HomeA la une  ATTAQUE D’UN CONVOI DE LA MINUSCA : Que faire des pêcheurs en eaux troubles ?

  ATTAQUE D’UN CONVOI DE LA MINUSCA : Que faire des pêcheurs en eaux troubles ?


La Centrafrique connaîtra-t-elle un jour la paix ? Avec l’élection de l’ancien professeur de mathématiques, Archange Touadéra, et le processus DDR (désarmement démobilisation, réinsertion) qui a été enclenché sous l’égide des Nations unies, l’on avait caressé l’espoir que le pays de Barthelémy Boganda intégrera les rangs des nations civilisées où force doit rester à la loi. Mais, c’était sans compter avec les basses œuvres de tous ceux qui ne peuvent prospérer que dans les situations troubles et dans la pénombre. En effet, rien que ce lundi 9 mai, ces derniers se sont illustrés d’une manière qui permet de dire qu’ils ont pris du galon dans l’option qu’ils ont visiblement prise de maintenir la RCA au fond de la caverne. En effet, ce jour-là, quatre casques bleus ont été tués et huit autres blessés dans une embuscade à Yogofongo, à une vingtaine de kilomètres de Bangassou, non loin de la frontière avec la RDC dans le Sud du pays. Le casque bleu porté disparu, a été retrouvé mort. Ce qui porte à 5 le nombre de soldats tués. Pour l’ONU, le doute n’est pas permis quant aux responsables de cette attaque. Selon elle, ceux-ci sont les anti-balaka, du nom de cette organisation politico-mystique créée dans l’urgence pour contrer la Séléka, mais les leaders anti-balaka à Bangui démentent toute implication dans l’attaque. Certaines sources locales parlent de groupes d’autodéfense constitués récemment. En attendant d’en savoir plus sur l’identité des assaillants, l’on peut faire le constat que les groupes armés capables d’une telle forfaiture ne se comptent plus en RCA. Il y a d’abord les anti-balaka et la Séléka.

La situation est préoccupante aujourd’hui

Et des entrailles de ces deux monstres sont nés des mouvements, non moins criminels, qui ont mis un point d’honneur à alimenter le chaos en RCA pour en faire un pays de non-droit à l’effet de faire main basse sur les immenses ressources du pays en toute impunité. La situation est d’autant plus préoccupante aujourd’hui que la kyrielle de ces mouvements qui sèment la mort et la terreur sur leur passage sont hors de contrôle des responsables officiels des anti-balaka et de la Séléka. Il y a ensuite les groupes d’autodéfense qui se sont récemment constitués de manière opportuniste pour revendiquer leur part de gâteau et ce, en rapport avec le processus de DDR dans lequel la communauté internationale entend injecter des sommes substantielles. Et pour atteindre leurs objectifs, tous les coups sont permis, puisque pour eux, seule la fin justifie les moyens. Il y a enfin les groupes armés venus de l’étranger afin de profiter de la pagaille ambiante en RCA. Le plus emblématique de ces groupes est sans conteste l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) du tristement célèbre Joseph Koni. Toute cette galaxie de groupes armés intervenant en RCA ont un dénominateur commun : ce sont des forces du mal qui redoutent la paix comme les vampires redoutent la lumière. En tous cas, l’on peut avoir l’impression que Dieu a décampé de l’ex-Oubangui Chari, parce qu’excédé, pour laisser la place à des démons et à des pêcheurs en eaux troubles. Et cette désertion divine, peut-on dire, ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte pratiquement à l’indépendance. Depuis lors, le vécu des Centrafricains rime avec violence, misère, coups d’Etat et l’on en oublie. La volonté de l’actuel président, Archange Touadéra, le seul à avoir été élu démocratiquement dans le pays, à briser le signe indien, est manifeste. Que n’a t-il pas fait, en effet, pour que ses compatriotes, indépendamment de leurs ethnies et de leurs religions, regardent ensemble dans la même direction ? Et dans sa quête de sortie de crise, il a fait le tour des pays voisins pour mettre à contribution ses homologues en commençant par Idriss Deby dont le pays n’est pas étranger à l’instabilité chronique en RCA.

La RCA est un véritable scandale géologique

Mais tout cet effort semble n’avoir pas touché le cœur des méchants qui ont pris en otage la RCA. Bien au contraire, ils semblent décidés à lui porter le coup de grâce. En tout cas, c’est la lecture que l’on peut avoir de l’attaque du convoi des soldats de la paix. En effet, c’est la première fois depuis le début de la mission, en septembre 2014, qu’autant de casques bleus sont attaqués et tués de cette manière. Tout le monde est sous le choc et se pose la question suivante : que faire des pêcheurs en eaux troubles ? Faut-il durcir leur traque de sorte à les éradiquer ? Ou faut-il prendre langue avec eux dans l’espoir qu’ils trouveront un jour le chemin de Damas ? L’on peut suggérer à la communauté internationale dont l’œuvre a permis à la RCA de ne pas sombrer dans  un génocide comme celui que le Rwanda a connu en 1994, d’opter pour la première hypothèse. Car, les démons et autres pêcheurs en eaux troubles sont ainsi faits qu’ils ne peuvent pas se départir de leur inclination au mal et à la bêtise humaine. En plus de cette posture diabolique qui leur colle à la peau de façon intrinsèque, ils sont dopés dans leur folie meurtrière par le fait que la RCA est un véritable scandale géologique. Tant qu’il y aura l’or et surtout le diamant à profusion dans le pays, ils feront  tout pour saborder les initiatives, d’où qu’elles viennent, tendant à remettre la RCA sur ses deux pieds. C’est pourquoi l’on peut souhaiter que la MINUSCA, qui a déjà reçu une grosse gifle sur une joue, ne soit pas disposée à en recevoir une sur l’autre. Et la MINUSCA, aidée des Centrafricains qui ont encore un grain d’amour pour leur pays, peut et doit se donner les moyens à l’effet  de réduire tous les groupes armés, qui rechignant à s’inscrire dans le processus de paix que représente la DDR, à leur plus simple expression à défaut de les bouter hors de la RCA de façon définitive. Là-dessus, la MINUSCA ne devrait pas se faire d’illusion. Dans l’hypothèse où elle viendrait à s’inscrire dans le schéma de tolérance zéro vis-à-vis de tous les ennemis de la paix, déclarés ou camouflés, l’on pourra, à ce moment, dire qu’elle a intégré les enseignements de l’adage selon lequel « à quelque chose, malheur est bon ».

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