AVENEMENT ANNONCE D’UN PRODUCTEUR INDEPENDANT D’ELECTRICITE : Pourvu qu’on ait la lumière électrique

L’autre jour, je me rappelle, c’était à la tombée de la nuit. Alors que je revenais de la ville, très fatigué, le visage endolori, la sébile en main, j’eus l’idée de passer chez ma tante Sidpayeté. Arrivé, je l’ai trouvée assise, un journal en main. Et comme elle sait bien que j’aime lire les journaux, elle me l’a remis. Je commençai à le feuilleter. Et entre-temps, je suis tombé sur un article portant sur les délestages au Burkina. Curiosité aidant, j’ai décidé de le parcourir entièrement. Et c’est là que j’ai découvert qu’il y aura bientôt un producteur indépendant d’électricité dans notre pays. Je sautai de joie parce que je n’en croyais pas mes oreilles ni mes yeux. Car, un producteur indépendant d’électricité au Burkina, cela me paraissait naguère impensable, tant les uns et les autres tenaient au monopole et à leurs intérêts. Comme quoi, l’alternance a des avantages à tout point de vue. Elle permet, entre autres, d’insuffler une nouvelle dynamique dans la gestion du bien public. En tout cas, sous Blaise Compaoré, on s’imaginerait très difficilement qu’un jour, on autoriserait l’implantation d’un producteur indépendant d’électricité au pays des Hommes intègres.

Cela d’autant que la SONABEL, bien qu’ayant montré ses limites, constituait une véritable machine à sous dont la gestion paraissait laissée entre les mains des puissants d’hier. Ah, que voulez-vous ? C’était aussi cela le pouvoir sous l’ancien régime. Quand on est aux affaires, on se croit parfois tout permis. On s’accorde tous les monopoles. Or, tout le monde sait que le monopole tue l’excellence, parce qu’il n’y a pas de concurrence. C’est ceci qui explique cela. C’est pourquoi je tire mon chapeau aux autorités de la transition qui, en autorisant l’avènement d’un opérateur indépendant d’électricité, donnent l’impression d’avoir pris la mesure du problème. Il faut qu’une solution durable soit trouvée à la crise énergétique à laquelle on fait face depuis des lustres. Car, faut-il le rappeler, sans énergie, il n’y a pas de développement.

 

Tous les moyens doivent être déployés pour mettre fin à la crise énergétique

 

Cela dit, il faut espérer que celui ou celle qui sera choisi par le gouvernement, soit à la hauteur des attentes des populations. Ce qui sous-entend que le choix doit se faire sur la base des compétences et non des accointances avec tel ou tel gourou du régime. Non, on ne veut plus de ce clientélisme auquel le régime de Blaise Compaoré nous avait habitués. Ce qui est sûr, l’opérateur indépendant annoncé n’a pas intérêt à faire moins que la SONABEL, au risque de s’attirer le courroux des populations qui en ont déjà gros sur le cœur. Il faut donc mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

C’est à ce prix que l’on pourra éviter les surprises désagréables. D’ailleurs, je trouve que l’on a déjà perdu trop de temps. On aurait dû penser à cette alternative depuis longtemps. En tout cas, tous les moyens doivent être déployés pour mettre fin à cette crise énergétique. Et pour un pays qui est chaque jour brûlé par le soleil, ce n’est pas ce qui manque. Du reste, je pense même que l’on gagnerait à mettre l’accent sur les énergies renouvelables. Car je trouve inconcevable qu’avec ce soleil qui nous cuit quotidiennement, l’on en soit encore à parler de problèmes d’énergie. Ce n’est pas normal. Je suis sûr que si c’était des Blancs qui étaient à notre place, il y a longtemps qu’ils se seraient passés des énergies fossiles. Et je ne parle pas dans le vide. Regardez, ils sont de plus en plus en train de se passer du pétrole. Tous les jours, ils cherchent, ils se triturent les méninges afin de réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis des pays producteurs de pétrole. Déjà, circulent en Occident, des voitures du futur, fonctionnant à l’hydrogène. Tout le temps, il y est question d’énergies vertes. Pendant ce temps, nous on fait quoi ?

Pourquoi, nous, on n’y pense pas ? On est là assis, attendant toujours tout des autres. Je comprends pourquoi on est toujours en retard d’un siècle par rapport aux autres. Confiez-moi le projet d’électrification du Burkina, et vous verrez ce dont je suis capable. Je suis fou, c’est vrai, mais…

 

« Le Fou »