HomeA la uneAVENEMENT DE ROCH AU POUVOIR : « Une année perdue et gâchée pour le Burkina Faso », selon le CFOP

AVENEMENT DE ROCH AU POUVOIR : « Une année perdue et gâchée pour le Burkina Faso », selon le CFOP


Le Chef de file de l’Opposition politique n’est pas satisfait du bilan de la première année de pouvoir du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Il l’a signifié dans  un mémorandum dont le contenu a été présenté aux Hommes de médias,  au cours d’une conférence de presse tenue le mardi 7 février 2017, à son nouveau siège situé à la Zone du bois à Ouagadougou.

On croirait à une déclaration de « contre-politique générale», au regard de l’exercice auquel s’est adonné l’Opposition politique, le 7 février dernier. Mais il s’agit bel et bien d’une conférence de presse consacrée à la présentation du mémorandum du Chef de file de l’Opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF), sur le bilan de l’AN I du régime du président Roch Marc Christian Kaboré. Ce mémorandum rédigé par un comité technique de 6 membres, est contenu dans un document de 68 pages dont les grands axes abordés sont intitulés comme suit : le leadership du président du Faso, une gouvernance politique chaotique, les domaines régaliens en jachère, la gouvernance économique, la gouvernance administrative, les ratés de la gouvernance locale, les échecs sectoriels patents. Dans ces différents domaines, l’opposition politique a fait une analyse critique de ce qui a été mené comme actions tout au long de l’année écoulée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a sorti « l’artillerie lourde » contre la gestion du pouvoir en place. Du reste, il a fallu aux conférenciers plus d’une heure (65 mn à notre chrono) de déclaration liminaire pour dévoiler l’argumentaire contenu dans le mémorandum intitulé : « Une année perdue pour le Burkina Faso ». Cet exercice a été fait d’abord par le premier responsable du CFOP, Zéphirin Diabré, président de l’UPC qui est monté au créneau pour annoncer les couleurs des pages du mémorandum. Cela fait un an, a-t-il rappelé, que le président Roch Marc Christian Kaboré, son parti le MPP, ses alliés au sein de la majorité gouvernementale et les forces socio-économiques qui le soutiennent, gèrent le Burkina Faso. « Ou plutôt sont en train de l’enfoncer. Aujourd’hui, l’appréciation de l’Opposition politique est claire et nette : la première année d’exercice de pouvoir par le régime au pouvoir est une année perdue et gâchée pour notre cher pays. C’est une année perdue pour le Burkina Faso », a insisté Zéphirin Diabré. Et d’ajouter qu’en un an, les Burkinabè ont été les témoins médusés d’hésitations et de tâtonnements au sommet de l’Etat, d’un pilotage à vue, d’imprécisions dans les moments cruciaux, de nominations de complaisance et d’un effacement complet sur la scène internationale. La gouvernance politique est marquée, a-t-il déclaré, par une confusion des rôles, des bagarres internes transposées sous formes de tricéphalisme dans la gestion du pouvoir, une perte de l’autorité de l’Etat et une trahison des idéaux de l’insurrection. Cette gouvernance se caractérise aussi, selon le CFOP, par une « gestion pitoyable » du gouvernement fait par un Premier ministre par défaut, frappé d’une faiblesse d’autorité personnelle, peu au fait des politiques publiques, soumis à un sabotage permanent de la part de son propre parti et mis à la tête d’une équipe dont les membres sont choisis sur la base de critères pas tout à fait clairs. Elle reste marquée, de l’avis de Zéphirin Diabré, par une action législative emprunte de populisme dont certains actes et lois posent problème. Le tout est couronné, a-t-il indiqué, par un divorce profond avec les syndicats et le monde du travail qui a transformé le pays en un volcan social permanent qui fait fuir les investisseurs. En auscultant la gestion du pays pendant l’année écoulée, Zéphirin Diabré et ses camarades de l’opposition notent que le terrorisme a gagné du terrain au point qu’ils se demandent si aujourd’hui, le Nord du Burkina Faso appartient encore au pays. Que dire de la justice perçue par le CFOP comme étant aux ordres, avec les dossiers emblématiques qui continuent de sommeiller. La situation dépeinte par l’opposition politique n’est, du reste, guère reluisante sur de nombreux points. « La réconciliation nationale est au point 0 et les Burkinabè se regardent toujours en chiens de faïence. Les Koglwéogo continuent encore de défier l’autorité de l’Etat et les risques d’affrontement avec les Dozos porteurs de germes d’une guerre civile n’ont jamais été aussi élevés. La démocratie est devenue violente et les élections entraînent des morts comme on l’a vu lors des élections communales. Le pouvoir d’achat continue de baisser dans les ménages, obligeant les syndicats à instaurer un bras de fer permanent. L’éducation continue de s’enfoncer, notre santé est prise en otage, le secteur minier est devenu le théâtre d’un nouveau pillage puisque les nouveaux maîtres du pays veulent y prendre place et remplacer ceux qui y étaient avant. Dans le domaine de l’emploi des jeunes, il y a trop de discours mais pas du tout d’actions concrètes », a fait ressortir Zéphirin Diabré. Pour lui, l’un des échecs les plus « emblématiques » de la gestion du pouvoir d’Etat reste l’économie, car « les investisseurs, à commencer par les hommes d’affaires burkinabè, fuient vers l’extérieur ».

Malgré le « succès » dont on parle à propos de la mobilisation des intentions de financement (18 000 milliards de F CFA) au profit du Plan national de développement économique et social (PNDES) suite à la table ronde des partenaires du Burkina à Paris, celui-ci émet des réserves quant à la relance de l’économie. D’ailleurs, l’opposition dit avoir analysé méthodiquement les chiffres et estime qu’il s’agit surtout d’une supercherie car, « dans les annonces des bailleurs de fonds qui ont été faites, beaucoup de sommes annoncées sont simplement recyclées tandis que d’autres relèvent d’anciens projets ficelés qui n’avaient absolument rien à voir avec le PNDES. Conséquence, la relance de l’économie nationale paraît compromise », de l’avis de Zéphirin Diabré qui constate qu’un an après l’avènement aux affaires du

pouvoir actuel, on assiste au retour de vieilles pratiques détestables qui ont provoqué l’insurrection comme la corruption, le favoritisme dans les marchés publics au profit d’opérateurs économiques. Au total, la première année au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré est passée comme si de rien n’était dans le pays, foi du CFOP qui situe les responsabilités à plusieurs niveaux. « Nous sommes pressés qu’il y ait l’alternance. Mais l’opposition, tout de même, tient à renvoyer les Burkinabè à leurs responsabilités dans la situation actuelle. C’est leur vote qui a donné le pouvoir au MPP. Ils se sont laissés berner par des promesses démagogiques, parfois par des billets de banque et autres considérations bizarres. Ils sont donc mal placés pour se lamenter aujourd’hui », a confié le CFOP qui a planté le décor de la déclaration liminaire. Place ensuite a été faite à Alphonse Marie Ouédraogo et Adama Séré, respectivement coordonnateur et membre du comité de rédaction du mémorandum pour détailler les grandes lignes du document. Dans leur présentation, ils ont déploré un « manque de leadership » du président du Faso qu’ils accusent de peiner à rendre visible sa vision et à incarner réellement sa fonction. « Un manque évident d’anticipation », un « tricéphalisme au sommet de l’Etat », « des choix contestables de collaborateurs par le président du Faso » et un effacement sur la scène internationale ont été également reprochés par le CFOP dans la gestion actuelle du pouvoir. « Le leadership du chef de l’Etat tarde à se

manifester tandis que le pays est piloté à vue, balloté au gré des évènements et soumis à une gestion qui donne plus à la réaction qu’à l’action », peut-on lire dans le mémorandum. Concernant le volet gouvernance politique qualifiée de chaotique, l’opposition s’offusque ouvertement d’une confusion et d’une perte de l’autorité de l’Etat dans le fonctionnement des institutions, à savoir l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire. Elle dénonce une « mauvaise performance » de l’animation de la vie politique par le MPP, une « coordination bancale  de l’action gouvernementale » et une action législative emprunte de populisme. Dans son mémorandum, l’opposition fustige, dans le volet intitulé « des domaines régaliens en jachère », les bases exigées par le pouvoir pour aller à la réconciliation nationale, la non-indépendance de la justice considérée comme étant aux ordres. Au niveau de la sécurité, le CFOP y voit une incapacité notoire à « terroriser » les terroristes tandis que du côté de la diplomatie, c’est un « amateurisme qui pousse au désespoir », qui est déploré. Au sujet du chantier de la nouvelle Constitution, l’opposition politique a émis ouvertement des inquiétudes. Concernant les volets gouvernance économique et administrative, l’opposition dénonce « un clientélisme et une politisation de l’Administration » ainsi qu’une « forte propension d’une administration affairiste ». Et ce n’est pas tout, puisque ce que le CFOP considère comme relevant de « la paupérisation galopante », la « prise en otage du système de santé publique », la « persistance du chaos dans le système éducatif ».  De nombreux problèmes ont été relevés dans le mémorandum présenté à la presse. Ce face-face avec les journalistes s’est déroulé en présence d’autres acteurs politiques dont Valère Somé, Ernest Compaoré, Ahmadou Dabo de l’UNDD, Bonoudaba Dabiré du CDP, Amadou Demdioda Dicko, Alain Zoubga de l’Autre Burkina PSR, etc. 

Saïdou ZOROME (Collaborateur)

 

 

 


Comments
  • Les points de revendication du Syndicat National des Travailleurs de la Santé Humaine et Animale(SYNTSHA) dans le cadre de leur grève du 10 février 2017 relèvent essentiellement des promesses non tenues du ministre de la santé Smaila Ouédraogo. La question des Etablissements Publics de Santé(EPS) et autres doléances sont toutes des points pour lesquelles le ministre avait promis des solutions en 2016.Il n’a pas respecté ses engagements et pire, il tente de diviser le SYNTSHA. L’une des préoccupations repose sur le conflit que crée le ministre entre le CHU Yalgado et l’hôpital de Bogodogo. Sous les deux ministres qui ont précédé Smaila Ouédraogo, en l’occurrence Léné Sebgo et Amédée Prosper Guiguimdé,le gouvernement avait admis que l’hôpital de district de Bogodogo soit aménagé pour servir d’un second pôle du CHU Yalgado pour désengorger cet hôpital historique de référence et permettre sa reconstruction et sa modernisation. C’est ainsi que des équipements à coups de milliards ont été acquis pour une répartition entre Yalgado et son pool de Bogodogo. Une partie des services médicaux spécialisés de Yalgado devait être transférée à Bogodogo.Mais le fougueux ministre Smaila Ouédraogo fait fi de tout cela et a monopolisé le matériel acquis pour Bogodogo, délaissant ainsi Yalgado. Entre nous praticiens de la santé, nous disons que cette attitude anarchiste du ministre de la santé vise à déshabiller X pour habiller Y sur fond d’animosité et de règlements de comptes car, le ministre a une haine viscérale contre le SYNTSHA et certains de ses militants actifs. Il tente même d’affecter certains personnels de santé de Yalgado à Bogodogo sur la base d’affinités politiques, régionalistes et de ses clubs d’amis. Tous ces faits anormaux de gestion chaotique du ministère de la santé se déroulent dans un silence incompréhensible du Président du Faso et du Premier Ministre comme si les autorités ne prennent pas soin d’examiner les situations dans leur réalité. En 2016, les ministères de la santé et des Finances ont été constamment en ébullition du fait d’un certain pilotage à vue et d’un autoritarisme désuet de leurs premiers responsables. La situation perdure en ce début 2017.On ne doit pas continuer à hypothéquer le développement du pays par la faute de gens qui ne savent pas diriger un département ministériel.

    8 février 2017
  • Bonne analyse. Ce pouvoir, à peine arrivé est déjà sclérosé. Tout ce que les {oiseaux de mauvaise augure} prédisaient sont en train de se réaliser. La gestion de ce nouveau ancien pouvoir ressemble à un voleur qui, surpris par le butin, se fait prendre aussitôt, parce qu’il ne savait pas où cacher ce pactole et en disposer. Surpris et grisé par le pouvoir, le MPP ne sait plus quoi en faire, allant de tâtonnement en reculade ou renoncement en passant par l’amateurisme et le combat de chiffonniers. Par ailleurs, quoi qu’on dise, aujourd’hui, le CDP est moins sale que celui qui a régné sur le Burkina pendant plus de 27 ans. Et qui comportait des personnalités de tout acabit, de toutes moralités, dont les comportements et les actions ont abouti à l’insurrection populaire. Et ce sont les maîtres d’œuvre de ce CDP-là qui sont les têtes pensantes du MPP. Pire, après la fuite du père fondateur du CDP, les ténors du MPP ont d’abord pris le soin de démanteler l’ex parti en s’accaparant de plusieurs de ses structures de base et de sa machine à gagner les élections. Et depuis, chaque fois, ils crient au loup. En outre, sentant le vent changer, plusieurs malfrats et bandits en colle blanc se sont réfugiés au sein du parti qui, à leurs yeux va remporter les élections et leur permettre de poursuivre leurs desseins obscurs. Donc, le CDP assis à la même table que Zéphirin Diabré est plus propre et fréquentable que le CDP des RSS, devenu MPP. Aujourd’hui, tout démontre que le peuple burkinabè est sorti de l’insurrection avec la gueule de bois et le sentiment d’une révolution inachevée.

    8 février 2017
  • Certes, ce n’est jamais facile de gérer les affaires de l’Etat, de surcroit dans un contexte sécuritaire très préoccupant. Cependant, depuis le début du quinquennat en tant que simple citoyen et sans « esprit partisan », nous avons maintes fois souhaité que les nouvelles autorités, c’est à dire, « le pouvoir MPP » aillent vite dès maintenant dans les réformes économiques, sociales et judicaires concrètes, car tout retard ou avancée conséquent d’aujourd’hui impactera et dépendra nécessairement les résultats ou les échecs à l’heure du bilan général dans quatre ans. Dans cet ordre d’idées, les taches des gouvernants actuels ne seront pas de tout repos, les attentes étant énormes ; et surtout la Présidence du Faso doit être un Outil Supérieur et efficace qui imprime une certaine dynamique ou une « révolution »au reste du gouvernement dans l’exécution efficace et efficient des projets et programmes de développement dans l’intérêt sans concession des populations Burkinabé. C’est pourquoi, nous avons suggéré que le pouvoir ne considère pas uniquement les critiques constructives et pertinentes émanant de la société civile, des économistes et de bien d’autres personnes comme des « oppositions qui seraient invisibles », car après l’insurrection populaire d’octobre 2014, et bien d’autres événements historiques, on ne peut plus diriger le Burkina Faso comme il y’a vingt ans. Alors, un Bilan réel sans complaisance de la gouvernance d’un an par les acteurs eux-mêmes est nécessaire et doit être établit, et tous les Ministres ou Responsables à quelque niveau que ce soit qui n’auraient atteins au moins 80 à 85% de résultat dans leur travail soient purement et simplement remercié, car le temps où l’on pouvait se permettre de « jouer » avec les intérêts et l’avenir du peuple Burkinabé est certainement révolu. Si nous voulons nous en sortir, il faut d’ici 2020 pouvoir tabler sur des croissances réelles et minimums annuelles de 7 à 8 % autrement les problèmes risques de s’accumulés. A bon entendeur. Salut !

    8 février 2017

Leave A Comment