HomeA la uneATTENTATS DE PARIS : Du pain bénit pour Poutine et Hollande

ATTENTATS DE PARIS : Du pain bénit pour Poutine et Hollande


 

Au-delà de l’ampleur de leur barbarie, les récents attentats terroristes qui ont secoué la capitale française, ont réussi la prouesse de rapprocher la France et même tout l’Occident, de la Russie. En attendant une possible résolution du Conseil de sécurité sur proposition de Moscou pour une action militaire contre le terrorisme sous mandat onusien, les puissances s’organisent pour frapper mortellement « le mal » dans son antre. En effet, la France et la Russie ont décidé de se donner la main pour mener des opérations contre Daesh aux confins de la Syrie. Le président russe, Vladimir Poutine, a instruit le commandement militaire russe de prendre les dispositions pour coordonner les opérations avec les Français. Hollande, de son côté, envoie le fleuron français, le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, sur le théâtre des opérations, pour maximiser les capacités d’opération des bombardiers français, en tandem avec la flotte russe.

L’intensification de l’action militaire française en Syrie prouve le changement de cap

Cette collaboration militaire n’est pas anodine quand on connaît les rapports exécrables qui ont existé entre Moscou et la plupart des capitales occidentales depuis la crise ukrainienne. En effet, accusée de semer le chaos en Ukraine par son soutien aux combattants pro-russes dans l’Est de ce pays et d’avoir annexé la crimée, la Russie était devenue un paria pour les Occidentaux. De plus, sa position en faveur du régime de Damas décrié par les Occidentaux, avait rendu ce pays infréquentable du point de vue des pays occidentaux, notamment la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d’Amérique. Tant et si bien que des initiatives pour l’isoler, ont été développées. On peut citer par exemple la non-invitation du pays de Poutine au sommet des pays les plus industrialisés et le refus de la France de lui livrer les navires « Mistral » qu’elle avait commandés. Cette intensification de l’action militaire française en Syrie en collaboration étroite avec la Russie, prouve le changement de cap depuis les attentats de Paris. L’histoire donne, quelque part, raison à Poutine qui, visiblement, a eu plus de vision en bombardant sans état d’âme les islamistes en Syrie, après l’attentat en Egypte contre l’avion russe, qui a causé de nombreuses pertes en vies humaines. Certes, en intervenant militairement en Syrie, Moscou a eu pour objectif premier de voler au secours de son allié, Bachar El Assad, dont les troupes étaient en grande difficulté. Mais, les bombardiers russes ont, depuis, visé également des cibles estampillées Daesh. En rejoignant le pays de Poutine sur ce terrain, la France offre au maître du Kremlin un soutien de taille. Poutine parvient ainsi à desserrer l’étau autour de lui, à casser le cercle d’isolement dans lequel les Occidentaux l’avaient placé. Il a ainsi l’occasion de faire étalage de la puissance militaire russe et du rôle central de son pays dans la résolution d’un problème aussi grave que le terrorisme dans le monde. En tout cas, aujourd’hui, le président russe a le beau rôle devant des dirigeants occidentaux obligés de coopérer avec lui, d’être à sa remorque sur ce théâtre des opérations en Syrie. De son côté, le président français, François Hollande, au creux de la vague en termes de popularité, a une opportunité inespérée de reconquérir le coeur de ses compatriotes. En d’autres termes, Hollande peut, s’il réussit à bien gérer ce climat d’après-attentats, notamment ce qu’on peut appeler la riposte française à la barbarie  terroriste, remonter durablement dans les sondages. Toute chose qu’il ne va pas bouder dans la perspective de la prochaine présidentielle. Hollande et tout son entourage le savent bien. Les Français vont les juger sur leur leadership et leur capacité à assurer la sécurité du pays et à frapper ses ennemis avec toute la vigueur requise. Pour le moment, ils font montre de leur détermination à traquer le terrorisme jusque dans ses derniers retranchements, notamment par un durcissement des dispositions juridiques françaises. Un peu à l’exemple des Américains qui ont adopté le Patriot Act, après les attaques du 11 septembre 2001, pour se donner les coudées franches dans la lutte anti-terroriste.

La Syrie doit absolument tourner la page de sa guerre atroce

C’est dire si ces attentats et la nécessaire riposte internationale contre le terrorisme, constituent du pain bénit pour Poutine et Hollande. Ces deux chefs d’Etat qui avaient bien des soucis domestiques et internationaux, se retrouvent dans une meilleure posture. Les attentats de Paris viennent clarifier un peu plus le jeu trouble des Occidentaux en Syrie. Ils sont obligés de faire preuve de réalisme politique en mettant l’avenir de Bachar El Assad  sous l’éteignoir, pour s’attaquer avant toute autre chose à leur ennemi numéro un : Daesh. A présent, toutes les puissances sont unanimes pour reconnaître que l’ennemi numéro un est Daesh et qu’il ne faut lésiner sur aucun moyen pour pulvériser son organisation. Il faut maintenant espérer qu’il y ait un maximum de professionnalisme et de discernement dans les frappes, la traque et plus généralement dans la lutte contre ces ennemis de l’humanité. Par ailleurs, la communauté internationale, dans son ensemble, doit s’employer à réduire les iniquités, les injustices dans le monde, qui font le lit de l’extrémisme. Elle serait bien inspirée, pour le cas particulier de la Syrie, de trouver une sortie de crise acceptable et qui intègre le départ du boucher de Damas. Bien entendu, la Russie, très attachée à ses intérêts géostratégiques énormes en Mer noire et voyant en Bassar El Assad le meilleur défenseur desdits intérêts, ne lâchera pas facilement prise. Mais, la Syrie doit absolument tourner la page de cette guerre atroce dont les conséquences sont incalculables pour la sous-région. Aux grandes puissances donc de trouver le compromis utile qui permettra d’aider sans calculs mesquins, la Syrie à sortir du bourbier. Au-delà de la Syrie et de l’Irak, la lutte contre le terrorisme devrait viser tous les réseaux terroristes, où qu’ils se trouvent.  Car, tant que les terroristes continueront à donner la mort, aucun pays ne sera en sécurité dans ce monde.

« Le Pays »


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