HomeA la uneATTENTATS RECURRENTS EN EGYPTE :Les limites du tout répressif

ATTENTATS RECURRENTS EN EGYPTE :Les limites du tout répressif


L’armée égyptienne a été victime d’un attentat terroriste qui a coûté la vie à 34 soldats, le vendredi 24 octobre dernier. Cet attentat aura été le plus meurtrier jamais enregistré par cette armée.  Dans son adresse à la Nation, le président Al Sissi a dénoncé un complot ourdi depuis l’étranger, pour déstabiliser son pays en reconstruction et son armée. Laquelle n’a pas tardé à réagir en tuant 8 djihadistes dans  des frappes aériennes menées dans la zone du Sinaï. Pour mieux combattre les assaillants, cette région a été placée en état d’urgence pour une période de trois mois et le terminal de Rafah, unique passage vers la bande de Gaza, qui n’est pas contrôlé par Israël, a été fermé jusqu’à nouvel ordre. Ces mesures suffiront-elles à vaincre le terrorisme dans cette zone? Rien n’est moins sûr. On le sait, la région du Sinaï est difficile à contrôler non seulement à cause de son relief montagneux, mais aussi et surtout à cause de sa situation géographique. Frontalière avec la Bande de Gaza et Israël,  cette zone est, d’une part, le lieu où règnent les trafics en tous genres, et d’autre part, le sanctuaire des djihadistes de tous poils. C’est aussi, malheureusement, là où règnent des tribus  qui, depuis belle lurette, ont le sentiment d’être abandonnées par l’Etat égyptien. En somme, tous les ennemis sérieux du régime Al Sissi s’y trouvent. Et la répression tous azimuts que le Maréchal Al Sissi a adoptée comme méthode de lutte contre ses ennemis, notamment les Frères musulmans, a fini par y réveiller d’autres vieux démons. La dissolution de leur confrérie aura été d’ailleurs une erreur stratégique. Car, elle aura ouvert la boîte de Pandore, eu égard à la recrudescence des attentats au pays des Pharaons. Il est plus facile de combattre un ennemi visible qu’un ennemi invisible. Tant que les Frères musulmans étaient sur le terrain politique, Al Sissi pouvait, avec tous les moyens dont il dispose, contrôler et recadrer leurs faits et gestes. Maintenant qu’ils sont dans la clandestinité, il lui est quasi impossible de contrôler leurs mouvements et actions.

 

La répression aveugle ne saurait venir à bout des islamistes

 

En  tout cas, au vu de ces attentats à répétition, on peut, sans risque de se tromper, dire que le tout répressif n’est pas la solution. C’est dire qu’Al Sissi qui est toujours droit dans ses bottes, gagnerait à changer son fusil d’épaule. Il doit adopter des mesures ardues sur le plan social, pour combler le vide laissé par les Frères musulmans qui, on le sait, étaient très actifs dans ce domaine. Faut-il le souligner, c’est le social qui leur a valu la popularité qui avait permis l’accession de leur mentor, Mohamed Morsi, à la tête du pays, après la chute du Rais Hosni Moubarak en février 2011. Et depuis, les choses n’ont véritablement pas évolué dans le sens d’une nette amélioration des conditions de vie des populations, surtout celles de la région du Sinaï. En tout cas, au lieu de continuer à promettre la fermeté, Al Sissi gagnerait à revoir sa copie car les violences auxquelles on assiste actuellement montrent toutes les limites du tout répressif. Certes, certains Etats arabes qu’il accuse à tort ou à raison de soutenir les terroristes, ne sont pas blancs comme neige. Car, on se rappelle que les mêmes Etats avaient été accusés d’aider les terroristes qui avaient mis le Nord-Mali sens dessus-dessous. Il est évident que ces Etats ne rendent service ni à l’Occident ni à l’Afrique, encore moins à l’Egypte, même si ce pays, à lui seul, ne saurait combattre ces terroristes. C’est le monde entier, notamment l’ONU, qui devrait croiser le fer contre ces fous d’Allah, car ils s’attaquent à la stabilité mondiale. Mais il ne faut pas se faire d’illusions, les grandes puissances ne peuvent se payer le luxe d’attaquer un pays comme le Qatar qui leur fournit du pétrole.

Cela dit, Al Sissi doit renoncer au tout répressif et aller à l’école de son voisin la Tunisie.  Ce pays qui a entamé ses élections législatives hier, a compris que la répression aveugle ne saurait venir à bout des islamistes. C’est pourquoi, au lieu de chercher à dissoudre ENNAHDA ou combattre ses militants par les armes, il a préféré les combattre à travers les urnes. Et l’on comprend pourquoi la Tunisie enregistre moins d’attentats meurtriers que l’Egypte.

 

Dabadi ZOUMBARA


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