HomeA la uneATTENTATS A NICE ET COUP D’ETAT MANQUE A ISTANBUL : Hollande puni pour son engagement anti-terroriste et Erdogan pour sa dictature

ATTENTATS A NICE ET COUP D’ETAT MANQUE A ISTANBUL : Hollande puni pour son engagement anti-terroriste et Erdogan pour sa dictature


 

Les travaux du 27e sommet de l’Union africaine (UA) se sont achevés hier lundi  à Kigali au Rwanda.  Plusieurs thèmes étaient sur la table des chefs d’Etat, dont la récurrente question portant sur le terrorisme et ses conséquences économiques et sociales désastreuses pour le continent. Ce qui est surtout attendu de la part des dirigeants africains, est évidemment la mise en œuvre des propositions qui ont été dégagées pour mieux lutter contre les maux auxquels fait face le continent, notamment la situation au Soudan du Sud. Les chefs d’Etat africains devront en effet se rendre à l’évidence que le continent ne pourra plus continuer à sous-traiter la sécurisation de ses populations avec des puissances étrangères, elles-mêmes en butte au même fléau.  La France, qui est jusqu’ici le principal recours des pays, notamment africains en proie au terrorisme, en est devenue ipso facto, elle-même une grande victime, comme on l’a vu la semaine dernière à Nice, où 84 vies innocentes ont été fauchées par un conducteur sans foi ni loi (au propre comme au figuré).  Même si les enquêtes encore en cours n’ont pas formellement établi de lien entre Mohamed Boulhel (le conducteur du camion) et une quelconque filière djihadiste, son nom musulman, son origine tunisienne, sa situation sociale précaire, le mode opératoire et la revendication de son sinistre acte par l’Etat islamique, ont suffi aux dirigeants français et à certains analystes pour conclure qu’il s’est agi d’un attentat perpétré en représailles à l’implication de la France dans les conflits en cours dans les pays musulmans du Moyen Orient et d’Afrique. Quoi qu’il  en soit, le massacre de Nice, après ceux de Paris en janvier et novembre 2015, est l’illustration parfaite de ce que la France pourrait désormais concentrer ses efforts de lutte contre le terrorisme sur son propre territoire, même si elle n’abandonnera pas pour autant ses missions d’intervention à l’extérieur, comme le souhaitent évidemment les adeptes de l’EI ou d’Al Qaïda. Il y va de la sécurité des Français, mais aussi de la crédibilité de ses dirigeants qui ont été portés à la tête de l’Etat pour défendre ses intérêts et le protéger contre toute forme de menace. François Hollande et son gouvernement apprennent déjà à leurs dépens qu’on n’est jamais assez fort pour vaincre un ennemi invisible. Et la probabilité est forte qu’ils soient punis dans les urnes pour cette « défaite », à l’occasion de l’élection présidentielle de 2017.

Le sort est quelques fois cruel, car ce sont ceux qui sont du bon côté de l’histoire qui paient les pots cassés

Vu d’Afrique, cette éventualité serait une incroyable ironie du sort, car beaucoup d’Etats africains de la bande sahélo-saharienne doivent leur relative stabilité et leur résistance contre les hordes djihadistes à l’engagement anti-terroriste de François Hollande, dès sa prise de fonction en 2012. Pour les terroristes en revanche, les déboires politiques du président français suite aux divers attentats, ne sont qu’un juste retour de manivelle. Ils riront certainement sous cape, à l’idée de voir son successeur  se démarquer de sa politique interventionniste. Au moment où François Hollande dégringole davantage dans les sondages à cause, entre autres, de la montée des périls terroristes dans l’Hexagone, et pendant que son gouvernement subit des attaques véhémentes de la part de l’opposition, c’est, toutes proportions gardées,  l’effet contraire qui se produit à plus de 3 000 km de là, en Turquie notamment, où son homologue, Recep Tayyip Erdoğan, est auréolé du soutien non seulement de ses partisans, mais aussi de celui de son opposition, depuis qu’une partie de l’armée a voulu le punir vendredi dernier, en tentant de le renverser. Une union sacrée autour d’un président islamo-fasciste, contre la tendance kémaliste et donc laïque de l’armée qui dit vouloir « restaurer les libertés et la démocratie ». C’est une incongruité pour ceux qui connaissent les penchants dictatoriaux du président turc à qui l’on prête des intentions de modifier la Constitution pour demeurer éternellement au pouvoir. Mais, bon, comme par principe, les coups de force doivent être condamnés quelles qu’en puissent être les raisons avancées par les putschistes, Erdogan en a largement profité pour reprendre la main, ou plus exactement la matraque pour « casser les couilles de l’opposition », comme il aime à le dire. En tout état de cause, on aurait applaudi, même discrètement, le renversement de ce dictateur au discours guerrier, si son pays n’était pas considéré comme une soupape de sécurité dans une région ravagée par la guerre civile et le terrorisme islamiste (Syrie et Irak). Le discours triomphaliste du président turc au lendemain de l’échec de ce coup d’Etat, rappelle à bien des égards celui du Burundais Pierre Nkurunziza, prononcé après la mise en déroute des putschistes par ses fidèles. Dans tous les deux cas, c’est « l’hôpital qui se moque de la charité », puisqu’ils ont tous dénoncé des actes terroristes et anti-démocratiques contre leurs régimes. Décidément, le sort est quelques fois cruel, car ce sont ceux qui sont du bon côté de l’histoire, comme François Hollande dans la guerre contre le terrorisme, qui paient les pots cassés, alors que ceux qui soutiennent les terroristes, s’ils ne le sont pas eux-mêmes, comme Erdogan, bénéficient de la bienveillance d’une partie de leur peuple et de la Communauté internationale, pour peu qu’ils soient victimes d’une tentative de renversement par la force, les voies pacifiques pour y arriver ayant toutes fait chou blanc, les unes après les autres.

Hamadou GADIAGA


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