HomeA la uneATTENTE DES RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE AU GABON : Libreville retient son souffle

ATTENTE DES RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE AU GABON : Libreville retient son souffle


 

Les Gabonais se sont rendus aux urnes, le 27 août dernier, pour élire la personne qui doit présider à leur  destinée au cours du  septennat à venir. L’heure est donc à l’attente des résultats. Ceux-ci sont annoncés en principe pour le mardi 30 août prochain, soit 72 heures après la tenue du scrutin. En attendant, l’on peut se réjouir déjà de la forte affluence des électeurs dans les bureaux de vote et du climat civilisé dans lequel le scrutin s’est déroulé. Cette bonne note est à mettre à l’actif de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) et à l’ensemble de la classe politique gabonaise. La cerise sur le gâteau serait que le délai du mardi 30 août soit tenu et que les résultats des urnes reflètent le choix véritable des électeurs gabonais. Car, de par le passé, bien des zones d’ombres avaient entouré les scrutins présidentiels dans ce pays. L’on se souvient, en effet, que le père Bongo puis le fils Ali avaient été accusés, à tort ou à raison, d’avoir usurpé leur victoire à coup de manipulation des résultats électoraux.

Des signes d’inquiétudes peuvent être observés

C’est dire que, quelque part, le septennat du président sortant a souffert d’un manque de légitimité, même si le principal concerné n’a eu de cesse de marteler à qui voulait l’entendre, que sa victoire en 2009 a été avec panache. Sept ans après son élection controversée, Ali Bongo jure, la main sur le cœur, que la présidentielle de 2016 se déroulera dans les règles de l’art. Comme pour dire qu’il a mis un point d’honneur à tenir cette promesse, il a permis à une foultitude d’observateurs venant d’Afrique et d’ailleurs, de suivre les choses de bout en bout. Pour le moment, le dépouillement a été fait et le processus est au stade de la compilation et de la centralisation des résultats au niveau de CENAP. Mais déjà, des signes d’inquiétudes peuvent être observés. En effet, le camp de Jean Ping, tout comme celui d’Ali Bongo, affirment leur optimisme quant à l’issue du scrutin. Statistiques à l’appui, chacun laisse entendre que la chose est déjà dans la besace. Un représentant du camp de la majorité présidentielle est allé jusqu’à marteler que les résultats en leur possession, révèlent une nette avancée de leur mentor et que rien ne pourra inverser cette tendance. Et que dire de cet ancien ministre de Bongo, passé dans le camp de l’opposition, qui présente déjà ses félicitations à Jean Ping pour sa « brillante élection ? » Qui croire ? Et qui ne pas croire ? En attendant la structure habilitée à trancher la polémique, le moins que l’on puisse dire est que cette façon de faire, prépare les esprits à la contestation électorale. De ce point de vue, l’on peut se permettre d’infliger un blâme à chacun des deux camps, pour incitation à la violence post- électorale. Car, tous ont délibérément foulé au pied, la disposition de la loi électorale en vertu de laquelle, tous les candidats doivent prendre leur mal en patience jusqu’à ce que, par la voie officielle, les résultats soient portés à la connaissance des Gabonais. Mais au-delà du caractère mortifère de cette façon illégale et anticipée d’annoncer les résultats par les deux candidats sérieux à la présidentielle que sont Jean Ping et Ali Bongo, l’on peut dire ceci à propos de la guerre des statistiques : soit, les Gabonais ont d’énormes lacunes en arithmétique au point de ne pouvoir faire la somme des différents résultats des bureaux de vote que chacun est censé connaître, soit les résultats des urnes ont été délibérément trempés dans la sauce de la mauvaise foi. Dans le cas d’espèce, l’on peut pencher vers la deuxième hypothèse. De ce point de vue, l’on peut déjà écraser une larme pour les électeurs gabonais dont on sait qu’ils ont sacrifié de leur temps pour faire massivement le déplacement des urnes, à l’effet de se doter d’un président démocratiquement élu. En cas de grabuge post-électoral, comme cela se dessine actuellement, ce sont malheureusement les électeurs en particulier et les populations en général qui courent le risque de payer l’addition de l’irresponsabilité de leur classe politique.

Il reste à souhaiter que les Gabonais fassent preuve de grandeur d’esprit

C’est pourquoi l’on ne doit pas s’étonner qu’en Afrique, de façon générale, les populations manifestent de la désaffection pour la chose politique. Car, non seulement, dans bien des cas, elle a apporté la preuve qu’elle est loin d’apporter des solutions concrètes à leurs problèmes existentiels, et Dieu seul sait s’ils sont nombreux, mais aussi elle a cette fâcheuse propension à les dresser les uns contre les autres. L’on avait eu la faiblesse de croire que les acteurs politiques gabonais, à l’occasion de cette présidentielle, s’extirperaient du nanisme démocratique dans lequel pataugent et semblent se plaire bien des pays de cette partie de l’Afrique, mais au rythme où vont les choses, l’on peut avoir l’impression qu’il n’en est rien. En tout cas, les ingrédients sont réunis pour qu’il pleuve sur le pays et ce, quel que soit le camp qui raflera la mise officiellement le mardi prochain. Car, le camp du vaincu pourrait crier au hold-up électoral. Et quand on sait l’animosité qui existe entre Jean Ping et Ali Bongo, l’on peut craindre le pire pour le Gabon. Dès lors, l’on peut dire que dans l’attente des résultats officiels de la présidentielle au Gabon, Libreville retient son souffle. Il reste à souhaiter que les Gabonais en général et les acteurs politiques en particulier, fassent preuve de grandeur d’esprit afin de ne pas exposer leur pays à une géhenne post-électorale et subséquemment, de ne pas apporter de l’eau aux tenants de la thèse aux relents racistes, peut-on dire, selon laquelle les Bantous, à l’étape actuelle de leur évolution, peuvent se contenter d’un simulacre de démocratie. Et parmi les nombreux observateurs qui séjournent actuellement dans les hôtels huppés de Libreville, pourraient se trouver des gens qui adhèrent à cette thèse.

« Le Pays »


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