ATTAQUE TERRORISTE A TUNIS : Essebsi à l’épreuve du pouvoir

C’est un acte d’une extrême barbarie. Un commando armé a fait irruption en plein cœur de Tunis,   la capitale tunisienne, et y a semé la désolation. Car le dernier bilan donné par le Premier ministre fait froid dans le dos : au moins 22 personnes tuées dont 17 touristes, essentiellement des Polonais, des Italiens, des Allemands et des Espagnols qui se trouvaient dans l’enceinte du Musée national et une quarantaine de blessés. Selon toujours les autorités tunisiennes, c’est à défaut de pouvoir attaquer l’Assemblée nationale où les députés étaient en travaux de commission, que les assaillants ont jeté leur dévolu sur le Musée national situé dans le même quartier. Pourquoi donc une telle attaque ciblée ? Quelles sont les motivations des assaillants ? Difficile d’y répondre pour l’instant, ce d’autant que la police tunisienne annonce avoir tué les assaillants en question. Mais peu importe. Cette attaque qui intervient quelques mois après l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris et quelques jours après celui qui a visé un restaurant à Bamako, vient rappeler à tous que nul n’est à l’abri de la menace terroriste. Et l’erreur qu’il ne faut pas commettre, c’est de croire que le danger ne peut venir que de l’extérieur. Non. Chaque pays a son Mohamed Mera, son Amédy Coulibaly et ses frères Kouachi qui caressent le secret espoir de mourir en martyrs, et de ce fait, de fantasmer à travers une publicité mondiale. Car qui aurait cru qu’avec le dispositif sécuritaire qui est le sien, Paris pouvait être frappée en plein cœur par de jeunes illuminés ? Idem pour la Tunisie qui ne badine pas non plus avec sa sécurité intérieure.  Comment donc ce commando a-t-il pu déjouer tout le dispositif sécuritaire en place pour se retrouver en plein cœur de Tunis ? D’où est-il venu ? Autant de questions que l’on peut se poser et auxquelles chaque dirigeant devrait tenter d’apporter des éléments de réponse, au regard de la gravité  de l’heure. Car l’ampleur des dégâts humains laisse croire que les assaillants n’ont pas agi en amateurs.

Les terroristes ont voulu assassiner l’économie du pays de Bourguiba

Ils ont pris le temps de peaufiner leur plan avant de passer à l’acte ; en témoigne leur modus operandi. En tout cas, le président Beji Caïd Essebsi, qui fait face à sa première vraie épreuve depuis son accession au pouvoir, doit prendre la mesure du péril pour que plus jamais, son pays ne fasse l’objet d’une telle attaque. Il a d’autant plus intérêt à le faire que s’il échoue, l’histoire retiendra que c’est sous son magistère que la Tunisie a perdu sa renommée de « paradis terrestre ».  La Tunisie fait sans doute partie de la boucle du terrorisme. En effet, la Libye, l’Egypte, l’Algérie, le Maroc forment aujourd’hui, dans le septentrion du continent, une zone régulièrement frappée par les  bras armés du terrorisme domestique et de celui  international.  Certains de ces pays sont donc coutumiers du fait, depuis des décennies.  Ces terroristes qui viennent d’endeuiller Tunis ont voulu assassiner l’économie du pays de Bourguiba, tout en le déstabilisant politiquement et en le plongeant dans le doute et les incertitudes sécuritaires.  Le terreau tunisien est probablement favorable à ce genre de coups d’éclats meurtriers, du fait notamment du taux de chômage élevé des jeunes et d’une économie relativement en déshérence.  Ces cavaliers de l’apocalypse veulent d’une certaine façon punir la Tunisie pour avoir été le point de départ du printemps arabe qu’elle a, au demeurant, relativement  réussi. Ce n’est sans doute pas la dernière fois hélas, que Tunis est frappée en plein cœur. En effet, avec la sanctuarisation progressive de la Libye par l’Etat islamique, la Tunisie, qui fait frontière avec le pays de Kadhafi en déliquescence totale,  doit impérativement garder l’arme au pied. Seule la qualité de sa vigie et de son renseignement pourrait être sa planche de salut.

B.O