ASSASSINAT DE HERVE GOURDEL :La machine judiciaire d’Alger en branle
Les autorités algériennes viennent de lancer des poursuites judiciaires contre 15 individus en fuite, dont le chef de Jund al khalifa, pour enlèvement et assassinat de Hervé Gourdel. On se rappelle que c’est ce groupe qui avait revendiqué l’assassinat de l’otage français. Ces poursuites contribueront-elles à retrouver les bourreaux de Hervé Gourdel et à les faire comparaître devant la Justice? Rien n’est moins sûr. Mais l’on peut dire que l’espoir est permis car une semaine après l’exécution de cet otage, les autorités algériennes qui ont lancé leurs troupes aux trousses de ces islamistes, avaient annoncé avoir identifié certains d’entre eux.
Certains djihadistes semblent être de vieilles connaissances des autorités algériennes
Et ce, grâce à la vidéo que ces djihadistes ont fait circuler sur internet, le 30 septembre dernier, et dans laquelle ils s’expriment à visage découvert dans un décor d’armements de guerre, avec une mise en scène similaire à celle des leaders de l’Etat islamique (EI) auxquels ils ont fait allégeance. Toujours est-il que certains djihadistes semblent être de vieilles connaissances des autorités algériennes, pour avoir été membres du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), à l’image de Abou Abdallah Othman el-Assimi, ou du groupe islamique armé (GIA) comme Abdelmalek Gouri, qui ont été à l’origine de plusieurs attentats-suicides en Algérie, aux heures chaudes de la lutte des extrémistes musulmans.
La réapparition à la surface de ces figures de proue de la contestation fondamentaliste en Algérie montre que le problème du terrorisme reste entier dans ce pays. Cela n’augure rien de bon pour le pouvoir central d’Alger et tous ceux qui sont engagés dans la lutte contre le terrorisme à l’échelle mondiale. Car, il faudrait craindre qu’à la faveur de la montée de l’EI, certaines cellules dormantes croient peut-être le moment propice pour reprendre du service et se rappeler au bon souvenir des autorités algériennes. Et leur exemple pourrait faire tache d’huile dans d’autres pays. En plus, ils sont habitués à vivre dans la clandestinité. Toute chose qui rend l’équation encore plus difficile. Il ne faudrait donc pas s’étonner de voir, d’ici là, d’autres groupes refaire surface dans d’autres pays.
L’Algérie a déjà montré, par le passé, qu’elle ne transige pas avec les terroristes
Toutefois, la réapparition et l’identification de ces éléments a l’avantage d’être une piste sérieuse pouvant permettre de remonter aux assassins de Hervé Gourdel. D’autant plus que maintenant que ce dernier a été lâchement tué, trouver ses ravisseurs et les punir à la hauteur de leur forfait reste l’espoir de la famille et des proches du disparu, pour atténuer un tant soit peu leur douleur. D’où l’importance de l’annonce faite par les autorités d’Alger.
Toutefois, étant donné que ces djihadistes ne sont toujours pas arrêtés ni neutralisés, cela voudrait dire qu’ils sont toujours libres de leurs mouvements et courent encore les rues. C’est pourquoi, l’on se demande si cette information est un effet d’annonce pour les pousser à se dévoiler davantage, ou si cela est révélateur de progrès réels dans la traque de ces derniers. Dans le premier cas, cette stratégie pourrait ne pas porter ses fruits. Dans le deuxième cas, elle pourrait annoncer l’épilogue imminent de la chasse à l’homme, à moins que celle-ci ne prenne une autre tournure inattendue.
L’un dans l’autre, il faut saluer les efforts des autorités algériennes qui ont montré leur engagement à lutter contre le terrorisme, en mobilisant environs 2000 hommes, avec des moyens logistiques conséquents, pour retrouver les ravisseurs et la dépouille de Hervé Gourdel.
Mais une chose est d’identifier ces derniers, et une autre est de les localiser, de les retrouver et de les neutraliser. L’Algérie a déjà montré, par le passé, qu’elle ne transige pas avec les terroristes et les autorités ont encore réaffirmé qu’elles ne reculeront pas. Aussi faut-il croire que dès lors que l’otage n’est plus en vie, elles n’hésiteront pas à mettre les terroristes hors d’état de nuire si elles parviennent à les localiser formellement, à moins de se risquer à les prendre vivants pour essayer de remonter la filière, ce qui s’avère encore plus dangereux.
La plus grande difficulté serait que ces derniers, comme à l’accoutumé, se livrent à une guerre asymétrique, tapis dans l’ombre, attendant le moment propice pour frapper et retourner dans leur terrier. Face à une telle stratégie, que pourraient bien faire les forces régulières algériennes ? Difficile équation qui pourrait, du reste, expliquer pourquoi on ne leur a pas encore mis le grappin dessus.
Outélé KEITA
