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ATTAQUES TERRORISTES AU BURKINA : Le gouvernement appelle à la vigilance et à la collaboration des citoyens


Suite aux attaques inédites perpétrées par les terroristes djihadistes au Burkina le 15 janvier 2016, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a convoqué un Conseil des ministres extraordinaire dans la matinée du 16 janvier au palais de Kosyam à Ouagadougou. Cette session avait, à son ordre du jour, les attaques terroristes qui ont visé un convoi officiel de la gendarmerie dans la province de l’Oudalan et de lieux publics à Ouagadougou, notamment « Splendid Hôtel » et le café « Cappuccino », situés sur l’avenue Kwamé N’Nkrumah. Retour sur les concertations tous azimuts à Kosyam.

 

Dans l’après-midi du 15 janvier 2016 aux environs de 19h 45, le Burkina est frappé en plein cœur. Le café « Cappuccino » de la capitale, Ouagadougou, est attaqué par des terroristes djihadistes lourdement armés. L’un des principaux hôtels de la ville, « Splendid Hôtel », est pris en otage. Le lendemain, samedi 16 janvier, l’assaut final est lancé très tôt dans la matinée contre les terroristes. Situation oblige ! Vite, un Conseil des ministres extraordinaire s’est tenu aux environs de 9h40mn sous la présidence du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, au palais de Kosyam pour examiner la situation. Tous les ministres du gouvernement Paul Kaba Thiéba y étaient présents, excepté celui en charge de la Sécurité, Simon Compaoré, qui était encore sur le théâtre des opérations contre les terroristes. Etaient aussi convoqués à cette réunion urgente, le chef d’état-major de l’armée de l’air, le colonel Kounsaouama Palenfo, le chef de Cabinet militaire, le lieutenant-colonel Théophile Nikiéma, le chef d’état-major de la Gendarmerie nationale, colonel Tuandaba Marcel Coulibaly, le chef d’état-major général des Armées, le Général Pingrénoma Zagré, le Directeur général de la Police nationale, Lazare Tarpaga, etc. 11h 45mn, fin du Conseil des ministres. Tristesse et consternation se lisaient sur le visage de tous. Le premier à se prêter aux questions des Hommes de médias fut Clément Sawadogo, ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale. Il était au cœur de l’attaque terroriste à l’hôtel Splendid puisqu’il s’y trouvait pour une réunion humanitaire. Son témoignage en dit long sur la violence et la détermination des assaillants. Morceau choisi : « A un moment donné, les tirs étaient intensifs ; des tirs à l’arme lourde et des tirs vraiment nourris. On peut aussi dire que c’était un peu de plusieurs côtés ». (NDLR : lire en encadré Entretien avec le ministre Clément Sawadogo).

Deuil national de 72 heures

12h 30mn, le Premier ministre (PM), Paul Kaba Thiéba, fait le compte-rendu du Conseil des ministres à travers une déclaration. Il a d’abord affirmé que le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, et l’ensemble des membres du gouvernement ont fermement condamné les attaques qui sapent, selon eux, les bases de la démocratie et déstabilisent les institutions républicaines. Faisant l’état des lieux des attaques en attendant la fin du ratissage des lieux par les Forces de défense et de sécurité aux environs de 12h 37, il a informé que le bilan provisoire faisait état de 26 décès de 18 nationalités différentes, 56 blessés, dont 23 évacués au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) et 25 à l’hôpital national Blaise Compaoré, 156 otages libérés, dont 126 de Splendid hôtel. Puis, il a dévoilé les mesures qui ont été prises pour une meilleure sécurisation du territoire national. Il s’agit, entre autres, de la décision d’amener le couvre-feu de 23h à 6h du matin, l’instauration d’un deuil national de 72 heures sur l’ensemble du territoire national débuté hier, 17 janvier, le renforcement des mesures de sécurité dans les hôtels, la création d’un comité interministériel pour formuler des propositions transversales en matière de sécurité au plan stratégique à moyen terme. Pour le Chef du gouvernement, Paul K. Thiéba, la situation est globalement sous-contrôle avec la neutralisation des 3 assaillants qui ont attaqué « Splendid Hôtel » et le café « Cappuccino », situés sur l’avenue Kwamé N’Nkrumah. Toutefois, il a douté qu’il n’y ait pas d’autres terroristes dans la ville. « Il se peut encore qu’il y ait des éléments infiltrés. Il y a des éléments qui sont recherchés », a-t-il soutenu. C’est pourquoi il a appelé à la vigilance et à la collaboration des populations. Quid de l’identité et de la présence des femmes parmi les djihadistes ? Le PM a répondu que selon les informations dont il disposait, il y aurait eu des femmes parmi les djihadistes, mais leurs identités restent à confirmer. Qu’à cela ne tienne. L’attaque a été revendiquée dans la nuit du 15 janvier dernier, par le groupe djihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qui l’a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef djihadiste Mokhtar Belmokhtar, selon « SITE », une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.

Mamouda TANKOANO

 

Témoignage du ministre de la Fonction publique, du Travail et de protection sociale, Clément Sawadogo

Le ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Clément Sawadogo, faisait partie des otages de « Splendid Hôtel » où il se trouvait lors de l’attaque terroriste pour une réunion humanitaire. Nous vous proposons l’entretien que nous avons eu avec lui. Lisez !

« Le Pays » : Comment avez-vous vécu votre prise d’otage à Splendid Hôtel ?

 

Clément Sawadogo : C’était horrible. J’y étais aux environs de 19h 30mn, pour une réunion avec des amis avec lesquels nous étions en train de mettre en place une association à but humanitaire. Nous étions au 4e étage dans une salle de réunion quand les coups de feu ont commencé. A un moment donné, les tirs étaient intensifs ; des tirs à l’arme lourde et des tirs vraiment nourris. On peut aussi dire que c’était un peu de plusieurs côtés. Donc, on pensait peut-être à autre chose. On ne pensait pas à une attaque terroriste. Quand les choses se sont précisées, nous avons compris qu’en fait, c’est notre hôtel, Splendid Hôtel, qui était pris à sac par des assaillants. Evidemment, la peur a monté encore d’un cran, puisque ces gens-là ne voulaient pas faire de cadeau à tous ceux qu’ils rencontraient à l’hôtel. Vraiment, l’horreur était à son comble. A un moment donné, ils sont venus tirer dans notre salle, blessant 3 personnes. Après, ils ne sont plus revenus ; comme nous étions au 4e étage, je pense que cela nous a aidés, peut-être parce qu’après cette première visite, ils ne sont plus revenus, jusqu’à ce qu’aux environs de 2h du matin, la sécurité, notamment les Forces françaises, américaines et burkinabè soient venues nous exfiltrer et organiser notre retour dans nos familles.

 

Avez-vous pu voir les assaillants ?

Malheureusement non. Ceux qui sont venus tirer dans notre salle étaient deux. Il y avait un, visiblement, touareg et l’autre, un peu plus noir. L’un était enturbanné, notamment le touareg et l’autre, à visage découvert. Mais, ils ne sont pas restés longtemps, ils ont tiré et fait quelques rafales dans la salle. Puis, ils sont repartis.

 

Les assaillants se sont-ils adressés à vous ?

 

Non, non, ils ne se sont pas adressés à nous.

 

Pensez-vous que vous étiez personnellement visé ?

Je ne pense pas que j’étais personnellement visé. Toutefois, le fait que les médias aient annoncé qu’il y avait un ministre à l’intérieur était, bien sûr, source de danger et de risque supplémentaires ; parce que, vous imaginez, ces gens qui veulent faire des actions d’éclat, s’ils ont l’occasion de prendre un ministre. Bon…voila !

 

Etiez-vous informé de la situation et comment ?

Nous étions informés par des messages que les gens nous envoyaient de la ville. Nous étions vraiment enclavés dans notre salle. Tout le monde était couché, personne ne se relevait. Les téléphones, on en évitait de peur que les appels ne suscitent quelque chose (…) On était vraiment enfermés. On n’a pas pu suivre ce qui se passait à l’extérieur.

Propos recueillis et retranscris par I. S.


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