HomeA la uneBENJAMIN OUEDRAOGO, PRESIDENT DU « MESSI »,

BENJAMIN OUEDRAOGO, PRESIDENT DU « MESSI »,


Dr. Ouédraogo Nosseyemba Somba Benjamin est le président d’un nouveau parti politique qui n’est pas suffisamment connu des Burkinabè. Il s’agit du Mouvement ensemble au service de la société pour son indépendance  (MESSI). Dans les lignes qui suivent, Dr Ouédraogo Benjamin nous parle de l’approche politique de son parti.

« Le Pays » : Vous êtes enseignant-chercheur et fondateur d’un institut d’enseignement privé. Malgré tout, vous vous êtes lancé en politique. Pourquoi ?

Ouédraogo Nosseyemba Benjamin : Avant de répondre à votre question, je voudrais, d’abord, remercier le Tout-Puissant, ensuite, le Journal « Le Pays » pour l’occasion offerte de faire connaître notre parti : « le Mouvement ensemble au service de la société pour son indépendance », le MESSI. Dès les années 1936, l’économiste anglais John Maynard Keynes parlait de l’intervention de l’Etat dans l’économie pour créer l’emploi et enrichir le peuple. Cette intervention est synonyme de la politique économique, de la stratégie ou gestion des affaires publiques de l’Etat. Il existe un deuxième sens du mot politique en tant que jugement de valeur, mensonge et immoralité, très employé aujourd’hui au Burkina Faso. Pourtant, cette conception est dépassée pour un leader moderne, épris de l’intérêt général du peuple. C’est la politique comme pouvoir managérial qui a motivé notre choix de faire la politique. En effet, l’idée de créer le MESSI est née depuis 1991, quand j’étais encore étudiant en économie politique marxisme léninisme à l’université d’Etat Kirov du Kazakhstan. J’ai pris la décision, un beau matin, de servir mes concitoyens, d’abord, dans l’enseignement supérieur, ensuite, le peuple entier par la bonne gouvernance, source de création de richesses pour lutter contre la paupérisation et cela, dès mon retour au pays. Cette décision m’a permis de constater que la gestion rationnelle des affaires publiques est le lien étroit entre l’économie et la politique, appelée, en d’autres termes, bonne gouvernance. Par ailleurs, dans l’- ex-Union soviétique, tout responsable d’un poste administratif ou politique doit connaître l’économie politique, pour une bonne gouvernance des affaires publiques. Dans mon pays, le terrain politique est délaissé au détriment des leaders politiques souvent absents dans la sphère managériale. Ce qui explique les multiples problèmes de gouvernance dans les affaires publiques. Eu égard à toutes ces considérations, j’ai choisi de servir largement mon peuple outre que dans l’enseignement où je gagne pourtant pleinement mon pain depuis 2001.

Pourquoi n’avoir pas adhéré plutôt à un parti politique qui existait déjà au regard du grand nombre de partis au Burkina Faso ?

Je remercie ce grand nombre de partis politiques au Burkina Faso, qui m’ont permis de tirer une leçon de morale. Tous ces partis sont fondés sur des idéologies importées, ayant déjà montré leurs limites, du fait qu’elles sont inadaptées à notre réalité culturelle. L’absence d’originalité idéologique des multiples partis au Burkina Faso a considérablement motivé notre choix de créer le MESSI.

Pouvez–vous décliner, en quelques mots, l’idéologie et le projet de société du MESSI ?

Le MESSI est un parti politique de l’idéologie social-démocratie sélective, culturelle et libérale. C’est un ensemble de vertus telles que le sacrifice pour la paix, la solidarité, la justice, l’assimilation culturelle sans être assimilé défendue par le président Léopold Sédar Senghor, l’honnêteté, le travail bien fait et l’intégrité burkinabè. Le MESSI entend conquérir le pouvoir d’Etat pour réaliser une vie communautaire paisible qui se traduit par la satisfaction des besoins matériel, sécuritaire, d’intégration sociale et d’auto-affirmation.

En quoi votre parti apporte-t-il quelque chose d’original par rapport aux partis déjà existants ?

Le MESSI est le premier parti qui a discerné et dénoncé les défaillances du style de gestion centralisé et décentralisé vécus depuis l’après Sankara. Il propose le dirigisme comme une nouvelle forme de gouvernance qui prend en compte les réalités culturelles burkinabè. Il préconise aussi l’assimilation culturelle sans être assimilé du président Léopold Sédar Senghor pour pallier la perte vertigineuse des valeurs culturelles. C’est aussi une nouvelle forme de gouvernance qui indique au peuple la direction à suivre vers la réalisation de son bien-être. Il consiste à attribuer le pouvoir de décisions majeures au comité central du parti. Ce sont les décisions relatives au rôle régalien de l’Etat gendarme prôné par des économistes libéraux pour garantir la paix, la sécurité et la justice. A cela, s’ajoute la mission de l’Etat providence de l’économiste anglais, John Maynard Keynes, dont l’idée principale est de consacrer l’impôt d’Etat collecté auprès du peuple à la réalisation des investissements rentables pour résorber le chômage et d’accumuler la richesse nationale répartie dans la justice. Aussi, l’Etat doit majoritairement s’occuper de l’éducation qualitative et de la santé. Le pouvoir de décisions, pour ce qui concerne les idéologies culturelles notamment religieuses et coutumières, revient à l’autorité du comité central du MESSI. En revanche, le pouvoir de décisions mineures pour ce qui concerne la mise en pratique des décisions importantes, émane du comité central du parti. Le mandat de contrôleur est attribué aux gouverneurs, sénateurs également élus du peuple. Ainsi, le MESSI se distingue des autres partis par sa nature et son instrument idéologique pour diriger le peuple burkinabè vers son bonheur.

Faire la politique au Burkina Faso exige beaucoup de moyens, notamment financiers. En avez-vous suffisamment ?

Le bureau exécutif du MESSI est composé de spécialistes issus de plusieurs domaines scientifiques, notamment économiques. L’économie étant la manière d’utiliser les ressources rares pour satisfaire les besoins illimités des hommes, le MESSI saura comment créer la richesse.

Le Burkina Faso est confronté à une crise sécuritaire qui a engendré une situation humanitaire inédite, et à une fronde sociale sans précédent. Que propose le MESSI pour mettre fin à ces situations ?

A propos de la fronde sociale, le mercantiliste français du 18e siècle, Antoine Montchrestien, déclarait : «Dans un gouvernement bien organisé, le peuple doit être riche, pour soutenir l’Etat ». Dans cette logique, le MESSI pense que l’lUTS doit être supprimé et le manque à gagner pourrait être comblé par une réelle réduction du train de vie de l’Etat. Celui-ci doit donc supprimer les institutions peu utiles à l’économie, budgétivores, comme le Médiateur du Faso, le Conseil économique et social, le Haut conseil pour la réconciliation nationale, l’inspection du contrôle d’Etat pour renforcer le rôle d’une justice indépendante, certaines collectivités territoriales, étant donné que la décentralisation a montré ses limites, même en France. L’Etat pourrait économiser des ressources financières en diminuant le nombre d’institutions et de députés en les ramenant à un niveau universitaire pour un mandat de deux ans dont l’âge de la retraite ne doit pas excéder 65 ans. Au niveau de l’enseignement supérieur, les dépenses publiques seraient réduites par un rattachement de certaines écoles supérieures comme l’ENAREF, l’ENAM, l’Ecole nationale de la douane, etc., à l’université. A ce titre, l’Etat pourrait soutenir l’augmentation des salaires pour permettre à la population de stimuler la consommation, l’épargne nationale, l’investissement, l’emploi et la croissance économique. A l’instar de Keynes, nous pensons que l’utilisation rationnelle de l’impôt et les emprunts d’Etat auprès des institutions de Bretton Woods, orientés vers les projets rentables dans la création des petites et moyennes entreprises, pourrait résorber le chômage et enrichir le peuple. L’Etat devrait donc être dirigé par un homme honnête, intelligent, décisif et soucieux de l’intérêt général du peuple pour l’orienter vers un avenir radieux. Pour ce qui concerne le problème sécuritaire, il est très complexe, vu la mentalité philosophique de la population. L’Etat gagnerait à mettre en place un fonds de solidarité nationale pour motiver financièrement les FDS. Pour ce faire, un prélèvement obligatoire sur les salaires des agents privés et publics alimenterait le fonds ; aussi, un montant significatif de contribution doit être imposé aux opérateurs économiques aux revenus élevés. Le reste de la population sans emploi, mais animé d’un esprit patriotique, apporterait une contribution volontaire. Le MESSI propose, en outre, un projet de recrutement rémunéré pour trois ans renouvelables, d’agents secrets locaux, dont la mission est de fournir des renseignements aux FDS et d’assurer la défense minimum de sécurité dans la localité résidente. Par ailleurs, le MESSI est en train d’organiser une conférence sur le thème relatif à la question sécuritaire. Un groupe d’étudiants sous ma conduite, fait actuellement des recherches sur cette problématique. Les résultats scientifiques issus de la recherche seraient la solution adéquate aux problèmes socio-économiques, sécuritaires et même culturels que connaît le Burkina Faso.

Le MESSI est-il de la majorité ou de l’opposition et pourquoi ?

D’après Albert Einstein, « le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ». Sur la base de cette pensée, le MESSI considère que c’est seule la synergie d’action entre les partis politiques, quelle que soit leur nature, qui pourrait contribuer à l’édification nationale et au renforcement du patriotisme au Burkina Faso. A ce titre, le MESSI est disponible à partager ses idées et riches expériences avec tous les partis de la sociale démocratie.

Allez-vous participer aux prochaines élections présidentielle et législatives au Burkina Faso ?

Le MESSI compte participer aux élections présidentielle et législatives, bien sûr avec l’accord du Tout-Puissant.

Propos recueillis par Michel NANA


No Comments

Leave A Comment