute chose qui remettrait du plomb dans les ailes du dossier. Toutefois, il existe de forts espoirs que l’environnement démocratique nouveau au Burkina Faso et la forte pression internationale,  contribueront à la manifestation  totale de la vérité, malgré toutes ses connexions internationales.  Au-delà du dossier Thomas Sankara, les avancées judiciaires en cours doivent permettre de faire la lumière sur tous les autres dossiers de crimes politiques qui teintent de rouge le tissu de notre histoire.

SAHO


Comments
  • Peuple Burkinabè. Tu es béni. L’histoire débuta un jeudi 28 octobre 1987 et la vérité éclata un jeudi 28 octobre 2015. Quelle belle coïncidence.

    SANKARA n’est pas mort. Il vit avec son peuple.

    14 octobre 2015

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