HomeA la uneASSASSINAT DU GENERAL ADOLPHE AU BURUNDI : Nkurunziza a de sérieux soucis à se faire

ASSASSINAT DU GENERAL ADOLPHE AU BURUNDI : Nkurunziza a de sérieux soucis à se faire


Le Général burundais, Adolphe Nshimirimana, vient de passer l’arme à gauche, fauché lors d’une attaque violente perpétrée contre le véhicule qui le transportait. Triste fin pour un Général considéré comme le bras droit, le véritable numéro 2 du régime Nkurunziza. Il était en effet l’un des « sécurocrates » les plus influents du régime burundais. Il aura, entre autres, œuvré à l’échec de la tentative de putsch des hommes du Général Niyombaré contre Nkurunziza. C’est dire combien il est l’un de ceux qui ont permis au pasteur président d’être encore sur son fauteuil à Bujumbura. Au regard du fait qu’il trustait les hautes sphères du pouvoir contesté et de la sécurité du Burundi, l’assassinat de ce général est illustratif du niveau de dégradation de la situation sécuritaire au pays de Nkurunziza.

Pour ce qui est de l’identité de ses bourreaux, deux hypothèses se présentent.

En se comportant en défenseur zélé du pouvoir, Nshimirimana ne s’est pas fait que des amis

D’abord et comme l’affirme le régime burundais, le général Adolphe Nshimirimana a pu être tué par l’opposition armée. En effet, il est de notoriété publique que parmi les contestataires du 3e mandat de Nkurunziza, il y a des groupes armés. Après le pustch manqué, certains militaires qui se sont réfugiés au Rwanda voisin, ont promis de mener la vie dure à Nkurunziza et à son équipe, s’il s’entêtait à briguer ce 3e mandat contre l’esprit et la règle des Accords d’Arusha et de la Constitution burundaise. Des attaques avaient déjà été ainsi enregistrées juste avant l’élection présidentielle que le régime burundais a tenu à organiser contre vents et marées. On peut donc légitimement croire que les opposants, suite à ce passage en force de Nkurunziza, ont aussi décidé de faire monter la pression d’un cran, en s’en prenant aux figures de proue du régime.
Et le choix du général Adolphe Nshimirimana comme cible peut s’expliquer par le fait qu’il a joué un rôle capital dans la répression sanglante des manifestants contre un 3e mandat présidentiel de Nkurunziza. Il était présenté comme le cerveau de la répression et celui qui a dirigé la contre-offensive contre les hommes du général Niyombaré, faisant échouer la tentative de putsch contre le chef de l’Etat. La répression des manifestations a, faut-il le rappeler, laissé sur le carreau de nombreux morts parmi les manifestants civils qui ont essuyé des tirs à balles réelles. Il y a eu également des pertes en vies humaines lors de la contre-offensive contre les militaires qui tentaient de perpétrer le coup d’Etat. En se comportant ainsi en défenseur zélé du pouvoir en place, et en contribuant à semer la mort dans les rangs des contestataires du régime burundais, le général Nshimirimana ne s’est pas fait que des amis. Bien au contraire. Il s’est certainement attiré de nombreux ennemis dans le pays.
Mais une autre hypothèse non moins plausible peut être avancée dans cette affaire. Le bras droit du président burundais pourrait avoir été victime du régime, pour ne pas dire de Nkurunziza lui-même. Certains faits plaident en faveur de cette thèse. Sont de celles-là, le fait que l’attaque a été perpétrée en plein jour, dans un quartier réputé être favorable au régime. Il y a également le fait que le général assassiné avait dans un premier temps avalisé le coup de force conduit par le général Niyombaré, avant de se rétracter et d’organiser la résistance, la contre-offensive victorieuse. Peut-être que ce moment d’hésitation, de doute, ne lui a-t-il pas été pardonné au finish. De plus, Nkurunziza a un besoin pressant et énorme de jouer la victime pour susciter l’émotion, attirer la sympathie de la communauté internationale et faire desserrer l’étau autour de lui. Et il peut s’être dit qu’en fomentant un coup contre un de ses proches, il réussira à faire accuser ses opposants et à les diaboliser. Du coup, il ferait d’une pierre deux coups : retrouver la sympathie des pays partenaires et avoir un alibi pour croquer de l’opposant. Du reste, le fait que le correspondant de Radio France international ait été pris à partie par les services de sécurité alors qu’il cherchait à en savoir davantage sur l’attaque contre le général, en dit long sur les non-dits de cette affaire.

Le président burundais est le premier et le principal coupable de ce qui est arrivé

En tout état de cause, que cet assassinat ait été l’œuvre du pouvoir ou celle de son opposition, il n’en traduit pas moins le fait que Nkurunziza a de sérieux soucis à se faire. En effet, si ce sont ses opposants qui ont réussi ainsi ce coup de maître en frappant ainsi son régime en plein cœur, cela veut dire que leur force de frappe est énorme et que ce coup pourrait n’être que le premier d’une série. Du coup, il n’est pas évident que les ardeurs des défenseurs du régime restent intactes. En d’autres termes, la psychose pourrait s’emparer des partisans du président burundais et ébranler, voire détruire, les fondations de son pouvoir. Après tout, le général abattu n’avait-il pas jeté en substance à la face des opposants que pour empêcher Nkurunziza de faire un troisième mandat, il fallait d’abord qu’ils lui passent sur le corps ? Cet assassinat pourrait, de ce fait, être le chant du cygne pour le régime burundais.
Si ce sont les services du président burundais aussi qui ont commis ce crime pour servir sa propagande, ils ont été mal inspirés. Car, un tel assassinat est de nature à créer la terreur dans le camp présidentiel même, où personne ne se sentira désormais en sécurité. Pour sûr, l’heure n’est pas aux fanfaronnades au sein du pouvoir, une semaine après la victoire annoncée du maître de Bujumbura à la présidentielle. Et le pays est davantage exposé au risque d’affrontements violents entre les populations. Preuve si besoin en était encore, que la tenue de la présidentielle envers et contre tout, ouvre le pays à des vents inconnus. Et c’est bien dommage. Ainsi donc, quels que soient les auteurs de cette attaque, c’est la psychose garantie dans les rangs du pouvoir car, et pour paraphraser la Bible, les disciples du pasteur ne pourront pas s’empêcher de s’interroger : « si on traite ainsi une figure incontournable de l’appareil sécuritaire du pouvoir, qu’en sera-t-il de nous autres, simples partisans sans moyens de protection ? ».
En ce qui la concerne, la communauté internationale doit se secouer un peu et comprendre que le pays fait un pas de plus vers le gouffre. Tout en condamnant cet assassinat comme ils le font, les partenaires du Burundi seraient bien inspirés de rester vigilants pour ne pas tomber dans le piège qui voudrait qu’ils donnent au pasteur passionné de pouvoir, le bon Dieu sans confession. Car, et il importe de le dire, le président burundais est le premier et le principal coupable de ce qui est arrivé, aussi bien aux manifestants tués depuis quelques mois qu’à son bras droit qui vient d’être envoyé six pieds sous terre. Tous ces morts burundais sont le fruit de son entêtement et il ne devrait pas pouvoir se dédouaner à peu de frais. Le pays a plongé dans cette insécurité à cause de sa boulimie du pouvoir et en toute logique, il devrait en porter l’entière responsabilité devant l’histoire et les tribunaux compétents en temps opportun. En attendant, il urge de resserrer l’étau pour que force reste à la démocratie au Burundi.

« Le Pays »


Comments
  • Qu’est-ce qu’il croyait en optant pour la violence tous azimuts pour défendre un président illégitime?Qui règne par les armes périra par les armes!

    4 août 2015

Leave A Comment