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ASSAUT DU MARECHAL HAFTAR SUR DERNA


Du lit d’hôpital au front de guerre

Donné pour mourant, il y a de cela quelques semaines, le maréchal Haftar, le maître de l’Est libyen, est réapparu de la plus tonitruante des manières, en sonnant le canon, le 7 mai dernier, pour libérer la ville de Derna des mains des terroristes qui la contrôlent depuis trois ans. Ainsi, de son lit d’hôpital, l’homme fort de l’Est s’est retrouvé au front de guerre contre les fondamentalistes musulmans dans l’ancienne capitale de la province de Cyrénaïque, à quelque un millier de kilomètres à l’Est de la capitale Tripoli. L’objectif est d’étendre son influence sur l’un des derniers bastions de cette partie orientale du territoire, qui échappe encore à son contrôle.

Haftar apparaît comme celui qui est capable de mettre de l’ordre dans le capharnaüm laissé par l’intervention de la coalition occidentale

Et c’est en véritable chef de guerre qu’il s’est présenté devant ses troupes rassemblées pour un défilé militaire à Benghazi, le lundi dernier. « L’heure zéro a sonné pour la libération de Derna », a-t-il lancé, pour annoncer le lancement de l’opération. D’autant plus que, soutient le maréchal, les négociations qu’il a tenté de mener n’ont pas abouti, tant et si fait que ses efforts de paix se sont retrouvés dans l’impasse. Il ne reste donc plus que l’alternative de la guerre et le convalescent maréchal libyen semble décidé à s’imposer par la force du canon aux affidés d’Al Qaïda.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le maréchal Haftar répond bien à sa réputation de dur à cuire. En tout cas, tel le phœnix qui renaît de ses cendres, celui que d’aucuns donnaient pour mort, a signé son retour sur la scène politique libyenne pour clouer le bec à ses détracteurs. Pour sûr, non seulement l’homme n’est pas mort, mais mieux, il nourrit des ambitions pour son pays qu’il veut visiblement tirer du chaos dans lequel il s’est retrouvé, depuis la disparition forcée du Guide de la Jamahiriya en 2011, suite à l’intervention militaire occidentale qui ne lui a laissé aucune chance de survie. Kadhafi zigouillé, la Libye s’est retrouvée livrée à elle-même, avec une prolifération de bandes armées et autres groupes djihadistes aux intérêts divergents, qui l’ont pratiquement mise sous coupe réglée. Aujourd’hui, le maréchal Haftar apparaît comme celui qui est capable de mettre de l’ordre dans ce capharnaüm laissé par l’intervention de la coalition occidentale qui n’a pas pourvu au service après vente. En tout cas, à défaut de réussir à convaincre toutes les parties prenantes au conflit qu’il est l’homme de la situation, il est en train de prouver qu’il ne compte pas pour du beurre et qu’il faut encore compter avec lui dans la reconstruction de cette Libye post-Kadhafi. En réussissant à se tailler la confiance de nombreux groupes armés pour constituer  l’autoproclamée armée nationale libyenne (ANL), il a fait la preuve, si besoin en était, que la situation n’est pas totalement perdue en Libye et que quelque chose peut être fait, en conjuguant les efforts autour d’une personnalité fédératrice. Et aujourd’hui, il est en train de convaincre de plus en plus qu’il est l’homme qui peut changer les choses en Libye. Ou du moins qu’il a suffisamment de cartes en main pour réussir un tel pari. Malheureusement, son problème majeur semble être la communauté internationale qui montre des signes de méfiance à son égard, lui préférant de loin le chef du gouvernement d’union nationale, Fayez al-Sarraj, dont l’autorité semble pourtant ne pas aller au-delà de la base navale qui lui sert de QG.

La croisade du maréchal Haftar contre les forces obscurantistes à Derna, apparaît comme une œuvre de salubrité publique

C’est pourquoi, au regard de ce que Haftar a démontré sur le terrain, on peut se demander si la communauté internationale ne serait pas parvenue à de meilleurs résultats si elle s’était appuyée sur lui pour le rétablissement de l’ordre au pays de Kadhafi. A moins que cette crainte des puissances occidentales à son égard ne se justifie par la peur de voir le maréchal Haftar s’ériger en nouvel homme fort de la Libye, de la trempe de Mouammar Kadhafi, qui pourrait peu ou prou contrarier leurs intérêts dans l’exploitation des ressources pétrolières du pays.

Quoi qu’il en soit, s’il est un impératif qui s’impose aujourd’hui à la Libye, c’est celui de la réunification et du retour de l’Etat. C’est la condition sine qua non pour pouvoir organiser des élections crédibles, libres et inclusives, dans le but de remettre véritablement le pays sur les rails de la démocratie. Autrement, tous les efforts pour essayer d’organiser des élections dans le cafouillis actuel, risquent de paraître comme une façon de mettre la charrue avant les bœufs ; toute chose qui pourrait ne pas produire les effets escomptés.

En tout état de cause, vu l’état de déliquescence dans lequel se trouve la Libye aujourd’hui, cette croisade du maréchal Haftar contre les forces obscurantistes à Derna, apparaît comme une œuvre de salubrité publique. Et le maréchal a le mérite, aujourd’hui, d’être pratiquement le seul à oser de telles actions contre les fondamentalistes islamistes, le gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj pourtant soutenu par la communauté internationale, étant pratiquement l’ombre de lui-même.

« Le Pays »


Comments
  • Commentaire..Que Dieu Aide L’afrique, Nous Sommes Tous Des Pecheur ,vien A Notre Secour Cher Dieu ,aide Nous Vraimen ,on Nen Na Vraimen Besoin ,avc Ses Dirigeant Malonnet ,On N Poura Pa Sen Sortir

    9 mai 2018

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